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Enseignement supérieur | KOROMOUSSO – Grande sœur

Enseignement supérieur | KOROMOUSSO – Grande sœur

Enseignement supérieur | KOROMOUSSO – Grande sœur

KOROMOUSSO – Grande sœur : Solidarité et courage dans la reconstruction du clitoris après l’excision

Ce film traite d’un sujet délicat. Afin d’assurer un contexte sécuritaire et de protéger la santé psychologique des étudiantes et étudiants avant, pendant et après le visionnage, veuillez prendre note de ces recommandations.

KOROMOUSSO – Grande soeur, Habibata Ouarme et Jim Donovan, offert par l’Office national du film du Canada

Mots clés : Agentivité des femmes, chirurgie réparatrice, effet de l’immigration sur l’estime de soi, excision, identité féminine, mutilations génitales féminines, réappropriation du corps, reconstruction du clitoris, santé physique et psychologique, sexualité féminine, solidarité féminine, traumatisme

Le documentaire KOROMOUSSO – Grande sœur raconte l’histoire de Safieta, qui, ayant subi une mutilation génitale féminine / excision (MGF/E) dans son pays d’origine lorsqu’elle était bébé, souhaite recourir à une chirurgie reconstructive, avec le soutien de ses amies. Ces femmes prennent la parole par et pour elles-mêmes. Elles relatent certaines des conséquences physiques et psychologiques associées à l’excision. Elles soulignent particulièrement l’importance de l’accès à la reconstruction du clitoris, qui permet, dans une certaine mesure, de se réapproprier son corps ainsi qu’une santé sexuelle plus satisfaisante.

À travers le parcours de Safieta, le documentaire met en lumière la solidarité et l’agentivité féminines, et soulève la question du contrôle social associé à la pratique des MGF/E, surtout lorsqu’il s’agit de mineures. Au-delà de la nature violente de la pratique, les discours des femmes rappellent l’importance tant de la santé que du plaisir sexuel, un droit pour toutes les femmes. KOROMOUSSO – Grande sœur met en évidence l’urgence d’offrir, au Canada, l’accès à la reconstruction clitoridienne et, surtout, à un accompagnement pour les femmes ayant subi une excision dans leur pays d’origine.

Un tel soutien vise la réparation physique et psychologique, tout en luttant contre la stigmatisation et les obstacles sociaux. Le documentaire soulève des éléments à considérer dans le cadre de pratiques médicales et psychologiques auprès de femmes vivant avec une forme de MGF/E, ainsi que la nécessité de former le personnel de la santé et des services sociaux afin d’offrir des soins et des services adéquats.

KOROMOUSSO – Grande sœur encourage le personnel enseignant, du milieu de la santé et des services sociaux à mieux comprendre les enjeux de prévention, d’éducation et de sensibilisation liés à cette question délicate pour la santé des femmes.

La pratique des mutilations génitales féminines / excision (MGF/E)

Cette pratique, reconnue à l’échelle mondiale comme une violation des droits de la personne, s’inscrit dans des contextes socioculturels complexes, où des déterminants et des rapports sociaux de genre mettent en jeu contraintes et bénéfices perçus. Malgré des efforts concertés de sensibilisation et de lutte contre les MGF/E, ainsi que la multiplication de mesures légales les bannissant à l’échelle internationale, une estimation de prévalence élevée est relevée dans certains pays. De plus, avec la migration des populations, certaines personnes ayant vécu cette expérience se retrouvent accueillies par des pays n’ayant pas été exposés à une telle pratique.

En tant que professeure dans une Faculté de sciences infirmières, impliquée en santé publique et préoccupée par l’accessibilité des soins et des services de qualité pour les personnes en contexte d’immigration dans les différentes provinces du Canada, je recommande ce documentaire au personnel enseignant et au personnel de la santé et des services sociaux, et ce, pour plusieurs raisons, notamment de responsabilisation. Cette responsabilité implique, entre autres, de :

  • se sensibiliser, s’éduquer et se former sur les enjeux liés aux MGF/E, une pratique reconnue mondialement comme une violation des droits de la personne et un enjeu de santé publique. Au Canada, la question des MGF/E reste très délicate, même si cette pratique est interdite par la loi ;
  • s’outiller et comprendre la nécessité d’offrir un soutien et un accompagnement tant médical que psychologique et social aux femmes vivant avec une MGF/E, dans une approche multidisciplinaire et un partenariat intersectoriel visant à assurer des soins de qualité ;
  • réfléchir à ses perceptions, à ses attitudes et à sa posture. Le documentaire encourage la réflexion et met en évidence des préjugés implicites afin d’aborder ces questions avec sensibilité et en toute équité ;
  • fournir des enseignements, des soins et des services qui tiennent compte des émotions, des perceptions et des expertises de part et d’autre de la relation clinique et pédagogique ;
  • comprendre les conséquences des MGF/E afin d’élaborer des politiques de santé publique efficaces ;
  • sensibiliser la population et lutter contre cette violation des droits fondamentaux pour contribuer à la santé et au bien-être des femmes vivant avec une MGF/E au Canada.

Réfléchir et se questionner sur ses perceptions et sa posture lors d’une situation déstabilisante

Visionner un documentaire de cette nature offre à toutes et tous l’opportunité d’examiner ses propres biais et préjugés ainsi que de formuler des questions et d’émettre des hypothèses.

Ainsi, après le visionnage du documentaire, encouragez les personnes présentes à prendre un temps de réflexion. De façon progressive, engagez la conversation en demandant aux personnes présentes de se rappeler un extrait de la trame narrative qui les aurait particulièrement interpellées – par exemple, l’extrait où l’on fait référence à la reconstruction souhaitée de cette partie du corps intime afin de retrouver un « tout » perçu comme ayant été « volé », « détruit ».

Lors d’une conversation présentée dans le documentaire, l’une des femmes raconte avoir perçu de la désapprobation dans le ton d’un médecin, notamment dans sa façon de poser des questions sur cette pratique ; l’attitude du médecin et le contexte de la relation clinique sont rapportés comme une approche potentiellement stigmatisante et peu susceptible de favoriser un lien de confiance. Une des conséquences est de dissuader les femmes vivant avec une MGF/E de recourir à des services sociaux et de santé. Un autre extrait évoque ainsi l’importance de « se sentir confortable avec le médecin » et d’engager une conversation dès qu’on ressent un inconfort.

À un autre moment du documentaire, l’expérience de l’immigration est comparée à une sorte de « mort » qui nécessite de trouver le courage de vivre et de se recréer au sein d’une nouvelle société. Dans le contexte illustré par ce documentaire, il s’agit, entre autres, d’apprendre à s’adapter aux lois du Canada en matière d’immigration et au fonctionnement du système de santé et de services sociaux, et à vivre en tant que femme avec une MGF/E dans une société ne connaissant que peu cette pratique. Il est recommandé de discuter des propos rapportés à ce sujet et d’en souligner les nuances, et ce, afin d’éviter des biais implicites. L’arrivée dans une nouvelle société, certes, donne lieu à un « choc » de cultures, de valeurs et de pratiques, nécessitant une certaine forme de recul et d’adaptation. Cependant, il est tout aussi essentiel que les personnes nouvellement arrivées au Canada soient accompagnées et informées de leurs droits, notamment en ce qui concerne l’accessibilité à des soins de santé et à des services sociaux.

Ainsi, selon son identité socioculturelle et la mesure dans laquelle celle-ci rejoint les valeurs de la société d’accueil, la femme vivant avec une MGF/E au Canada évoluera, au fil de son intégration, dans un métissage de normes et de valeurs. Que cette femme ait été pour ou contre la perpétuation de la pratique des MGF/E par le passé, son opinion pourrait ou non changer au fur et à mesure qu’elle développe un sentiment d’appartenance à la société d’accueil. Le documentaire fait ressortir les enjeux liés aux pressions venant du pays d’origine que peuvent vivre les familles installées au Canada et les risques que cela pose pour la santé physique et mentale des petites filles, qu’elles soient nées au Canada ou non.

Pour le personnel médical, notamment, il s’agit de se questionner sur :

  1. la trajectoire personnelle de la femme, afin de mieux situer ce type d’expériences traumatisantes et d’y répondre, selon les normes de la société d’accueil ;
  2. la façon dont une conversation peut être engagée sur ce vécu en assurant une éthique relationnelle ;
  3. la valeur ajoutée d’une approche multidisciplinaire et d’un partenariat intersectoriel, axés sur des interventions personnalisées de soutien psychologique, de kinésithérapie pelvienne et en sexologie, entre autres suivis pouvant être offerts ;
  4. la nécessité de mettre en place diverses ressources pour réduire les écarts de compréhension et d’interprétation, notamment grâce au soutien d’interprètes.

Les propos rapportés dans ce documentaire constituent donc une occasion de remettre en question, d’un point de vue critique, sa compréhension et ses perceptions liées à la pratique des MGF/E, qui peut causer de fortes réactions. En évoquant des séquences de vie et en présentant des témoignages de vécus particuliers, le film constitue une avenue privilégiée pour renforcer ses capacités d’analyse critique, de posture réflexive et de mise en action devant des situations déstabilisantes émotionnellement. Une des leçons que nous enseigne le documentaire concerne l’importance d’aborder, de part et d’autre, ce genre de conversation avec sensibilité lors d’une interaction clinique impliquant des enjeux socioculturels et d’offrir un accompagnement engagé, au moment opportun, afin de prodiguer des soins de qualité et en toute équité.

Prendre le temps de s’informer et de se former : la contribution des partenariats multidisciplinaires et intersectoriels

Prendre conscience de l’étendue des initiatives et des réseaux d’entraide visant à soutenir les femmes vivant avec une MGF/E au Canada permettra de construire une forme de « culture de démystification » et de poser un regard critique sur la façon dont ces ressources peuvent contribuer, selon leurs champs d’expertise respectifs, au renforcement du soutien offert à ces femmes au Québec et au Canada.

Concernant plus précisément les limites dans l’offre de services sociaux et de santé, qui ont des conséquences sur la santé et le bien-être qui pourraient pourtant être prévenues, le documentaire démontre clairement que l’option de la reconstruction clitoridienne devrait être accessible. Cette option est possible même si elle n’est pas simple ; elle requiert une trajectoire de soins et l’implication de multiples spécialités, tant sur le plan clinique (physique et psychologique) que dans le partenariat avec des organismes communautaires, dont l’expertise d’accompagnement constitue une valeur ajoutée à court, moyen et long terme.

En tant que personnel de la santé et des services sociaux, il est important de s’informer et de s’outiller pour mieux comprendre les enjeux qu’ont vécus et que peuvent continuer à vivre les femmes avec une MGF/E, pour ainsi mieux intervenir tant en contexte clinique que dans l’accompagnement. Un nombre croissant de ressources et d’initiatives de sensibilisation, d’information et de formation ont été mises en place au cours des dernières années à travers le Canada, notamment :

  • des études réalisées tant auprès du personnel de santé et des services sociaux qu’auprès de femmes vivant avec une MGF/E, afin de produire des données probantes sur les défis et les besoins relatifs à l’offre et à l’accessibilité des services sociaux et des soins de santé au Canada ;
  • des lignes directrices et des ressources adaptées au contexte canadien dans les domaines non seulement de la santé et des services sociaux, mais également en éducation et dans les services juridiques, notamment en ce qui concerne la protection de l’enfance et de la jeunesse en lien avec la pratique des MGF/E ;
  • des services de santé physique et psychologique;
  • des services de soutien offerts par des organismes communautaires aux femmes vivant avec une MGF/E et à leur famille ;
  • des activités de sensibilisation du public ;
  • des énoncés du gouvernement fédéral et de certaines provinces quant à la pratique des MGF/E ;
  • des prises de position de groupes de femmes, avec un angle d’analyse féministe et intersectionnel, visant la prévention et l’élimination de la pratique des MGF/E sur la scène mondiale.

Ressources PROPOSÉES

Cliniques au Canada

  • La Fondation Sensolia (Montréal, Québec)
  • Women’s Health In Women’s Hands (Toronto, Ontario)
  • Halifax Refugee Clinic (Halifax, Nouvelle-Écosse)
  • MOSAIC Vancouver (Vancouver, Colombie-Britannique)

Pour en savoir plus

Le site web du GAMS Belgique (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles) propose une vidéo informative sur la désinfibulation. Cette vidéo a été créée et produite par le GAMS Belgique en collaboration avec le projet RHCforFGC Gender-Net Plus Europe-Canada et est offerte en neuf langues (afar, amharique, anglais, arabe, français, néerlandais, peul, somali et tigrinya) :

Sur la chaîne YouTube du GAMS Belgique

Ressources vidéos complémentaires

Bilkis Vissandjée est professeure titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche en santé publique de l’Université de Montréal (CReSP), ainsi qu’au Centre de recherche SHERPA du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Son principal intérêt de recherche et d’intervention réside dans les défis que pose la prestation de soins de qualité selon une perspective croisée tenant compte des rapports sociaux de genre, de l’appartenance ethnique, de la langue, ainsi que de la littératie en santé, des expériences d’immigration et de l’équité.

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