Ciné-vendredi | Quatre films et un souvenir d’enfance
Ma mère m’emmenait souvent à la CinéRobothèque de Montréal. C’était pour elle l’occasion de faire mon éducation et de m’ouvrir au monde. (Elle aimait aussi beaucoup le Musée d’art contemporain, mais ça, c’est une autre histoire…)
C’était souvent le dimanche. Nous nous rendions rue Saint-Denis après avoir déjeuné. On prenait la ligne orange du métro de Jarry à Berri-UQAM pour aller voir « le gros robot ». Chaque fois, je vivais un moment intérieur beaucoup trop intense. L’excitation de pouvoir contrôler « la machine » (et de voir des films d’animation, mais je dois être honnête… c’était un bénéfice secondaire à cette époque). Je ne sais pas si c’était mon côté intellectuel qui ressortait ou tout simplement mon envie de jouer avec des jouets « de petit gars »… Bref, sans le savoir, ma mère était en train de former un cinéphile.
Quand j’ai fait mon entrevue à l’ONF pour le poste de gestionnaire de communauté, près de 20 ans plus tard, on m’a demandé quels films de l’ONF je pouvais nommer. J’ai donc pu aisément « name dropper » les classiques de mes après-midis d’enfance. Après l’entretien, j’avais le goût d’appeler ma mère pour la remercier. Je ne l’ai pas fait, finalement, mais j’y ai pensé très fort.
Voici donc certains des films de l’ONF qui ont bercé mes dimanches.
Le p’tit chaos
Un couple particulier, une querelle ridicule, un accent bien québécois. Pas besoin de bien plus pour être heureux. Ceux qui me connaissent savent comme j’aime les expressions colorées. Avec ce film, on est servi. La fin est sombre, quand on y pense, mais je ne m’en rendais pas compte… et ma mère me laissait quand même le regarder.
Le p’tit chaos, Richard Condie, offert par l’Office national du film du Canada
Félix Leclerc chante Cadet Rousselle
Pour être honnête, je ne me souviens plus si j’ai vu ce film pour la première fois à la CinéRobothèque ou si c’était plutôt à Télé-Québec, assis sur le tapis gris du salon, devant ma télévision 12 pouces, mais je me souviens, par contre, que quelque chose m’intriguait dans ces illustrations fixes qui se succédaient. Des images comme il ne s’en fait plus aujourd’hui … et la voix du grand Félix!
Félix Leclerc chante Cadet Rousselle , Daniel Frenette, offert par l’Office national du film du Canada
Le chat colla
Bon, je vous entends déjà me dire : « Encore Le chat colla!» Vous avez raison. En plus, nous vous en avons parlé il y a deux semaines dans l’article sur les 10 films de l’ONF qui ont été en nomination aux Oscars. Mais je ne vais pas changer l’histoire de ma vie pour autant. C’est probablement le film de l’ONF que j’ai le plus regardé au 1564, rue Saint-Denis. Il y a quelque chose dans cette histoire de chat mignon qui rend ce pauvre homme complètement dingo, qui provoquait chez moi des profonds questionnements sur le sens de la vie. J’exagère peut-être un peu, mais c’est pour vous montrer à quel point je me posais de grandes questions. Pourquoi quelque chose d’aussi adorable pouvait être si nuisible? Peut-être n’ai-je pas compris la morale de l’histoire… Vous me la direz après l’avoir visionné.
Le chat colla…, Cordell Barker, offert par l’Office national du film du Canada
Les dingues
Une grand-mère pour moi, c’était synonyme de gâteaux, de bonbons, d’odeur de lavande et de réconfort. Doris Dingle est l’ambassadrice parfaite de toutes ces femmes âgées aimantes et généreuses que j’ai côtoyées dans ma vie. Les dessins sont extrêmement ludiques, vos enfants ne pourront pas décrocher.
Les Dingues, Les Drew, offert par l’Office national du film du Canada