Quatre interprétations des vacances
Il y a quelque chose d’insaisissable aux vacances. Si elles sont synonymes de liberté, que peut-on en déduire sur ce qui n’est pas vacances, c’est à dire le travail quotidien? Faut-il absolument changer d’air pour être en vacances? Le temps passé doit-il être consacré à l’oisiveté improductive ou au calcul précis d’activités supposément ludiques? Peut-on optimiser ses vacances? Voici quatre suggestions de films qui abordent la chose. Quatre interprétations du congé.
Le temps perdu
Ce documentaire sublime ressemble à un film de la nouvelle vague française. Des adolescents discutent entre eux, en toute candeur, d’amour, de mariage, de Dieu et des larmes. Les images sont magnifiques : deux filles allongées sur un quai au milieu de l’eau, une jeune fille qui joue de la flute alors qu’une autre la regarde avec un brin d’herbe entre les lèvres, des garçons qui partent en canoë s’éloigner des filles, et un mélange troublant de stéréotypes du genre et de sagesse. Une adolescente se demande pourquoi les garçons cherchent toujours à limiter les élans des filles quand elles parlent, et un garçon, devant un feu de camp, avoue que si une femme l’aimait, il ne pourrait pas la rendre heureuse, ça non, mais presque. Merveilleuse frasque d’une période révolue, captée avec un esthétisme léché et une candeur réelle, ce film, c’est effectivement le temps perdu.
Le temps perdu, Michel Brault, offert par l’Office national du film du Canada
La vraie vie
Qu’est-ce qu’on amène en vacances? Quelques pairs de sous-vêtements? Le barbecue? Le frigo? Le curé? Dans ce fascinant documentaire des années 1970, on assiste à un séjour de camping de Montréalais qui apportent à peu près tout avec eux, question de s’installer momentanément dans un espace qu’ils feront leur, le temps des vacances. En matière de dépaysement, on est dans le très timide, mettons.
La vraie vie, Jacques Vallée, offert par l’Office national du film du Canada
À la plage
On passe un temps fou à se faire bombarder d’images merveilleuses de vedettes divines aux corps parfaits. La perfection de nos modèles fait autant partie de notre culture que la plage, donc quand vient le moment de se dévêtir collectivement devant famille et étrangers, les complexes peuvent rapidement faire leur apparition. Ça, c’est pour le commun des mortels, gêné par sa bédaine ou ses pieds. Mais pour les grands brûlés, habitués aux regards curieux même lorsqu’ils sont vêtus, le simple geste de se dévêtir peut relever de l’exploit. Et c’est un exploit brillamment banalisé ici alors que l’Association des grands brûlés organise une sortie collective à la plage. Le plaisir de se rafraichir lors d’une chaude journée, de profiter du soleil, de se baigner entre amis, tout ceci est capté subtilement en image lors d’une belle journée ensoleillée au Lac Mégantic. Un documentaire touchant, inspirant, puissant.
À la plage, Jeremy Peter Allen, offert par l’Office national du film du Canada
Le jour de congé
Les torts et les travers des vacanciers sont représentés de façon caricaturale, presque mesquine, dans ce court métrage d’animation critique et original. Des corps disproportionnés, des voix modifiées, des habitudes scrutées à la loupe, ce petit film sans paroles en dit long sur les habitudes estivales des Occidentaux.
Le jour de congé, Sidney Goldsmith, offert par l’Office national du film du Canada