Cinq œuvres qui donnent la parole aux francophones
Le mois de mars est celui des Rendez-vous de la Francophonie, occasion par excellence de faire valoir les multiples expressions culturelles de la langue française et de célébrer la diversité des accents qui en font toute la richesse. Selon les plus récentes données statistiques (2011), on estime que près de 10 millions de personnes parlent le français au Canada : Acadiens, francophiles et francophones confondus, établis au Québec, bien sûr, mais aussi en Ontario, dans les provinces maritimes, dans l’Ouest et le Nord canadien.
Pour faire résonner la voix de tous ces francophones qui, dans une Amérique du Nord essentiellement anglophone, font preuve de résilience, voire de résistance en parlant leur langue, nous vous offrons une sélection de quatre documentaires et une œuvre interactive qui mettent le français en valeur.
La francophonie canadienne comme terrain de jeu
Servez-vous de l’œuvre interactive Ta parole est en jeu pour brosser un portrait de la francophonie canadienne sur un mode ludique. Visionnez les 13 courtes vidéos d’animation (une pour chaque province et territoire) pour aborder des notions liées aux programmes de français, d’histoire, de géographie, d’éducation à la citoyenneté et à la politique canadienne.
Approfondissez l’exercice en incitant ensuite vos élèves à participer aux différents jeux éducatifs qui leur feront découvrir expressions, régionalismes et accents des francophones de partout au Canada. Un guide pédagogique — qui recense aussi une foule de ressources complémentaires — a été conçu pour vous faciliter l’utilisation de ce site Web en classe.
Goûter la richesse d’une culture
Documentaire intimiste sur les racines et la transmission du français acadien, Le goût des belvas illustre à quel point l’usage et les particularités de cette langue sont au fondement même de l’identité individuelle, familiale et collective. Subissant à la fois la pression de l’anglais et du français « normatif », les Acadiens de la Nouvelle-Écosse doivent, sans renier leur passé, se ménager une place qui leur permette de s’inscrire de plain-pied dans le présent.
Le goût des belvas, Stéphanie David, offert par l’Office national du film du Canada
(13 à 17 ans) Ce film est disponible pour les abonnés CAMPUS. Votre institution a peut-être déjà acheté un abonnement, cliquez ici pour le vérifier.
À la suite du visionnage, interrogez vos élèves sur ce qui fait la vitalité d’une langue, son utilité concrète, sa richesse culturelle, sa diversité sémantique. Doit-on effacer toute trace du passé dans notre langue ou, au contraire, en célébrer la spécificité culturelle ? Questionnez les élèves sur la pertinence de parler un français normatif et incitez-les à débattre à ce sujet en classe. Demandez-leur de dresser une liste de termes vernaculaires qu’ils connaissent et explorez-en les origines avec eux.
La langue peut aussi être une histoire de chœur
Suivez le parcours de la Chorale Saint-Jean et de ses choristes franco-albertains venus se produire en spectacle aux festivités du 400e anniversaire de Québec. Servez-vous du film pour creuser les relations entre les Québécois et les Franco-Albertains, entre autres en abordant les origines de la présence francophone dans l’Ouest canadien. Vous pourriez aussi mettre en avant le rôle précieux de l’immigration francophone récente dans la survie de cette communauté.
Le choeur d’une culture, Marie-France Guerrette, offert par l’Office national du film du Canada
(Gratuit, 15 à 17 ans)
Demandez aux élèves de proposer des moyens concrets afin d’aider les communautés minoritaires à préserver leur identité culturelle. Vous pourriez également suggérer à vos élèves de faire découvrir à leurs camarades de classe le travail d’un ou d’une artiste francophone de l’Ouest.
Pour aller plus loin et explorer les aspects politiques et juridiques des combats menés par les francophones, qu’ils soient de l’Ouest ou d’ailleurs au pays, visionnez la série Droit comme un F et consultez notre billet de blogue à ce sujet.
Pis nous autres, dans tout ça ?
Qu’arriverait-il si trois immenses drapeaux franco-ontariens flottaient sur les plaines d’Abraham un soir de Saint-Jean-Baptiste ? Ouverture ? Conflit ? Indifférence ? C’est précisément cette expérience d’une rencontre entre Franco-Ontariens et Québécois que relate ce court métrage et qui permet d’explorer les enjeux de la diversité et de l’inclusion.
Pis nous autres dans tout ça?, Andréanne Germain, offert par l’Office national du film du Canada
(Gratuit, 13 à 16 ans)
Comment vos élèves interprètent-ils l’ignorance des Québécois à l’égard de la culture franco-ontarienne ? Revenez sur l’histoire des Canadiens français, en ouvrant la discussion sur les points de convergence et de divergence entre les aspirations des Québécois et celles des Franco-Ontariens.
La langue est aussi une affaire de pouvoir
Écrit par Michèle Lalonde au tournant des années 1970, le poème Speak White sert ici de trame narrative à ce film coup de poing qui dénonce le sort des exploités et fustige la violence de tous les impérialismes, qu’ils soient culturels ou économiques. Dans le cadre d’un cours d’éducation citoyenne ou d’histoire, revenez avec vos élèves sur les événements auxquels renvoie le film et sondez les conséquences d’un pouvoir colonisateur sur les droits et libertés des populations opprimées.
Speak White , Pierre Falardeau et Julien Poulin, offert par l’Office national du film du Canada
(Gratuit, 14 à 17 ans)
*Ce film traite d’un sujet controversé. Pour un public averti.
Explorez avec vos élèves la signification de l’injonction « speak white », originellement lancée aux esclaves du coton pour leur intimer de parler la langue des maîtres. Mettez-la en relation avec les revendications identitaires et politiques qui ont forgé l’histoire contemporaine du Québec et que le poème est venu cristalliser. Vous pourriez aussi réfléchir aux liens qui relient le pouvoir du langage et l’engagement politique.