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L’électro au féminin : le sexe comme tremplin?

L’électro au féminin : le sexe comme tremplin?

L’électro au féminin : le sexe comme tremplin?

L’électro au féminin, le court métrage documentaire plutôt controversé de la journaliste cinéma Katherine Monk, est désormais disponible gratuitement sur le site web de l’ONF. Ce premier effort de réalisation a été récompensé rapidement puisqu’il a fait son chemin dans des salles de projections de nombreux festivals, dont le prestigieux Festival International du Film de Toronto.

Après 20 ans à travailler comme critique cinéma, la journaliste Katherine Monk s’est lancée dans la réalisation du documentaire L’électro au féminin, qui a pris trois ans à produire et réaliser, et qui met en scène DJ Rhiannon, une artiste auto-produite qui a réussi à se faire une place dans le milieu du EDM après avoir posé pour Playboy.

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Le film présente d’abord des statistiques déprimantes sur l’industrie de la musique électronique et des milieux des DJ, dominés majoritairement par des hommes. Alors que DJ Rhiannon travaille dans le domaine depuis une dizaine d’années, c’est vraiment sa présence dans Playboy qui a contribué au plus récent essor dans sa carrière internationale, ce qui lui permet désormais de voyager, tourner des clips de musiques, et participer à des événements d’envergure.

Pour DJ Rhiannon, il s’agit d’exploiter le modèle dominant pour en tirer profit, et ce même si ça demande qu’elle s’exhibe de façon assez sexuée, comme on peut le voir dans le clip « All the girls do it », par exemple, un hommage électro au cunnilingus.

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La controverse ne vient pas de cette sexualisation de l’image de Rhiannon, qui n’est influencée par aucun impresario, mais plutôt guidée par les tendances populaires et le caractère vendeur du sexe. Personne ne remet en question son droit le plus personnel et légitime d’utiliser son corps et son talent comme elle le souhaite. Le problème, c’est que le documentaire jette la lumière sur une drôle d’injustice : les femmes doivent-elles à tout prix présenter une version « hyper-sexuée » d’elles-mêmes pour faire leur place dans ce milieu, alors que les hommes n’ont pas besoin d’avoir recours à l’exploitation opportuniste de ces pulsions universelles?

Ce qui est difficile à déterminer, puisque la télépathie est généralement réservée aux mutants de Marvel, c’est s’il s’agit d’un travestissement des principes personnels de DJ Rhiannon, ou bien d’un tremplin tout à fait acceptable vers une vie de rêve autrement moins accessible. L’artiste semble faire une division saine et cohérente de ses doubles identités. Ici, le rouge à lèvres sert de masque, qu’elle enfile et retire à sa guise, dans le contexte d’une performance artistique publique. C’est assumé, et ça semble lui faire plaisir.

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Bref, si une femme d’affaires avec du flair et de l’ambition réalise qu’elle doit exploiter son corps pour avancer dans le milieu, doit-elle se soumettre aux standards de l’industrie ou essayer de changer le paradigme du milieu? S’il s’agit d’une initiative que DJ Rhiannon prend à la légère, avec pas mal de plaisir et d’imagination, qu’en est-il des autres femmes qui voudraient percer dans le milieu et qui ne sont pas intéressées à projeter ce genre d’images, ou bien qui ne correspondent pas aux standards établis par l’industrie? DJ Rhiannon participe-t-elle à l’aliénation potentielle d’une compétition moins compatible avec les standards du milieu?1 - Rock the Box 231

À l’époque de la polémique entourant le twerking de Miley Cyrus, la féministe américaine Gloria Steinem avait dit : « J’aimerais que nous n’ayons pas à être nues pour nous faire remarquer, mais c’est ainsi que le monde est, et les femmes prennent des décisions en conséquence ». Elle conclut : « Je pense que nous devrions changer de culture, et non blâmer les gens qui jouent à ce petit jeu ». Bref, pointer du doigt le patriarcat, pas nécessairement Miley Cyrus ou Lil Kim ou Kim Kardashian ou Paris Hilton.

Un journaliste de Thump (la branche EDM de VICE) présente d’autres DJ qui n’ont pas eu à exploiter une sexualité « débridée » pour faire carrière dans le milieu, donc on pourrait en déduire qu’il ne s’agit pas du seul moyen d’accumuler une certaine visibilité, mais bien d’une technique aux résultats potentiellement bénéfiques.

Le documentaire réussit à soulever des questions sans réponses claires et définitives. Il s’agit peut-être dans ce cas-là d’un succès pour le premier effort de réalisation d’une critique cinéma qui a fait le grand saut vers la création.

L’électro au féminin, Katherine Monk, offert par l’Office national du film du Canada

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  1. Le patriarcat c’est avant tout la reconnaissance juridique du père. Le patriarcat ne peut donc exister sans l’apport/accord des femmes qui acceptent que leur chum/mari soit le père de leur.s enfant.s. C’est la chasse gardée qui assure la descendance paternelle. Alors, tant que le couple est monogame fermé, fidèle et exclusif pour être certain de la paternité de l’enfant, ça reste du patriarcat. Le reste, les dérives possibles de sexisme, machisme, phallocratie, misogynie, abus, violence… ne relèvent pas uniquement que des hommes qui ont le statut de pères. Dans le patriarcat tel que véhiculé par le mariage catholique ou la charia islamique ces comportements sont condamnés subito presto parce que la sexualité, la procréation devient possible hors mariage et n’assurent plus la garantie de paternité.

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