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Scénariser Sacrée montagne – Retour sur l’atelier de Doc Circuit Montréal 2010

Par Anne-Marie Lavigne
Agent d’interactivité
Productions interactives

En page d’accueil du documentaire Web Sacrée montagne, on voit le mont Royal illustré en 3D et suspendu dans le ciel, qui tournoie au rythme d’une trame sonore composée de messages souvenirs partagés par des amoureux de la montagne.

Il y a de cela moins d’un an, les deux réalisateurs du projet, Gilbert Duclos et Hélène de Billy, n’auraient jamais cru que leur vision mi-imaginaire mi-réelle du mont Royal pourrait être si bien représentée… et naviguée! C’est ce qu’ils nous ont confié le 12 novembre dernier pendant l’étude de cas sur Sacrée montagne dans le cadre du volet professionnel des RIDM, Doc Circuit Montréal.

Pour cet atelier, je me suis jointe à Hugues Sweeney, producteur principal des productions interactives de l’ONF, Nicolas S. Roy, concepteur interactif chez Departement et aux deux réalisateurs pour analyser le processus de scénarisation qui a mené à la mise en ligne de Sacrée montagne en septembre dernier. Une discussion qui a mis en lumière les différentes étapes de création propres aux documentaires interactifs ainsi que les éléments clé de notre projet.

Interactivité : le public est le personnage principal

En septembre 2009, le projet documentaire Sacrée montagne est atterri dans le bureau des productions interactives de l’ONF après avoir essuyé le refus de tous les télédiffuseurs publics et privés. En télé, on ne voit pas de potentiel dans un documentaire unique abordant la thématique du sacré à travers des témoignages de personnages rencontrés le long du chemin Olmsted sur le mont Royal.

De son côté, Hugues perçoit le projet autrement: en abordant la montagne à partir de ses usages et la religiosité à partir des rituels sacrés ou profanes, Sacrée montagne allait permettre aux internautes de s’approprier le concept et de s’y plonger. « Pour qu’une production documentaire puisse être transposée en projet interactif, il faut que le sujet ouvre à une conversation avec le grand public, qu’il puisse être activement impliqué dans l’œuvre », explique Hugues. Pour lui, la clé du projet réside dans le rôle de la montagne comme catalyseur autour d’une thématique délicate dans le Québec contemporain : le sacré. Ce sera donc à travers une conversation sur leur relation sacrée au mont Royal que les usagers découvriront et bonifieront le contenu documentaire du projet de Gilbert et Hélène.

Le réalisateur est une équipe

Cette vision se confirme en phase d’études. Les experts, réalisateurs et producteurs externes, ainsi que les collègues de l’ONF qu’il a rassemblés pour discuter du projet lors de sessions de remue-méninges, partagent son engouement pour Sacrée montagne. Afin d’aider à définir quelle sera la conversation avec le public à travers l’œuvre et d’ancrer le processus de scénarisation du projet dans le contexte de son médium, Hugues décide d’impliquer une équipe de conception Web dès le départ. Le producteur convie Philippe Archontakis, directeur artistique, et Nicolas S. Roy, concepteur interactif chez Departement, à une rencontre avec Gilbert et Hélène. Les sensibilités se complètent : une équipe de réalisation bicéphale qui s’épaulera tout au long du parcours de production vient d’être créée.

L’interface est un canevas

Les bases du projet sont établies. « La première rencontre avec Departement a été très productive. Notre vision d’une montagne mi-rêvée mi-réelle s’est concrétisée et a été divisée en zones dans lesquelles nous allions insérer progressivement des capsules vidéo et photo. Ce qui a été déterminant pour l’organisation de la production », explique Gilbert. L’angle de traitement a aussi été abordé. Ce qui a permis d’approfondir le projet selon Hélène : « En demandant de s’assurer que les capsules prises dans leur ensemble couvraient toutes les facettes du prisme du sacré, Hugues nous a amené à prendre de la distance et à développer encore plus l’aspect profane dans le projet. L’équilibre Sacrée montagne et montagne sacrée s’est confirmé ».

De leur côté, Nicolas et l’équipe de Departement ont saisi la tonalité du projet et ont commencé à travailler sur des propositions de mise en écran qui pouvaient l’appuyer. Tous les panélistes se sont entendus là-dessus : pour qu’un projet interactif soit signifiant, il faut que la forme et le fond se complètent et se nourrissent mutuellement.  Il ne suffit pas de créer une interface Web qui servirait à « diffuser » du contenu documentaire, mais plutôt de créer un espace où les réalisateurs et les internautes pourront cohabiter.

« À partir du concept documentaire de Gilbert et Hélène, explique Nicolas, nous avons fait des recherches et sommes revenus avec des tableaux de thèmes et des suggestions de scénarios interactifs. Ces maquettes ont été réajustées et approuvées par le producteur et nous avons commencé à travailler sur les maquettes du site ». Comme l’a expliqué Hugues, si on compare avec le processus de création d’un long métrage, une des particularités des productions interactives est que la phase de « développement » en est plutôt une de pré-production. Dans le cas de Sacrée montagne, il ne se sera écoulé qu’un mois et demi entre la formation de l’équipe bicéphale et le début du chantier de création Web. Pour que le producteur puisse avoir en main une ébauche solide du projet à faire valider pour passer en phase de production, les créateurs Web doivent déjà entamer l’étape de programmation du projet. Alors que pour le long métrage le montage des éléments se fait en fin de parcours, en création interactive il commence dès la phase d’exploration. Les décisions scénaristiques doivent donc être prises et confirmées très tôt dans l’échéancier de production.

Définir la conversation avec le public

La direction artistique, la navigation et le traitement documentaire ayant été abordés, il ne reste plus qu’à définir l’interactivité avec le public. Pendant une rencontre de remue-méninge qui s’est tenue en mai, nous convenons que les options d’interactivité choisies devaient être accessibles par tous, peu importe leur niveau de connaissance du Web. C’est à ce moment que l’idée du répondeur est apparue! En utilisant le téléphone comme porte d’entrée vers le projet, nous allions  permettre à tous les usagers de la montagne de s’exprimer, à partir d’un ordinateur ou directement de la montagne.

Aussi, il était clair que la montagne virtuelle devait être un reflet de la montagne réelle : elle devait permettre de ressembler les différentes visions et appréciations de ses usagers. Nous avons donc décidé de créer la section « Votre montagne » pour rendre accessible l’ensemble des contenus générés par la participation du public.

Dans cette section, en plus des messages souvenirs laissés sur la boite vocale, on y trouverait des portraits des amoureux du mont Royal réalisés directement sur la montagne lors de Photomatons. Il y aurait aussi une sous-section « Vos photos » comprenant toutes les images en lien avec le mont Royal et partagées sur des plateformes en ligne comme Flickr et Picasa. Pour ce faire, il suffirait de connecter automatiquement le projet à ces plateformes à l’aide de mots-clés pertinents. Ce procédé allait permettre de constamment publier l’infinité d’images produites par les amoureux de la montagne. Même principe pour la page d’accueil du site où tous les messages en lien avec le mont et envoyés par l’entremise de Twitter allaient être affichés.

La montagne est un tentacule

Nous avons également décidé que les contenus du projet allaient être éclatés et dispersés sur plusieurs plateformes. En premier lieu, nous avons publié sur les différentes plateformes de l’ONF (ONF.ca, NFB.ca, YouTube, Dailymotion) et par la suite, sur des sites externes avec qui nous allions développer des partenariats de contenus : le magazine Urbania, l’émission Desautels de Radio-Canada et sur le site du magazine Voir. Chaque capsule allait donc être produite en plusieurs versions : une pour le site et une autre avec une animation d’entrée du projet pour mettre en contexte les internautes qui auraient découvert du contenu sans avoir navigué sur notre site.

Grâce à toutes ces options, Sacrée montagne allait être à l’image du mont Royal : un lieu public connecté en permanence à son environnement et ses usages, que ce soit la ville ou le Web.

Le « slow Web » produit en  fast-forward

« Quand quelqu’un veut en savoir plus sur notre projet, je lui dis toujours que l’idéal est de s’asseoir confortablement devant son écran et de prendre le temps : Sacrée montagne, c’est du « slow Web »! Et Gilbert a bien raison : Sacrée montagne est un site de découverte dont les contenus documentaires mènent tous à une réflexion profonde sur un vaste éventail de sujets : le religieux, le sacré, le profane, l’espace public, l’expression de soi, la biodiversité, etc. La montagne, si chère aux Montréalais, est véritablement un espace de questionnement et de partage de sens.

Sacrée montagne, c’est la naissance du « slow Web » de contenu, mais produit selon le calendrier en marche rapide des créatifs du Web! Moins de 3 mois après la création de l’équipe, la scénarisation du projet et les maquettes étaient approuvées par la direction et nous nous lancions dans une période de production de seulement… 3 mois! Alors qu’Hélène a profité de l’étude de cas pour nous dire qu’elle a trouvé que tout s’était déroulé « tellement vite », Nicolas lui nous a confié en riant qu’il travaillait rarement sur des projets d’aussi long terme. Comme quoi, les échéanciers de production Web et documentaire ne sont pas tout à fait les mêmes et doivent être constamment conciliés.

« Malgré le fait que nous avions peu de temps pour réaliser les capsules, nous avons rarement travaillé dans un contexte aussi souple. Nous avons eu une grande liberté » affirment Gilbert et Hélène. En effet, la diffusion éditoriale des contenus sur une longue période leur a permis de faire plusieurs ajustements quant aux sujets des capsules. De plus, ce type de production leur a permis de constituer à eux deux l’ensemble de l’équipe de tournage. Hélène au son et Gilbert à la caméra, toujours prêts à partir tourner sur le vif.

La fin de la production est le début de la production

« Une autre particularité des projets interactifs est que la mise en ligne ne signifie pas la fin de la production, bien au contraire. Puisque c’est seulement à partir de ce moment que les usagers peuvent participer au projet », rappelle Hugues. La conversation avec le public commence une fois que la réalisation projet est finalisée. Pour permettre à Sacrée montagne d’évoluer au rythme des saisons tout en fidélisant l’auditoire, les contenus sont donc dévoilés sur une période de 6 mois.  Pendant cette « phase d’exploitation », l’agent d’interactivité prend le relais et travaille de pair avec l’équipe de mise en marché pour faire la promotion des contenus et générer la participation du public. Un calendrier éditorial est mis sur pieds pour planifier et scénariser la conversation avec le public en fonction des mises en ligne de contenus et de l’actualité.

Archiver un être vivant

Hugues : « Voilà. Merci à tous d’avoir assisté à notre étude de cas de Sacrée montagne. En espérant que la discussion autour des rouages de scénarisation qui ont mené à la réalisation et à l’exploitation de Sacrée Montagne pourra vous inspirer. Maintenant, la question à se poser est : comment faire pour archiver un projet dont le contenu évolue constamment? »

Toutes les suggestions sont bienvenues…!

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  1. Merci pour votre commentaire Jean-François!

    Je vous invite à revisiter le site régulièrement au courant des prochaines semaines puisque de fréquentes mises à jour seront faites jusqu’à la fin mars!

    Aussi, n’hésitez pas à partager un souvenir en lien avec la montagne au 1 877 55 SOUVENIR

    Anne-Marie

    — Anne-Marie Lavigne,
  2. Super intéresssant!
    Et que dire de la question posée en toute fin…
    Ayant navigué durant 40-45 minutes sur Sacrée Montagne, je vois bien ce dont vous parlez.
    …BONNE CHANCE!!!

    Bravo à l’ONF pour vos oeuvres interactives.
    J-F

    — Jean-François Whiting,

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