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Les 100 ans d’Oscar Peterson | Perspective du conservateur

Les 100 ans d’Oscar Peterson | Perspective du conservateur

Les 100 ans d’Oscar Peterson | Perspective du conservateur

Né dans le quartier de la Petite-Bourgogne à Montréal le 15 août 1925, Oscar Peterson aurait eu 100 ans cette année. En juillet dernier, le Festival international de jazz de Montréal soulignait l’événement en présentant un grand concert en hommage à sa musique. Un spectacle coproduit et présenté par sa fille, Céline Peterson. Le Centre national de musique à Calgary propose, jusqu’en juillet 2026, Intemporelle, une exposition consacrée au célèbre pianiste. Vous pouvez également découvrir sur ICI Musique un documentaire musical sur la vie et l’œuvre du grand jazzman montréalais intitulé Centenaire d’Oscar Peterson : au-delà de la légende.

La musique et la présence de celui que Duke Ellington avait surnommé le « maharaja du clavier » se font sentir dans plusieurs de nos productions. À mon tour de lui rendre hommage en vous proposant un voyage, en quatre films, au cœur de sa vie et de sa musique.

Un homme seul

La création artistique est un thème important dans l’œuvre de la réalisatrice et productrice Marie-Josée Saint-Pierre. Après avoir consacré deux courts métrages d’animation au travail de Norman McLaren, Les négatifs de McLaren (2006) et Flocons (2014), puis un autre au cinéaste Claude Jutra, (Jutra, 2014), elle s’est intéressée à Oscar Peterson. Oscar (2016) raconte les origines modestes du pianiste, ses débuts à l’Alberta Lounge à Montréal, sa rencontre avec celui qui allait devenir son impresario, Norman Granz, son premier concert au Carnegie Hall à New York et la carrière internationale qui a suivi. Si le documentaire animé de la cinéaste s’attarde sur les moments forts de la carrière de l’artiste, il aborde aussi les moments plus sombres de l’homme. À l’aide d’extraits d’entrevues d’archives accordées par Peterson et d’images animées, la cinéaste évoque avec force la solitude ressentie par le grand jazzman durant ses nombreuses tournées, ses longues absences de la maison, loin de sa femme et de ses cinq enfants, qui finiront par lui coûter son mariage. Le film est un portrait touchant d’un artiste de génie, heureux sur scène, mais aussi celui d’un homme seul, malheureux dans sa vie personnelle.

Oscar, Marie-Josée Saint-Pierre, offert par l’Office national du film du Canada

Voir la musique

À la fin des années 1940, Oscar Peterson n’est pas encore la grande vedette qu’il deviendra. Il est bien connu dans les cercles du jazz montréalais et sa musique joue à la radio. Nous ne savons pas exactement comment Norman McLaren a découvert sa musique, mais une chose est certaine, il la connaît quand il entreprend, en février 1949, le tournage de Caprice en couleurs. Trois pièces du Trio Oscar Peterson sont au centre de ce court métrage d’animation réalisé par McLaren et Evelyn Lambart. Arrivé au Canada en septembre 1941, le réalisateur d’origine écossaise en est déjà à son dixième film à l’ONF quand il entame la production de ce nouvel opus, qui porte provisoirement le titre Peterson Film (le film Peterson). Le cinéaste a déjà exploré les liens entre la musique, les formes et les couleurs dans ses films précédents, particulièrement dans Fiddle-de-dee (1947), mais avec Caprice en couleurs, alors qu’il travaille en étroite collaboration avec la talentueuse Evelyn Lambart, il atteint des sommets.

Caprice en couleurs, Norman McLaren et Evelyn Lambart, offert par l’Office national du film du Canada

La musique de Peterson, interprétée par le Trio Oscar Peterson et enregistrée spécialement pour le film au Studio Renaissance de Montréal, n’est pas simplement utilisée ici pour accompagner les images ou encore suggérer une ambiance. C’est plutôt le contraire : les images du film ont pour but de nous faire voir la musique que l’on entend ! Mais comment y arriver ? Les deux cinéastes ont d’abord défini les motifs musicaux développés par Peterson et son trio pour ensuite créer des schémas visuels qui s’harmonisent parfaitement avec ces motifs. Cette harmonie entre la musique et l’image passe tantôt par une parfaite synchronisation des deux, tantôt par des décalages ou encore par une concordance entre le rythme de la musique et celui des images qui défilent sous nos yeux. La réussite est totale ! Il suffit de voir les premières secondes du film pour s’en convaincre.

Camera Men (1954, en anglais seulement)

Au milieu des années 1950, Oscar Peterson est déjà un artiste accompli. Le trio qu’il forme avec Ray Brown (contrebasse) et Charlie Smith (batterie) donne des concerts partout au Canada, aux États-Unis et sur la scène internationale. De retour d’une tournée de quatre mois en Europe, il accorde une courte entrevue au reporter Fred Davis devant son piano dans son appartement à Montréal, dans laquelle il parle de la réaction du public européen face à la musique jazz. Ce reportage d’une quinzaine de minutes de la série télé On the Spot, qui était présentée à l’époque sur les ondes de la CBC, n’est pas consacré au musicien comme tel, mais à différents photographes amateurs et professionnels. Lors de ce reportage, Fred Davies rencontre notamment le photographe Louis Jacques, en pleine séance photo avec Oscar Peterson, sa femme et ses trois enfants. C’est dans ce contexte qu’a lieu l’entrevue. Bien que nous apprenions peu de choses durant l’entretien qu’accorde le pianiste, alors âgé d’à peine 30 ans, les images que nous voyons constituent une rare incursion dans sa vie privée.

Camera Men, Allen Stark, provided by the National Film Board of Canada

The Performer (1959, en anglais seulement)

Quelques années plus tard, nous retrouvons Oscar Peterson dans cet autre reportage pour la télévision, cette fois de la série Frontiers. The Performer propose, en deux parties, des entrevues avec des artistes canadiens importants, comme le ténor Léopold Simoneau et sa femme, la soprano Pierrette Alarie, le danseur de ballet David Adams, un des membres fondateurs du Ballet national du Canada, l’acteur Christopher Plummer et, bien sûr, le jazzman Oscar Peterson. Alors qu’il vient de terminer un concert sur la scène du Storyville Club à Boston et qu’il est trois heures du matin, le célèbre pianiste se prête au jeu de l’entrevue avec le présentateur Herbert Whittaker. Dans cet entretien de plus de quatre minutes, Peterson parle quelque peu de son début de carrière, mais surtout de son intention de créer à Toronto, la ville où il habite maintenant avec sa femme et ses cinq enfants, une école de musique consacrée à l’enseignement du jazz. Cette école, qu’il nommera l’Advanced School of Contemporary Music, verra le jour en 1960 et sera située au 21, rue Park à Toronto, à quelques pas de l’intersection Yonge et Bloor[1]. Contraint par de nombreux contrats de tournée, il est forcé de fermer l’école en 1964. Cette entrevue nous rappelle son engagement et son attachement à l’égard de l’enseignement de la musique, un aspect méconnu de sa carrière.

The Performer, Donald Ginsberg, provided by the National Film Board of Canada

Vous pouvez également entendre la musique d’Oscar Peterson dans les films suivants : Ici Canada (1946), Fields of Endless Day (1978), And So to Bed (1999) et La mémoire des anges (2008).

À noter que le documentaire biographique sur Oscar Peterson, In the Key of Oscar (1992), n’est malheureusement pas accessible sur notre site en raison de restrictions légales liées aux droits de diffusion.

Lisez cet article de blogue sur les liens entre le cinéma de l’ONF et le jazz : La rencontre du jazz et du cinéma à l’ONF | Perspective du conservateur – Lire ONF.

Découvrez notre sélection de films sur le jazz : Le jazz – ONF.

 

[1] JENNINGS, Nicholas. « Oscar Peterson Pioneering Toronto jazz school », NicholasJennings.com, 18 juin 2015.

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