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La crise d’Oka : vingt ans plus tard

Crédit : Alanis Obomsawin par Jeff Bear / Tous droits réservés

Le 11 juillet 1990 marque le début de la « Crise d’Oka », un conflit opposant les Mohawks de Kanehsatake aux forces policières et à l’armée canadienne pendant 78 jours. Un policier de la Sûreté du Québec, le caporal Marcel Lemay, y laissera sa vie lors d’un échange de coups de feu, alors que des membres de la communauté autochtone s’en sortiront blessés et des familles resteront marquées à jamais.

L’enjeu de la crise? Le maire de la ville d’Oka décide d’accorder un permis à un promoteur québécois lui permettant d’agrandir un terrain de golf privé, passant de neuf à dix-huit trous, et de développer un projet domiciliaire de grand luxe, empiétant sur une pinède faisant partie du territoire de la nation mohawk.

À l’aube du 10 mars 1990, les gens de Kanehsatake organisent une résistance et décident de dresser une barricade sur un petit chemin de terre donnant accès à la pinède. Quatre mois plus tard, le 10 juillet 1990, la Cour supérieure du Québec ordonne son démantèlement par injonction.  Des policiers menacent de lancer des bombes lacrymogènes sur les Mohawks s’ils ne quittent pas les lieux. Le lendemain, répondant à l’appel de leurs confrères et consœurs iroquois, une trentaine de « Warriors » armés de Kahnawake viennent bloquer la route menant au pont Mercier, situé tout près de leur village, empêchant ainsi des milliers d’automobilistes de se rendre au travail. Les barricades et la tension entre les communautés demeureront élevées jusqu’à la fin de la crise, soit le 26 septembre 1990.

Une cinéaste de l’ONF aux premières loges

Productrice et réalisatrice de l’ONF, Alanis Obomsawin, elle-même Abénaquise, est une témoin privilégiée des événements. Aux premières loges de la crise, elle est l’une des rares personnes à avoir filmé les Mohawks à partir de l’intérieur des barricades. Seule ou avec une équipe réduite (un caméraman de jour et un de nuit), elle se porte à la défense de la cause autochtone en enregistrant leur histoire et le fil des événements sous un angle différent de celui rapporté par les autres médias, presque tous retenus à l’extérieur du périmètre.

Grâce aux images filmées, Alanis réussit à défaire le mythe du « méchant Warrior » et à donner une voix aux familles mohawks. Elle reste à l’intérieur des barricades, aux côtés des militants, et tourne assez de métrage pour réaliser quatre films sur le sujet. Ce n’est que le 24 septembre 1990, deux jours avant la fin du conflit, qu’elle quitte temporairement les lieux, de peur de se faire saisir ses films par les autorités. Elle retournera sur les lieux le 26 septembre pour deux autres semaines, afin de témoigner de la résolution du conflit.

Kanehsatake 270 ans de résistance. Ce premier long métrage documentaire relate le fil des événements du début de la crise jusqu’à sa résolution, tout en y ajoutant une dimension historique.

Kanehsatake, 270 ans de résistance, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada

Je m’appelle Kahentiiosta. Court métrage documentaire décrivant comment une femme nommée Kahentiiosta a vécu la crise de l’intérieur des barricades. On y suit sa comparution devant le tribunal, où un procureur général refuse d’accepter son nom mohawk. (*Disponible pour visionnage à la CinéRobothèque)

Spudwrench : l’homme de Kahnawake. Randy Horne, connu sous le nom de « Spudwrench » pendant la crise d’Oka, est un monteur de poutres d’acier. Comme de nombreux autres Mohawks, Horne a parcouru le continent et travaillé sur certains des plus hauts édifices du monde, sans toutefois perdre de vue ses racines.

Pluie de pierres à Whiskey Trench. Un convoi de 75 voitures quitte le village mohawk de Kahnawake et traverse le pont Mercier en direction de Montréal, où il tombe sur une foule en colère qui lui lance des pierres. Les cibles : des femmes, des enfants et des personnes âgées. (*Disponible pour visionnage à la CinéRobothèque)

Vingt ans plus tard, les plaies sont encore vives entre les Mohawks et les autres citoyens du Québec. Il reste beaucoup d’éducation à faire afin de mieux saisir les revendications territoriales de la communauté autochtone, fondement de la crise. À ce jour, des centaines de revendications demeurent en suspens aux différents paliers gouvernementaux.

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