La chasse : art, sport ou survie?
La saison de chasse est arrivée à grands pas d’orignal. Tandis que le geste pourrait paraître barbare ou injuste pour certains (l’homme armé versus la bête insouciante), il s’agit, pour de nombreux Canadiens, d’une tradition aux multiples facettes. Tantôt contact réel avec la nature, tantôt moment de rapprochement entre hommes, la chasse fait tout simplement partie de l’identité de certains hommes.
Survivre grâce à la chasse au phoque
Mais avant que ce ne soit une tradition ou un passe-temps, c’est aussi, pour quelques-uns, une absolue nécessité. À l’affût du phoque sur la glace printanière est un chef d’œuvre qui semble remonter dans le temps en fixant l’objectif de la caméra sur la plus petite communauté humaine : une famille d’Esquimaux de Netsilik. Le père, chasseur, la mère, partenaire de travail, et l’enfant, apprenti chasseur qu’on place sur le traineau comme un roi solitaire. Le film, en deux parties, présente à quel point la chasse est le seul moyen de survie pour cette famille. Le phoque, tué grâce à la ruse du chasseur, est immédiatement dépecé et rendu utile: découpé avec expertise, chaque morceau de la bête permettra à la petite famille de survivre un autre jour.
À l’affût du phoque sur la glace printanière – 1re partie, Quentin Brown, offert par l’Office national du film du Canada
Les chasseurs cris de Mistassini
C’est la même chose pour les Chasseurs cris de Mistassini. Là, on avance un peu plus dans le temps tandis que trois familles de chasseurs collaborent pour survivre ensemble dans des territoires de moins en moins généreux en viandes. Avec leurs cabanes temporaires et leurs rituels familiaux, les trois familles ont un peu dépassé l’état de survie quotidienne des Esquimaux de Netsilik, mais pas tant que ça.
Chasseurs cris de Mistassini, Boyce Richardson et Tony Ianzelo, offert par l’Office national du film du Canada
Prétexte à fouiller l’âme
Tandis que la chasse reste dans l’ADN de certains canadiens, elle relève beaucoup plus de la culture que de l’absolue nécessité. La bête lumineuse (ce grand, grand film) et Rituel d’hommes présentent deux approches différentes du même phénomène: un étranger s’incruste dans une semaine de chasse: le premier au Québec, le second, au Nord de l’Ontario. On assiste à ce rapprochement masculin soudé par les fusils, la bière et le bois. Dans La bête lumineuse, le poète québécois tente de s’imposer, d’attribuer des rôles spécifiques et valorisants aux chasseurs qui les refusent carrément et finissent par le rejeter violemment. Dans Rituel d’hommes, un cinéaste ontarien d’origine égyptienne accompagne son beau-frère lors d’une semaine de chasse et ne fait qu’absorber, tel un extraterrestre curieux.
La bête lumineuse, Pierre Perrault, offert par l’Office national du film du Canada
Rituel d’hommes, Fadel Saleh, offert par l’Office national du film du Canada
Et comment les enfants interprètent-ils la chasse, eux?
Le petit garçon de Netsilik baigne dedans comme mode de vie unique, il marchera probablement dans les traces de son père, allongé sur la glace, imitant le son du phoque, devenant momentanément sa proie avant de l’achever.
Tuktu et le présent de la mer, Laurence Hyde, offert par l’Office national du film du Canada
Pour Nathaël, petit garçon des Îles-de-la-Madeline, l’opprobre public que reçoit sa communauté de chasseurs est incompréhensible, ça fait partie de sa vie.