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Le tambour d’Evan : La renaissance de la culture et de la fierté inuites

Le tambour d’Evan : La renaissance de la culture et de la fierté inuites

Le tambour d’Evan : La renaissance de la culture et de la fierté inuites

Le tambour d’Evan est l’histoire d’un petit garçon aventureux de sept ans qui habite Happy Valley-Goose Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador. Evan appartient à une nouvelle génération d’Inuit du Labrador qui, de mémoire d’homme, est parmi les premières à avoir connu depuis la naissance les sons rythmant la danse du tambour.

Ossie Michelin est un journaliste inuit du Labrador originaire de North West River. Il travaille dans une variété de médias, y compris le cinéma documentaire, les nouvelles télévisées, la baladodiffusion, les magazines et les publications en ligne. Son court métrage Le tambour d’Evan est maintenant accessible en ligne.

Nous accompagnons dans le film le petit garçon et sa mère alors qu’elle lui enseigne la pratique de cet art, puis pendant qu’ils s’affairent ensemble à créer un instrument pour Evan en compagnie de la fabricante de tambours Jennie Williams.

« Je suis toujours étonné de voir les gens qui exécutent la danse du tambour se transformer en jouant de leur instrument. Leur attitude change, leurs mouvements ralentissent, leur sourire s’accentue et la fierté et la détermination se lisent dans leurs yeux. »

Au Labrador, quand j’étais enfant, je n’entendais jamais le tambour inuit traditionnel. Ce n’est qu’une fois devenu jeune adulte que j’ai découvert ce son et les mouvements fluides des danseurs. Des siècles de colonisation avaient eu raison de la tradition de la danse du tambour au Labrador. Le retour de cet instrument au début du 21e siècle a suscité une renaissance de la culture et de la fierté inuites. À présent, durant nos cérémonies d’ouverture, il est fréquent de voir un groupe de danseurs de tout âge présenter une performance.

Je suis toujours étonné de voir les gens qui exécutent la danse du tambour se transformer en jouant de leur instrument. Leur attitude change, leurs mouvements ralentissent, leur sourire s’accentue et la fierté et la détermination se lisent dans leurs yeux pendant qu’ils jouent à l’unisson en coordonnant leurs mouvements. Lorsqu’on assiste à cette danse, on éprouve une joie profonde qui se communique à toute l’assistance. C’est ce sentiment qui m’a porté vers cette histoire et convaincu de la faire partager au monde.

En 2018, j’ai collaboré au projet Pensionnats indiens de Terre-Neuve-et-Labrador — Guérison et commémoration pour enregistrer les témoignages des survivants, survivantes et anciens élèves des pensionnats. Avant chacune de nos séances, pour rendre hommage à ceux et celles qui avaient fréquenté les pensionnats autochtones, nous prenions part à un festin communautaire ponctué de discours et de prestations qu’organisait la communauté locale. À l’occasion d’une séance qui se déroulait à North West River, ma ville natale, Amy Winters et la troupe de Goose Bay ont exécuté une danse du tambour. J’avais suivi les performances de cette troupe dans la région depuis ses débuts, alors que ses membres étaient encore tout jeunes.

Au moment où Amy s’est avancée pour jouer, une petite silhouette a accouru vers elle, tenant au-dessus de sa tête un tambour qui avait presque sa taille. L’enfant — un garçon — a tendu à sa mère le tambour, puis, après lui avoir fait un câlin à la jambe, est allé s’asseoir dans la première rangée et l’a regardée battre du tambour, complètement subjugué. Lorsque la troupe a terminé son spectacle, le petit s’est élancé de nouveau vers sa mère et elle s’est penchée vers lui pour entendre ce qu’il lui chuchotait à l’oreille. Amy a ensuite demandé au public s’il accepterait que son fils, Evan, l’accompagne au tambour le temps d’une chanson. La réponse a bien sûr été affirmative.

« Quelques mois plus tard, en entendant l’appel de candidatures pour le Labbrador Doc Project, j’ai tout de suite pensé à Amy et à son petit garçon. »

Evan s’est donc mis à jouer de son énorme tambour avec sa mère, et j’ai aussitôt vu se peindre sur son visage une fierté que reflétait également le visage d’Amy. En jetant un coup d’œil dans la salle, j’ai constaté que tout le monde souriait et affichait un même air de fierté. À la fin du spectacle, nos deux artistes ont eu droit à une ovation.

Quelques mois plus tard, en entendant l’appel de candidatures pour le Labrador Doc Project de l’ONF, j’ai tout de suite pensé à Amy et à son petit garçon. J’ai communiqué avec elle pour lui faire part de mon idée de film, et elle s’est montrée emballée. Durant toute la production, j’avais pour objectif non pas seulement de faire un film sur la vie au Labrador, mais de m’assurer qu’Amy et Evan vivraient une expérience magnifique et mémorable.

Ossie Michelin (Photo : Jean Flowers)

Le Labrador Doc Project est essentiel parce qu’il nous donne la chance, à nous les Inuit du Labrador, de raconter nos propres histoires et de faire connaître ce qui a de l’importance à nos yeux. Trop longtemps, nous avons dû nous fier aux autres pour porter nos récits au-delà de notre région. Il n’y a en principe rien de mal à cela, mais le fait d’entendre nos histoires directement racontées par les personnes qui les connaissent le mieux a quelque chose de très particulier. En tournant ce film, je me suis efforcé de le rendre aussi reconnaissable que possible pour les gens du Labrador, afin qu’ils y voient le reflet de leur chez-soi et d’eux-mêmes.

Durant la production, je n’ai pas cessé de me dire que ces quatre films que nous avons réalisés, Jennie Williams, Heather Campbell, Holly Andersen et moi, vont constituer des ressources très précieuses pour les écoles du Labrador. Tout au long de leur parcours scolaire, les élèves les verront et retrouveront à l’écran leur maison, leur culture, et parfois même des amis et des membres de leur famille. J’espère sincèrement que le Labrador Doc Project convaincra les jeunes non seulement que leurs histoires méritent d’être racontées, mais qu’eux aussi ont le pouvoir de faire découvrir leurs récits au monde.

Visionnez Le tambour d’Evan :

Le tambour d’Evan, Ossie Michelin, offert par l’Office national du film du Canada

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