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Toulmonde parle français

Toulmonde parle français

Toulmonde parle français

Par Marc St-Pierre, analyste, collection

L’ajout, cette semaine, du film « Les Oreilles » mène l’enquête, un court métrage de fiction signé André Melançon, m’amène à parler de la série dont le film est issu, Toulmonde parle français. Plusieurs collègues de travail et amis me parlent souvent de cette série produite dans les années 1970. Certains films semblent avoir marqués l’imagination d’une génération de francophones et méritent, à leurs yeux, le statut prestigieux de « classiques » de l’ONF. Cela m’a toujours étonné, non pas à cause de la qualité des films, mais parce qu’au moment de leur sortie, à l’automne 1974, ils n’étaient pas du tout destinés à un public de langue française. La série, comme son nom le suggère, fut d’abord et avant tout conçue afin d’aider les Canadiens et Canadiennes dans l’étude du français, langue seconde.

Un peu d’histoire

Au début des années 1970, la question du bilinguisme est au cœur des préoccupations du gouvernement canadien, dirigé par Pierre-Elliot Trudeau. Avec en toile de fond la montée du nationalisme québécois et les événements d’octobre 1970, les tensions sont vives entre francophones et anglophones au pays. La loi sur les langues officielles, adoptée à la Chambre des Communes en 1969, faisant de l’anglais et du français les deux langues officielles du Canada, est un début de solution. Mais le premier ministre Trudeau veut aller plus loin. La seule façon pour lui de contrer le nationalisme québécois et d’établir une paix linguistique au pays est de faire la promotion d’un Canada uni et bilingue. Son gouvernement mettra donc en place toute une série de programmes d’immersion et d’échanges anglais ou français, permettant à des millions d’étudiants canadiens d’apprendre « l’autre langue ».

La participation de l’ONF

L’ONF participe à cet effort de bilinguisme. Dans son rapport annuel de 1971-1972, il annonce la création d’une série de 60 films, 30 en anglais et 30 en français – il y en aura finalement 10 en français et 17 en anglais – afin de faciliter l’apprentissage de l’une ou l’autre des langues officielles du pays. Ce seront les séries Filmglish et Toulmonde parle français. Suite à cette annonce, le Programme français se voit confier la tâche d’élaborer une série. Le public cible ne doit pas se limiter aux étudiants du primaire ou du secondaire. L’apprentissage de la langue doit être disponible à toutes les couches de la population. Le Programme propose donc 3 catégories de films : 4 films pour les 8-12 ans (« Les Oreilles » mène l’enquête, Branch et Branch, Les tacots, Le violon de Gaston), 3 films pour les 13-17 ans (Les « troubbes » de Johnny, Un fait accompli, Le temps d’une vente) et 3 autres pour les adultes (Par une belle nuit d’hiver, Pris au collet, La dernière neige). Ce sont tous des films de fiction. Pas question pour le directeur du programme de l’époque, Jacques Godbout, et le producteur de la série, Jacques Bobet, d’offrir des documentaires didactiques. L’organisme ne fait pas dans la création en chaîne d’outils pédagogiques, il est reconnu pour ses créations. Quoi de mieux que la fiction pour refléter l’aspect créatif de l’ONF et de ses artisans!

Des films d’enrichissement socioculturel

Il faut dire également que les outils d’enseignement de l’époque proposaient l’étude d’un français international, dénué de toutes références culturelles ou sociales, plus proche du français parlé en Europe que celui parlé au Québec. L’élève était déjà saturé de films didactiques, de méthodes d’apprentissage qui, en somme, ne correspondaient pas à ses besoins. La série voudra combler cette lacune. Les films de Toulmonde parle français ne seront pas de simples cours de français, mais des films d’enrichissement culturel et linguistique. Ils voudront illustrer certains aspects socioculturels propres au Québec et témoigner de la culture et de langue de la province.

De l’école à la télévision

La série est distribuée à une échelle nationale et connaît un certain succès. On organise à travers le pays plus d’une centaine d’ateliers avec des professeurs de langue seconde afin d’en faire la promotion. Mais c’est au Québec, à la télévision, qu’elle trouvera son véritable public. En effet, de 1975 à 1985, les 4 films de la série pour les 8-12 ans ainsi que Les « troubbes » de Johnny sont présentés à plusieurs reprises sur toutes les stations affiliées à Radio-Canada. Pendant près de 10 ans, des jeunes des quatre coins du Québec, qui n’avaient à l’époque que la télé pour se divertir, ont vu et revu les péripéties de Gilles « les oreilles » et de sa bande, de Gaston, coincé entre un concert de violon et une « game » de hockey, de Johnny, le Ken Dryden de la taverne du coin, et de Gilbert et ses amis, qui jamais n’accepteront de filles dans la « gang ». Des personnages attachants, des histoires simples, drôles, bien ancrées dans le réel et le quotidien des jeunes téléspectateurs ont sans doute contribué au succès de ces films. Vous les avez manqués sur CBFT Montréal, CKSH Sherbrooke ou CKTM Trois-Rivières? Pas de soucis. Ils sont maintenant sur ONF.ca.

« Les Oreilles » mène l'enquête, André Melançon, offert par l'Office national du film du Canada

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  1. J’ai vu ce film (Les Oreilles mene l’enquete) au primaire en 1979 peut-être. J’ai tellement été fasciné par le radio set à l’époque. Enfin, 30 ans plus tard, ma quete de retrouver le film ce termine! Vive les archives!!
    VA2SIB (oui, c’est une conséquence du film….!)

    — Sebastien Ruel,

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