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Le coffret DVD d’Alanis Obomsawin élève la voix de nombreuses nations et nous enseigne de dures vérités

Le coffret DVD d’Alanis Obomsawin élève la voix de nombreuses nations et nous enseigne de dures vérités

Le coffret DVD d’Alanis Obomsawin élève la voix de nombreuses nations et nous enseigne de dures vérités

En effectuant mes recherches pour la rédaction du présent article, j’ai visionné L’esprit du peuple Tŝilhqot’in veille sur la Cour suprême, l’un des films présentés en première mondiale dans le nouveau coffret DVD Alanis Obomsawin : un héritage, et j’ai poussé un soupir de soulagement. Dans ce court métrage de 18 minutes, nous suivons la nation Tŝilhqot’in alors qu’elle se voit accorder un titre autochtone et des droits sur son territoire ancestral, situé dans la région du centre ouest de la Colombie-Britannique. Parallèlement au lent plan panoramique qui nous révèle les vallées luxuriantes et les majestueuses montagnes du territoire, une prise de conscience optimiste se fait jour en nous : jamais plus cet extraordinaire paysage ne sera exploité à des fins commerciales.  

Cette douce pensée tranche sur la rage et la vive frustration que j’ai ressenties en visionnant Kanehsatake, 270 ans de résistance ou Jordan River Anderson, le messager. Ces deux productions m’ont amenée à réfléchir au caractère délibérément injuste et répressif des systèmes en cause, ici. L’une et l’autre se terminent d’ailleurs sur des ellipses plutôt que sur un point final, puisqu’il reste encore tant à faire !  

C’est sans doute le lot de toute personne non autochtone que de ressentir cet inconfort devant les documentaires d’Alanis Obomsawin. Des émotions inattendues vous submergent, vous parcourez le pays pour vous rendre dans des communautés que vous voyez souvent pour la première fois, et vous apprenez. Malgré les malaises, vous apprenez.  

Je me suis entretenue avec Alanis Obomsawin du nouveau coffret de 12 DVD dans lequel se trouve compilé environ le tiers des 65 films qu’elle a jusqu’ici réalisés. Elle m’a dit qu’en tant que cinéaste, elle avait essentiellement pour objectif d’enseigner et d’opposer un contre-discours aux histoires sur les peuples autochtones que l’Église a écrites et enseignées dans les écoles.  

« Je ne suis jamais beaucoup allée au cinéma ; ça ne faisait pas partie de ma culture, m’explique-t-elle. Avant de réaliser des films, pour l’essentiel, je chantais et je parlais de l’histoire avec des élèves. J’ai commencé chez les scouts, puis je me suis retrouvée là où je voulais vraiment être, c’est-à-dire dans les salles de classe. Au fil des ans, je me suis rendue dans des centaines d’écoles. »  

Au cours des années 1960, lorsqu’elle s’est trouvée sous le giron de l’ONF, Alanis Obomsawin a été ravie de faire partie de ce qu’on appelait alors le « studio multimédia », lequel créait des documents exclusivement pour les écoles.  

« Tout ce que faisait le studio était destiné aux salles de classe, dit-elle. C’était important pour moi que les élèves entendent la voix des gens. C’était mon grand combat. »  

Ce combat, il y a des années qu’elle le mène : depuis le jour où les personnes blanches de son entourage se sont mises à la qualifier du « mot en S » en lui affirmant presque quotidiennement qu’elle était laide. Malgré son jeune âge, elle comprenait que les écoles étaient largement responsables de la normalisation des propos injurieux tenus à l’égard des peuples autochtones.  

Près de 60 ans plus tard, lorsque le moment est venu de prendre des décisions difficiles pour déterminer ce que contiendrait le coffret, la réalisatrice a pensé aux jeunes générations et à ce qu’il leur fallait savoir. C’est la raison pour laquelle le film Ruse ou traité ? figure sur le DVD 4 et que des documents bonus comme Étudions le traité no 5, sur le DVD 8, viennent le compléter.  

« Les traités sont en général très malhonnêtes et je voulais que les gens comprennent ça, dit-elle. Finalement, ce sont les élèves, qui ont l’occasion d’apprendre et d’enrichir leur savoir sur un sujet donné. Je trouve ça formidable, que ces documents les nourrissent, et que je puisse m’assurer qu’ils et elles aient accès aux vraies histoires. »  

Lorsqu’on examine les films d’Alanis Obomsawin sous l’angle de l’éducation, tous les éléments de son œuvre convergent. L’esthétique varie d’un documentaire à l’autre, mais la voix — souvent sa propre narration — demeure la même. Elle précise que c’est parce qu’elle passe beaucoup de temps avec les personnes qu’elle interviewe pour être certaine de comprendre un sujet à fond avant même de commencer à filmer. Au même titre que le ou la pédagogue se doit de maîtriser la matière avant de l’enseigner. 

Alanis Obomsawin est remplie d’enthousiasme à l’égard de certaines des œuvres exclusives qu’elle a intégrées au coffret. Elle a par exemple très hâte de nous présenter Allison Fisher, cette Ojibwe qui dirige aujourd’hui le Centre Wabano à Ottawa et qu’elle connaît depuis l’adolescence d’Allison. Nous faisons à notre tour sa connaissance dans Wabano : la lumière du jour 

« C’est incroyable, ce qu’elle (Allison Fisher) a fait du Centre, dit-elle. C’est tellement magnifique, les services qu’on y donne et les soins apportés aux personnes qui vivent en ville ! »  

Le Centre Wabano et les soins de santé qu’il offre, en particulier le programme de vaccination contre la COVID des plus efficaces destiné aux personnes autochtones, ont en effet de quoi impressionner. Devant cet espace bâti sur la générosité et avec le souci de la communauté, on s’émerveille de ce que les gens peuvent accomplir lorsqu’ils orientent leur énergie vers les mêmes objectifs bienveillants.   

Mais de façon plus générale, la découverte des vies et des expériences qu’a documentées Alanis Obomsawin au long de sa carrière m’a énormément apporté. Ses films sont le lieu d’expression de tant de nations porteuses de récits captivants et essentiels, qu’on ne peut faire autrement que de les écouter.  


Cliquez ici pour obtenir de plus amples renseignements sur le coffret DVD Alanis Obomsawin : un héritage.  

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