L’opération Canolympiade : un tournant pour la sécurité des Jeux olympiques | Perspective du conservateur
Il y a 50 ans, le 5 septembre 1972 plus précisément, les Jeux olympiques de Munich étaient assombris par une terrible tragédie.
Au petit matin, un commando de huit membres de l’organisation terroriste palestinienne Septembre noir fait irruption dans le village olympique. Armés de mitraillettes, de pistolets et de grenades, les terroristes prennent d’assaut l’immeuble dans lequel résident les 21 athlètes et entraîneurs de la délégation israélienne.
L’assaut fait deux morts et se solde par la prise en otages de neuf athlètes israéliens. Le soir même, dans une tentative ratée de libération des otages, orchestrée par les autorités allemandes, les neuf captifs sont exécutés. Le bilan est lourd : 17 morts (11 Israéliens, 5 terroristes palestiniens et un policier allemand).
Contre toute attente, les compétitions reprennent deux jours plus tard, comme si rien ne s’était produit. Mais la sécurité entourant les Jeux olympiques, elle, sera à tout jamais changée.
La prochaine olympiade, la 21e, aura lieu à Montréal.
La ville organisatrice des Jeux et le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) sont bien décidés à mettre tout en œuvre pour que des événements comme ceux de Munich ne se reproduisent pas.
Le COJO fait donc appel à l’Armée canadienne afin de mettre sur pied une opération d’envergure pour assurer la sécurité du public et des dignitaires qui assisteront à l’événement, ainsi que de tous les participants, qu’ils soient athlètes, entraîneurs ou officiels. Cette opération, sans précédent dans l’histoire des Jeux, à ce moment-là, prendra le nom d’opération Canolympiade 76.
Le documentaire du cinéaste Michael Brun L’opération Canolympiade 76 (1977), un film commandité par le ministère de la Défense nationale, relate les efforts déployés par l’Armée canadienne dans ce qui est, pour les forces armées de notre pays, à l’époque, la plus importante opération jamais entreprise en temps de paix !
Bien que le film reste plutôt didactique dans sa forme (film de commandite oblige), il n’en demeure pas moins fascinant, même si l’histoire militaire ne vous intéresse pas particulièrement. Ce qui, je dois l’avouer, est mon cas.
L’opération Canolympiade (contraction des mots « Canada » et « olympiade ») aura nécessité trois années de recherche, de planification et d’entraînement. Elle aura exigé la participation de 16 000 membres des forces armées, provenant des commandements maritime et aérien et de la force mobile. Durant les cérémonies d’ouverture, le 17 juillet 1976, pas moins de 11 000 soldats et soldates se tiennent prêts en cas de besoin à l’intérieur et aux abords du stade olympique, ainsi qu’au village des athlètes !
Les aéroports de Dorval et de Mirabel bénéficient d’une surveillance constante pendant toute la durée des Jeux. Les autobus, transportant les délégations de chacun des pays participants, sont minutieusement inspectés avant que quiconque puisse monter à bord. Ils sont ensuite escortés, pendant tout le trajet qui va de l’aéroport au village olympique, par des véhicules militaires et un hélicoptère, tandis que deux soldats armés, dans chaque bus, accompagnent les voyageurs.
L’espace aérien est restreint et des corridors de sécurité sont établis. Des chasseurs CF-5, des hélicoptères militaires et des appareils de surveillance et de sauvetage survolent la ville pendant toute la durée des Jeux.
Des agents de la GRC et des forces armées effectuent, parfois jusqu’à 16 fois par jour, des contrôles aux points d’entrée le long de la frontière avec les États-Unis, sur plus de 1400 km. Une distance qui s’étend du Nouveau-Brunswick jusqu’à la ville de Nepean en Ontario.
Bref, une opération qui n’aura rien laissé au hasard et qui aura changé à tout jamais la façon d’assurer la sécurité des Jeux olympiques.
Ce billet, bien qu’il s’attarde à la sécurité des Jeux de Montréal, veut aussi, tout comme le film de Michael Brun, rendre hommage aux victimes israéliennes et rappeler qu’elles ne seront jamais oubliées.
Il ne me reste plus qu’à vous inviter à voir le film :
L’opération canolympiade 76, Michael Brun, offert par l’Office national du film du Canada