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77 ans de cinéma latino-canadien à l’ONF (1945-2022) | Perspective du conservateur

77 ans de cinéma latino-canadien à l’ONF (1945-2022) | Perspective du conservateur

77 ans de cinéma latino-canadien à l’ONF (1945-2022) | Perspective du conservateur

Depuis sa création en 1939, l’Office national du film du Canada joue un rôle central dans la modernisation du cinéma national — ou des cinémas nationaux — du pays.

Au cours des huit dernières décennies, l’ONF a produit des documentaires à caractère social et des œuvres d’animation expérimentales (plus particulièrement, des séries ou des films de fiction non conventionnels) qui ont remporté des prix dans le monde entier. Mais surtout, depuis ses débuts, l’ONF s’est efforcé de produire des films portant sur les peuples autochtones, les femmes, les jeunes, les personnes noires, les personnes d’Amérique latine, les personnes asiatiques et les membres des communautés 2ELGBTQI+, devançant ainsi la plupart, voire l’ensemble, des cinémas nationaux du monde entier.

Ce billet de la série Perspective du conservateur a donc pour objet de présenter aux lectrices et lecteurs les différentes périodes de la production de films de l’ONF tournés, soit en Amérique latine, soit par des réalisatrices ou réalisateurs issus de cette région, du milieu des années 1940 à nos jours.

Un regard manichéen (1945-1974)

Six ans seulement après sa création, l’ONF amorce la production de films en Amérique latine. Paraîtront d’abord La famille Garviza (1945) et Renaissance du Mexique (1947). Dans les deux cas, les cinéastes et l’équipe de production évoquent une Amérique latine où : « à première vue, les différences sont nombreuses mais rapidement les ressemblances entre les familles l’emportent sur les différences. »

La famille Garviza, , offert par l'Office national du film du Canada

Toutefois, peu de temps après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque s’installe la Guerre froide, une vision du monde manichéenne prévaut. On réalise alors des films tels que Man of America (1956), Chair of Gold (1956) ou Regards sur l’Amérique latine (1963), qui dépeignent l’Amérique latine comme une région étrangère : « un dénominateur commun caractérise les dix-sept états hispaniques qui composent l’Amérique latine : des masses miséreuses sans cesse au bord de la révolte. »

La géographie et l’histoire nous disent pourtant le contraire : le Canada et l’Amérique latine ont en commun non seulement un hémisphère et une histoire, mais aussi de nombreux aspects culturels et artistiques, comme nous le verrons plus loin dans le présent article.

Regards sur l'Amérique latine, , offert par l'Office national du film du Canada

Les latino-américains à l’ONF (1975-1999)

Si, pendant plus d’une décennie, l’ONF continue de tourner des films en Amérique latine (dont Festival in Puerto Rico [1961] et Waiting for Fidel [1974]), ce n’est qu’à compter du milieu des années 1970 que des cinéastes latino-américains commencent activement à enrichir son répertoire. En 1975, les Chiliens Jorge Fajardo, Marilú Mallet et Rodrigo González réalisent le triptyque Il n’y a pas d’oubli. Il s’agit là d’un des rares exemples de long métrage de fiction de l’ONF, film fondateur du cinéma et des arts latinx-canadiens, dans lequel chaque cinéaste raconte sa «difficile condition d’exilés [ou d’exilée] dans un contexte politico-social déterminé, en l’occurrence, le Québec. »

Il n'y a pas d'oubli, Rodrigo Gonzalez, Jorge Fajardo et Marilú Mallet, offert par l'Office national du film du Canada

Au milieu des années 1980, le Colombien Germán Gutiérrez entame à son tour une prolifique carrière au sein de l’ONF, avec La familia latina (1986), qui présente des « Latino-Américains [qui] ont préféré l’exil à la répression et à la misère… Qui sont-ils ? Que savons-nous de leur vécu, de leur culture ?[1] » Gutiérrez, au début des années 1990, réalise aussi Five Centuries Later… (1991) et Vivre en Amazonie (1992), deux œuvres qui évoquent le combat et la réalité des peuples autochtones, tant en Amérique latine qu’au Canada. Et Patricio Guzmán, que plusieurs considèrent comme étant le plus grand documentariste vivant au monde, crée Chili : la mémoire obstinée (1997), qui évoque son retour au pays après 23 ans d’exil, alors qu’il rapporte dans ses bagages le documentaire La bataille du Chili (1973-1978), son récit le plus marquant qui avait fait le tour du monde, mais n’avait jamais été présenté au Chili.

Vivre en Amazonie, Germán Gutiérrez, offert par l'Office national du film du Canada

Le nouveau millénaire (2000-2013)

À l’arrivée du nouveau millénaire, un groupe diversifié de cinéastes réalise à l’ONF une grande variété de films portant sur différents thèmes et sujets. Le documentaire Spirits of Havana (2000), par exemple, « accompagne la saxophoniste soprano et flûtiste réputée Jane Bunnett, qui parcourt Cuba en compagnie du trompettiste Larry Cramer afin de rétablir les liens avec de vieux amis… l’espace d’une séance d’enregistrement. » Secrets de polichinelle (2003), du Vénézuélien José Torrealba, est un récit universel mêlant images d’archives et séquences tournées pour le film, qui « fait le portrait d’hommes homosexuels ayant travaillé au sein de l’armée canadienne durant la Seconde Guerre mondiale. » Poésie visuelle et sonore élégamment structurée, Jelena’s Song (2010), du Colombien Pablo Álvarez-Mesa, « évoque le pouvoir de transformation des souvenirs ranimés et des rituels quotidiens pour une artiste. » Dans Taxi libre (2011), le protagoniste, interprété par l’acteur mexicain Omar Alexis Ramos Torres, « témoigne de la réalité d’un professeur d’université mexicain, forcé de conduire un taxi à Montréal. »

Cette période de l’ONF illustre clairement la proximité, en matière de culture (musique) et de thématiques sociales (discrimination envers les minorités) — entre autres —, des sociétés latino-américaines et de la société canadienne à cette époque.

Secrets de polichinelle , José Torrealba, offert par l'Office national du film du Canada

Les films de cinéastes québécoises ou canadiennes d’origine latino-américaine (2014-2022)

Au cours des dernières années, des cinéastes d’origine latino-américaine ont signé pour l’ONF une variété de films qui ont enrichi son catalogue d’œuvres latino-canadiennes. Une chanson pour Cuba (2014), de Tamara Segura, a inauguré cette vague de films réalisés par des cinéastes québécoises ou canadiennes d’origine latino-américaine à l’ONF. Son film « sur la mémoire et la musique suit un jeune couple cubain qui s’ouvre à une vie nouvelle sur une île de l’Atlantique Nord ». Dans Avant la nuit (2020), de Nadine Gómez, « la réalisatrice considère ce temps d’arrêt forcé comme une occasion de repenser, à partir de la crise actuelle, nos modes d’existence, notre rapport à l’autre […] ». Plus récemment, l’ONF a produit Samedi, la nuit (2021), de la Vénézuélienne Rosana Matecki (disponible dès le 10 octobre), Lo 100to (2022), de Karla Monterrosa, et Alchimie moderne (2022), de Bren López Zepeda (disponible plus tard cette année).

Samedi, la nuit, Rosana Matecki, offert par l'Office national du film du Canada

L’initiative 77 ans de cinéma latino-américain à l’ONF (1945-2022) comprend le présent billet de la série Perspective du conservateur, des chaînes (incluant des parutions récentes) et d’autres événements, qui seront présentés tout au long du mois d’octobre sur ONF.ca et NFB.ca afin de souligner le Mois du patrimoine latino-américain au Canada. L’initiative a pour objectif de faire connaître les différentes étapes qu’a traversées le cinéma latino-américain à l’ONF et de promouvoir l’histoire, la politique, l’art et la culture de cette communauté sous-représentée.

L’Office national du film du Canada est l’album de famille du pays. Il en reflète avec justesse la nature multiethnique et pluriculturelle, comme en témoigne son patrimoine d’œuvres latino-canadiennes.

REMARQUE : La liste des cinéastes et des films de cet article de blogue n’est pas exhaustive. Je continuerai d’explorer le cinéma latino-canadien à l’ONF et de souligner le travail d’autres cinéastes exceptionnels, tels que Patricio Henríquez et Carlos Ferrand, parmi tant d’autres, dans les prochains articles du blog.

Restez à l’écoute.


[1] Description du film La familia latina (1986) par Germán Gutiérrez.

Image d’en-tête : Lo 100to de Karla Monterrosa

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