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La contribution méconnue de la légende du reggae Leroy Sibbles à un monument de l’ONF | Perspective du conservateur

La contribution méconnue de la légende du reggae Leroy Sibbles à un monument de l’ONF | Perspective du conservateur

La contribution méconnue de la légende du reggae Leroy Sibbles à un monument de l’ONF | Perspective du conservateur

J’ai récemment fait une découverte surprenante à propos du film phare de l’ONF Home Feeling: Struggle for a Community (1983) de Jennifer Hodge de Silva : une bonne partie de la bande sonore a été composée par le grand Leroy Sibbles.

Dans ce volet de la Perspective du conservateur, je vous présente la légende jamaïcaine du reggae et son rôle méconnu dans la réalisation de cette bande sonore. Pour en savoir plus sur le roi incontesté de la ligne de basse reggae, je vous invite à regarder l’épisode de la série de Graeme Mathieson et Chris Flanagan Rythmes et résistance : le voyage du reggae au Canada (2024) consacré à Leroy Sibbles. Cet artiste a tout laissé derrière lui dans sa Jamaïque natale pour se créer un nouvel héritage à Toronto.

Jennifer Hodge de Silva : une réalisatrice d’avant-garde

Jennifer Hodge de Silva (née Jennifer Hodge en 1951 à Montréal) est la première cinéaste noire à réaliser un film de l’ONF axé sur les perspectives et les expériences de la communauté noire. Elle apporte sa première contribution professionnelle à l’ONF en travaillant comme productrice associée et coordonnatrice de production du film de Terence Macartney-Filgate Fields of Endless Day (1978). Ce rare docudrame de l’ONF cherche à découvrir les « racines » de la population noire du Canada. La musique revient à Oscar Peterson et Rick Wilkins, musiciens canadiens noirs de renommée internationale.

Un an plus tard, Jennifer Hodge de Silva réalise son premier film à l’ONF. Intitulé Canada Vignettes: Helen Law (1979), il brosse le portrait d’une immigrante chinoise au Canada, vu à travers les yeux de son fils, Canadien de première génération. Le film suivant de Jennifer Hodge de Silva pour l’ONF, auquel le cinéaste Roger McTair apporte sa contribution[viii], sera malheureusement le dernier. Le long métrage documentaire Home Feeling: Struggle for a Community (1983) pose les jalons du cinéma noir canadien à l’ONF. Tourné au nord de Toronto, au cœur du tristement célèbre « corridor » Jane-Finch, il explore les questions du logement, du chômage et de l’autoritarisme, et s’intéresse à plusieurs résidentes et résidents des communautés jamaïcaine, grenadienne et guyanaise, qui, parmi tant d’autres, luttent pour gagner leur vie. Il s’agit d’un portrait mémorable des communautés des Antilles dans le Toronto du début des années 1980, d’autant plus que Leroy Sibbles a joué un rôle, jusqu’à récemment inconnu, dans la création de la musique du film.

Leroy Sibbles, légende du reggae

Né à Trench Town, en Jamaïque, en 1949, Leroy Sibbles est considéré comme le plus grand talent polyvalent de l’histoire du reggae[ix]. Compositeur, bassiste, arrangeur et producteur, il a également été le chanteur de l’influent groupe les Heptones — ska, rocksteady, reggae — qui a enregistré avec tous les grands producteurs de « l’âge d’or », comme Clement « Coxsone » Dodd, Lee Scratch Perry et Joe Gibbs, ainsi que Jerry Brown, qui, comme le souligne Rythmes et résistance, a créé le premier studio d’enregistrement de reggae au Canada, pour donner une voix aux artistes de Toronto.

Leroy Sibbles est l’un des principaux créateurs de la célèbre maison de disques Studio One, qui a contribué à lancer la carrière musicale d’autres grandes vedettes jamaïcaines, entre autres Horace Andy, Ken Boothe et Burning Spear (l’une des chansons les plus durables d’Horace Andy, alias Sleepy, est Mr. Bassie, un hommage à Leroy Sibbles dont le titre fait référence à son surnom). Le célèbre bassiste est également connu pour ses contributions à des classiques du reggae comme Satta Massagana et Declaration of Rights des Abyssinians, Door Peep (Shall Not Enter) de Burning Spear et l’instrumental Full Up, qui a inspiré les succès ultérieurs Pass the Kouchie des Mighty Diamonds et Pass the Dutchie de Musical Youth.

Leroy Sibbles et la bande sonore de Home Feeling

Au sommet de sa carrière, Leroy Sibbles quitte son pays natal pour créer de la musique à Toronto, comme l’ont fait une foule d’autres musiciens jamaïcains (Jackie Mittoo, Johnny Osbourne et bien d’autres) qui ont nourri et stimulé la scène musicale de la ville dans les années 1970. Ils ont ouvert la voie au reggae à Toronto et au Canada, et ont laissé une marque indélébile (même si elle n’est pas encore largement reconnue) dans le paysage musical du pays. Certes, son nom est mal orthographié — Sibblis, voir ci-dessus — au générique de Home Feeling (00:56:50-00:57:00). Pourtant, les documents originaux qui figurent au dossier du film dans les archives de l’ONF (voir ci-dessous) indiquent clairement que c’est bien Leroy Sibbles qui est l’auteur de la musique.

On le constate : Leroy Sibbles a bien été nommé au générique comme compositeur, arrangeur et auteur de la musique originale de Jane Finch Corridor, titre provisoire de Home Feeling. Savoir qu’il a composé la musique de ce film important rend l’œuvre encore plus fascinante. Le nom de Leroy Sibbles apparaît au générique pour plus de 11 minutes de la partition et 12 pièces musicales. Pour les admiratrices et admirateurs de sa musique, voici une liste détaillée des morceaux qu’il a composés :

Une collection riche en surprises

La collection de l’ONF regorge de surprises et de joyaux : œuvres de collaboratrices et de collaborateurs talentueux des quatre coins du monde. Admirateur de longue date de Leroy Sibbles, des Heptones et de la musique jamaïcaine en général, je suis ravi d’avoir découvert la contribution de Leroy Sibbles à un projet de l’ONF. Cette contribution souligne le rôle inestimable des artistes des Caraïbes au paysage musical canadien et local.

Cet été, l’ONF vous invite à en découvrir davantage sur le rôle de ces artistes dans Rythmes et résistance, une captivante anthologie en cinq parties qui vous fera voyager de Kingston, en Jamaïque, jusqu’au Kensington Market de Toronto. L’épisode sur le « parrain du dancehall » se révèle particulièrement captivant. Il met en vedette Johnny Osbourne, ancien élève de l’Alpha Boys’ School, l’orphelinat de Kingston où sont passés nombre de musiciens qui ont influencé le développement du ska, du rocksteady, du roots et du reggae, entre autres Yellowman, quatre membres fondateurs des Skatalites (dont Don Drummond et Tommy McCook), sans oublier Vin Gordon et Rico Rodriguez, légendes du trombone, du ska et du reggae.

Qui sait quelles surprises nous réservent les archives de l’ONF. Peut-être y trouvera-t-on d’autres contributions inconnues d’artistes acclamés, comme le parrain du dancehall lui-même !


Image d’en-tête: Leroy Sibbles (2024) de Chris Flanagan & Graeme Mathieson

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