L’ONF aux premières loges des mouvements sociaux
Certains le surnomment le « printemps érable », en rappel au «printemps arabe » de l’année dernière. D’autres parlent plutôt d’un mouvement marginal, mené par des étudiants « trop gâtés », et minimisent l’importance de la lutte contre la hausse des frais de scolarité. Mais pour ou contre, peu importe votre position, personne ne peut nier le fait que le mouvement étudiant fait les manchettes tous les jours depuis les trois derniers mois et qu’il s’agit de la plus longue grève étudiante de l’histoire du Québec.
Je ne sais pas comment celle-ci va se régler. Comme vous, je suis les événements de très près et j’essaie de me forger ma propre opinion à travers celles de tous les différents analystes. Je n’essaierai pas de vous convaincre de quoi que ce soit aujourd’hui, mais j’aimerais vous inviter à regarder en arrière pour mieux aller de l’avant…
On dit souvent que l’histoire se répète. Les étudiants ne sont pas les premiers à faire la grève ou à descendre dans la rue. Ce type de manifestation a été utilisé par les féministes, par les écologistes, par les syndicats et par tout autres groupes ayant voulu se faire entendre sur la place publique. Eux aussi ont voulu dénoncer des injustices ou crier leur mécontentement envers les décisions de la classe dirigeante.
Heureusement, nous pouvons apprendre de ces luttes du passé, puisque la plupart d’entre elles ont été captées sur pellicule. En effet, les reporters et les cinéastes ont filmé la plupart des mouvements sociaux, petits et grands, au fil des ans. Seulement sur ONF.ca, vous retrouverez des dizaines de films témoignant des luttes sociales du passé. Je vous invite aujourd’hui à en visionner quelques-uns.
L’histoire des trois
Il y a quelques semaines, je vous ai parlé du film L’histoire des trois de Jean-Claude Labrecque. Ce long métrage documentaire nous fait revivre le voyage Montréal-Québec qu’entreprirent en 1958 les étudiants de Francine Laurendeau, Jean-Pierre Goyer et Bruno Meloche dans le but de rencontrer le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. Ils avaient été chargés par leur assemblée étudiante de lui remettre en main propre un mémoire sur l’accession à l’université, mais le premier ministre refusa de les recevoir. Pendant trois mois, chaque matin, poliment, ils vont réitérer leur demande… 30 ans plus tard, nous reprenons le train Montréal-Québec avec eux.
L’histoire des trois, Jean-Claude Labrecque, offert par l’Office national du film du Canada
24 heures ou plus
Ce pamphlet cinématographique, film personnel et militant, a été réalisé par le cinéaste engagé Gilles Groulx à un moment de fièvre populaire exceptionnelle au Québec, quelques mois après le front commun des trois syndicats québécois les plus importants (CSN, FTQ, CEQ) face au gouvernement québécois.
24 heures ou plus, Gilles Groulx, offert par l’Office national du film du Canada
Les événements d’octobre 1970
Documentaire retraçant les faits saillants qui ont marqué l’automne 1970, au Québec. La caméra suit les hommes et les événements dans l’énorme casse-tête politicosocial suscité par l’enlèvement de deux hommes. Le film ne va pas sans un important rappel historique des faits qui sous-tendent l’action entreprise par le Front de libération du Québec.
Les événements d’octobre 1970 , Robin Spry, offert par l’Office national du film du Canada
On est au coton
Documentaire controversé réalisé en 1970 par Denys Arcand dans le milieu de l’industrie textile québécoise. Le film met en lumière le phénomène de la fermeture de ces usines, la vie quotidienne des ouvriers, frappés par la maladie (surdité industrielle, pneumochonyose), et enfin, les grèves et les luttes pour se sortir de cette pénible situation.
On est au coton, Denys Arcand, offert par l’Office national du film du Canada
Speak White
Court métrage réalisé à partir d’un poème de Michèle Lalonde, créé en 1970 à l’occasion de de la première Nuit de la poésie à Montréal. Ce film veut dénoncer l’impérialisme économique et culturel des classes dominantes.
Speak White , Pierre Falardeau et Julien Poulin, offert par l’Office national du film du Canada
On a tué l’Enfant-Jésus
Documentaire sur la lutte citoyenne ayant mené à la réouverture de l’hôpital l’Enfant-Jésus. Le 2 mars 2004, le gouvernement conservateur de M. Bernard Lord annonce que l’hôpital de Caraquet sera transformé en un Centre de santé communautaire. La population de la région se mobilise et pendant un an et demi, les citoyens lutteront pour garder chez eux les services de soins de santé. Un film sur la solidarité humaine.
On a tué l’Enfant-Jésus , Renée Blanchar, offert par l’Office national du film du Canada
Vue du sommet
Documentaire sur le Sommet des Amériques de 2001. Québec a des allures de ville assiégée. Alors que, dans le périmètre de sécurité, les invités des milieux politique et financier discutent des accords de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), des groupes de citoyens, venus de partout sur le continent, manifestent leur opposition dans les rues.
Vue du Sommet , Magnus Isacsson, offert par l’Office national du film du Canada
L’Acadie, l’Acadie?!?
Documentaire tourné dans les coulisses de l’action à l’Université de Moncton (Nouveau-Brunswick), théâtre du réveil acadien de la fin des années 1960. Dans une province où 40 pour cent des gens s’expriment en français, ce film de Michel Brault et de Pierre Perrault témoigne de la détermination des étudiants, qui s’étendra à une majorité d’Acadiens, après des siècles de défaitisme et de résignation.
L’Acadie, l’Acadie?!?, Michel Brault et Pierre Perrault, offert par l’Office national du film du Canada
Discordia
Montréal, le 9 septembre 2002 : au moment où s’amorce la session d’automne à l’Université Concordia, l’annonce de la visite prochaine sur le campus de l’ancien premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sensé prononcer un discours, attise les passions. Le soir même, «les émeutes de Concordia » défraient la manchette internationale, de CNN à al-Jazeera. Écrit et réalisé par Ben Addelman et Samir Mallal, deux diplômés de l’Université Concordia, ce long métrage documentaire suit trois jeunes militants du campus pendant l’année la plus formatrice de leur vie.
Discordia, Ben Addelman et Samir Mallal, offert par l’Office national du film du Canada
Kanehsatake 270 ans de résistance
Documentaire sur la confrontation historique qui a propulsé les problèmes des Autochtones de Kanehsatake et du village d’Oka au Québec au premier plan de la scène internationale et de la conscience des Canadiens. Au cours de cet été épuisant de 1990, la productrice et réalisatrice Alanis Obomsawin, elle-même Abénaquise, a passé 78 jours et nuits angoissants derrière les barricades dressées par les Mohawks, à tourner des images du conflit armé les opposant à la Sûreté du Québec et l’Armée canadienne.
Kanehsatake, 270 ans de résistance, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada