7 films incontournables pour devenir un expert du cinéma
Vous savez, le sentiment de vide après avoir vu un film de super-héros de deux heures et demi, qui est à la fois redondant et vide, proposant des prémisses manichéennes, des personnages unidimensionnels et des solutions loufoques à des cataclysmes apocalyptiques?
Installez-vous et visionnez des œuvres bouleversantes et réfléchies.
Place aux classiques du cinéma d’auteur de chez nous.
La bête lumineuse
Il s’agit, à mon avis, d’un des plus grands longs métrages québécois, fiction et documentaire confondus. Deux gars de la ville partent à la chasse avec des chums de région, et le séjour se transforme rapidement et naturellement en intimidation inspirée d’une culture machiste et carniste : ici, le plus grand et le plus fort des deux citadins se servira de sa prestance et son influence pour ridiculiser le plus petit, alors qu’il est constamment intimidé par ses confrères, ne sachant pas comment obéir aux codes implicites de la chasse entre chums. Brillamment réalisé par Pierre Perrault, c’est un drame humain en temps réel, captivant et symbolique. Superbe illustration des dynamiques de groupe et de la manufacture spontanée de la tête de turc. Ce film est immense.
La bête lumineuse, Pierre Perrault, offert par l’Office national du film du Canada
Le confort et l’indifférence
Tu connais probablement le légendaire Denys Arcand, réalisateur du Déclin de l’empire américain, et de sa suite Les invasions barbares. Il a également réalisé un documentaire percutant, irrévérencieux, intelligent et lucide à propos du second référendum, avec des entrevues fascinantes, des questions de fond et une mise en contexte sublime. Jean-François Lisée ou Paul Saint-Pierre Plamondon ne risquent pas de rallumer ta flamme référendaire, mais ce documentaire par exemple…
Le confort et l’indifférence, Denys Arcand, offert par l’Office national du film du Canada
Voisins… Ah! Pis tout de Norman McLaren tant qu’à y être
Quand tu arrives dans les bureaux de l’ONF, tu peux rapidement apercevoir l’Oscar décerné à Norman McLaren pour son court métrage d’animation Voisins, un appel criant pour la paix qui n’a rien perdu de son caractère essentiel et urgent. Mais McLaren est un géant de l’animation, et en navigant sur le site tu peux avoir des aperçus intimes de ses techniques d’animation ainsi que de nombreux exemples de son génie avant-gardiste (comme Pas de deux ou Il était une chaise). Commence par Voisins, pour au moins le name-dropper pendant un cours et, ensuite, découvre le génie. Hey, ça fait plaisir.
Voisins, Norman McLaren, offert par l’Office national du film du Canada
Les filles du Roy
En 1974, Anne Claire Poirier réalise le documentaire Les filles du Roy, une lecture féministe de l’histoire du Québec, narrée avec émotion, amertume et espoir. Si le Canadien français se transforme en Québécois et réalise son potentiel en tant qu’avocat, ministre et chirurgien, qu’en est-il du sort des Canadiennes françaises et des Québécoises, reléguées à la maternité, au secrétariat, à la parure et au striptease? 42 ans plus tard, de nombreuses revendications y sont encore toute aussi actuelles, et il serait fascinant de réaliser une relecture féministe de ce documentaire et des réalités qu’il aborde.
Les filles du Roy, Anne Claire Poirier, offert par l’Office national du film du Canada
Les raquetteurs
Avant Facebook live, avant le « temps réel », avant les nouvelles en continu, il y avait le cinéma direct : caméra à l’épaule, des équipes de tournage se rendent sur le terrain pour témoigner d’une réalité de façon crue, créative et fidèle à l’énergie du moment. Les raquetteurs, relativement controversé à cause de son observation folklorique d’une tradition locale, a tracé le chemin pour toute une génération de cinéastes avides de vrai et de beau. Michel Brault et Gilles Groulx qui inventent un genre cinématographique. Rien de moins.
Les raquetteurs, Gilles Groulx et Michel Brault, offert par l’Office national du film du Canada
Pour la suite du monde
Quand un documentaire est bien fait, il livre des images percutantes et des histoires touchantes, révélant le caractère souvent cinématographique et grandiose du quotidien. Grâce à l’œil sensible et aiguisé de Pierre Perrault, les habitants de l’Isle-aux-Coudres sont désormais légendaires, alors qu’ils assistent, devant la caméra, à la lente décomposition de leur mode de vie, dépendant presque entièrement de la pêche aux marsouins. C’est la pêche la plus enivrante, qui donne le plus de passion à l’homme. Pas moi qui le dis.
Pour la suite du monde, Pierre Perrault et Michel Brault, offert par l’Office national du film du Canada
Le paysagiste
L’animation à l’écran d’épingles est une technique laborieuse et longue, qui demande la maitrise patiente d’un animateur pour livrer des résultats de qualité. Le paysagiste de Jacques Drouin est une œuvre qui interpelle le spectateur grâce à son souci du détail et à l’investissement, voire à la dévotion quasi religieuse, de son créateur. Émouvante et forte pièce.
Le paysagiste, Jacques Drouin, offert par l’Office national du film du Canada