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Une nouvelle vague de cinéma latino-canadien à l’ONF | Perspective du conservateur

Une nouvelle vague de cinéma latino-canadien à l’ONF | Perspective du conservateur

Une nouvelle vague de cinéma latino-canadien à l’ONF | Perspective du conservateur

Bien que des femmes latino-américaines réalisent des films à l’ONF depuis le milieu des années 1970 (notamment la pionnière d’origine chilienne Marilú Mallet), ce n’est qu’au cours de la dernière décennie qu’une nouvelle vague de cinéma latino-canadien a commencé à déferler à l’Office national du film du Canada.

Pour souligner le Mois du patrimoine latino-américain en octobre, ce billet de la Perspective du conservateur met en lumière le travail actuel des cinéastes d’origine latine résidant au pays. Plus précisément, les cinéastes dont le travail est abordé dans ce billet s’identifient comme des femmes et sont soit des Canadiennes de première génération, soit nées dans un pays latino-américain (Costa Rica, Brésil, Venezuela, etc.). Plus important encore, la plupart d’entre elles ont récemment réalisé un film produit par l’ONF.

En guise d’entrée en matière, je vous invite à regarder Mon monde, ta mélodie (2024) de la Canado-Costaricienne Bianca Shonee Arroyo-Kreimes, un court métrage d’animation délicieusement troublant dans lequel un chœur de grenouilles tropicales interprète un air pop entraînant.

Mon monde, ta mélodie, Bianca Shonee Arroyo-Kreimes, offert par l’Office national du film du Canada

Quatre courts métrages issus de deux programmes de mentorat

Mon monde, ta mélodie fait partie de la collection de courts métrages d’animation d’une minute réalisés dans le cadre de la 14e édition du stage en animation Hothouse, destiné aux cinéastes de la relève au pays. Créé en 2003 par Michael Fukushima, producteur du Studio d’animation de l’ONF, et David Verrall, producteur exécutif, Hothouse cherche à réinventer des façons de faire de l’animation qui soient plus rapides et agiles, et qui célèbrent les films les plus courts de tous les courts tout en maintenant l’excellence créative et technique qui constitue la marque de fabrique de l’animation à l’ONF. La cinéaste et illustratrice Karla Monterrosa, originaire du Salvador, a participé à la 13e édition de ce programme applaudi et y a réalisé son film Lo 100to (2022).

Lo 100to, karla monterrosa, offert par l’Office national du film du Canada

L’ONF est déterminé à devenir une plaque tournante pour les jeunes cinéastes au pays. À cette fin, il a récemment mis sur pied un autre programme de mentorat : le laboratoire de création expérimental Alambic, qui vise à présenter les perspectives uniques de cinéastes d’animation de la relève. Dans le cadre de ce nouveau programme, l’animatrice montréalaise d’origine mexicaine Bren Lopez Zepeda a réalisé le film Alchimie moderne (2022), une quête de soi fondée sur la résilience, la reconstruction et la renaissance.

Alchimie moderne, Bren López Zepeda, offert par l’Office national du film du Canada

Alambic (dont la première édition a eu lieu en 2022) offre aux artistes en début de carrière la possibilité de créer un film de moins de trois minutes (tandis que le programme Hothouse produit des courts métrages d’une minute). La cinéaste brésilienne Beatriz Carvalho a contribué à la première édition d’Alambic avec son récit de voyage poétique et sonore Terre ferme (2022), un journal intime qui nous révèle les pensées d’une femme immigrante de retour dans son pays d’origine.

Terre ferme, Beatriz Carvalho, offert par l’Office national du film du Canada

Le samedi soir vu par une cinéaste latino-montréalaise

L’une de mes sorties récentes préférées de l’ONF est Samedi, la nuit (2021), de Rosana Matecki. Narré par la cinéaste d’origine vénézuélienne, ce court métrage de 15 minutes raconte comment le deuil collectif de Leonard Cohen lui a donné un sentiment d’appartenance à Montréal pour la première fois alors qu’elle croisait le chemin d’autres personnes immigrantes latino-américaines également à la recherche d’un lien intime avec leur ville d’adoption. Il s’agit d’un documentaire porté par une vision douce-amère du vieillissement et de la solitude en milieu urbain, à travers les yeux d’une cinéaste latino-américaine et québécoise.

Samedi, la nuit, Rosana Matecki, offert par l’Office national du film du Canada

Samedi, la nuit, présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto, se déroule presque entièrement dans une salle de danse, où des personnes latino-américaines et canadiennes se retrouvent pour danser le tango, dans une ville qui semble perpétuellement en construction. Du début à la fin, les personnages semblent être en mouvement — pas nécessairement en train de danser, mais en train d’accomplir leurs propres rituels. Le rythme flottant du film et les révélations intimes des personnages, ainsi que le thème de la peur de la solitude, ont éveillé des souvenirs personnels de ma propre expérience au Québec et ont rendu le film d’autant plus captivant à mes yeux. Bien que le travail de la caméra, la conception sonore et le mouvement constant des personnages soient tous impeccables, c’est le montage qui assure la cohésion du film, car il crée un rythme qui immerge le public dans la voix hors champ pleine d’émotion de la réalisatrice. Un film latino-canadien de l’ONF à ne pas manquer !

Deux productions qui jouent avec la forme

Avant la nuit (2020), de Nadine Gomez, est un essai cinématographique constitué de deux éléments : une bande sonore composée de conversations avec le sociologue et penseur politique québécois Jean Pichette, et des aperçus de la vie quotidienne d’un protagoniste invisible, qui évoquent des enregistrements retrouvés. On pourrait décrire ce film comme une rencontre lucide entre Chris Marker et Jonas Mekas. Réalisé en pleine pandémie, Avant la nuit est l’occasion pour cette cinéaste mexicano-canadienne de repenser nos modes d’existence et notre rapport à l’autre.

Avant la nuit, Nadine Gomez, offert par l’Office national du film du Canada

Dernier film, mais non le moindre de cette incursion contemporaine à travers les yeux de cinéastes latino-canadiennes, Song for Cuba (2014), de Tamara Segura, s’intéresse aux souvenirs d’un jeune couple cubain qui se trace une nouvelle voie sur une île de l’Atlantique Nord (Terre-Neuve-et-Labrador). Le film comprend également des images d’archives tournées dans le Cuba des années 2000, de même que quelques classiques de la musique cubaine qui évoquent les Caraïbes dans toute leur beauté. Song for Cuba n’est pas seulement la première réalisation canadienne de cette cinéaste d’origine cubaine, c’est aussi le film qui a lancé cette nouvelle vague de cinéastes d’origine latino-canadienne à l’ONF. Tamara Segura a écrit, réalisé et joué l’un des rôles principaux du film, qui a été présenté en première au Festival du film de l’Atlantique de Halifax en 2014.

Song for Cuba, Tamara Segura, provided by the National Film Board of Canada

Le cinéma latino-canadien à l’ONF

Née à Santiago, Marilú Mallet est une réalisatrice canado-chilienne plusieurs fois primée et l’une des plus importantes femmes cinéastes de la diaspora chilienne. Elle s’est installée au Canada après le coup d’État de 1973 contre Salvador Allende. Au cours d’une carrière qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, elle a réalisé cinq films pour l’ONF, dont La Cueca Sola (2003), un long métrage documentaire sur cinq femmes au destin écorché par la dictature de Pinochet, devenues des héroïnes de la démocratie. Ce film primé a été projeté dans 15 festivals à travers le monde.

La cueca sola, Marilú Mallet, offert par l’Office national du film du Canada

Ce billet est le résultat de recherches que j’ai effectuées au cours des deux dernières années (voir aussi « 77 ans de cinéma latino-canadien à l’ONF ») sur les différentes phases de la production cinématographique latino-canadienne à l’ONF depuis 1945, dans le but de promouvoir les arts et la culture de cette communauté sous-représentée au Canada.

Pour accompagner ces billets, j’ai créé des chaînes de l’ONF comme ONF à l’étranger : l’Amérique latine à l’écran, où le public peut découvrir une sélection de films de l’ONF réalisés au Canada et en Amérique latine qui mettent en lumière les peuples, les arts et la culture de la région. Cette année, nous ajouterons également des films de cinéastes latino-canadiennes à notre chaîne Mois du patrimoine latino-américain, qui répertorie et célèbre la contribution artistique des Canadiennes et Canadiens d’origine latine au fil des décennies.

Bon visionnement !

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