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Enseignement supérieur | Wintopia

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Je vois le verre à moitié plein

et à moitié vain

– Peter Wintonick

Wintopia (Version française), Mira Burt-Wintonick, offert par l’Office national du film du Canada

Cette citation qui figure au début du documentaire Wintopia, réalisé par Mira Burt-Wintonick, constitue une parfaite introduction à une expérience de visionnage mémorable. Elle est suivie d’une scène où l’on voit le célèbre cinéaste Peter Wintonick faire des choses simples du quotidien : régler sa caméra, tenir une carte entre ses mains. Une telle entrée en matière laisse entendre que nous sommes sur le point de vivre quelque chose de joyeux et de touchant en pénétrant dans la vie d’un être remarquable, présenté en partie selon le point de vue de sa fille et collaboratrice, Mira.

Outre les images que Peter a tournées durant une carrière de plusieurs décennies, le film nous fait partager ses pérégrinations aux quatre coins de la planète, ses mots, son humour et ses réflexions. Le bruit du vent devient parfois omniprésent, ce qui m’a rappelé à quel point un bon équilibre entre image et son peut avoir une influence positive sur l’expérience du public.

Peter Wintonick était un homme extraordinaire. Ce cinéaste émérite, lauréat d’un Prix du Gouverneur général, réalise et coréalise, à compter des années 1990, des documentaires importants et applaudis tels Chomsky, les médias et les illusions nécessaires (1992), Cinéma vérité : le moment décisif (1999) et Seeing Is Believing: Handicams, Human Rights and the News (2002), pour ne nommer que ceux-là.

En 2008, le tandem père-fille collabore à un film intitulé PilgrImage. Pour ce projet, il entame un périple cinématographique autour du monde. Malheureusement, Peter décède en 2013, à l’âge de 60 ans, des suites d’une maladie soudaine, laissant un héritage considérable et créant un vide plus grand encore dans le monde du documentaire.

Wintopia est né des quantités de pellicules, de fichiers audio, de notes et de lettres qu’il avait conservés, dont les quelque 300 bandes remplies d’images tournées sur plus de 15 ans et captant des moments de ses voyages autour du monde à la recherche de ce qu’il nommait son « utopie ». À la mort de son père, c’est à Mira qu’il est revenu de réaliser le film et d’effectuer le montage de ces images afin de leur donner vie.

Paru en 2020 durant la pandémie, Wintopia a fait naître une lueur d’espoir au milieu de cette période dystopique. J’ai eu la chance d’en obtenir une copie et de le présenter dans le cadre du cours Film et culture que je donne au Collège Dawson, à Montréal. Les étudiantes et étudiants ont aimé pouvoir entrer dans l’intimité d’un grand cinéaste, et la manière dont Mira a conçu le film leur a plu.

Après l’avoir vu, l’un d’entre eux a dit : « Je passe le plus clair de mon temps à m’en faire pour le travail et l’école, et voici un réalisateur accompli qui se filme en train de faire des choses banales un peu n’importe où, qui tourne des images de moulins à vent, d’eau, d’oiseaux, de statues. J’ai adoré voir tout ça. »

Après la projection, Mira a généreusement accepté de rencontrer mes étudiantes et étudiants via Zoom. Comme mon cours porte essentiellement sur les cinéastes du Canada, c’était pour eux l’occasion rêvée de poser des questions tant sur le processus créatif que sur les défis liés à la réalisation du film, et cet entretien leur a beaucoup apporté. Mira a évoqué le caractère unique de ce qu’a représenté le fait de passer en revue des vieux films, des journaux intimes, des coupures de presse et des cartes laissés par un homme qui était son père, mais aussi son collaborateur.

Wintopia est en fait trois films en un : un film sur le cinéaste lui-même, un film sur sa quête de l’utopie et un film sur une relation père-fille. En 90 minutes seulement, il donne à voir de nombreux moments touchants entre Peter et Mira. La narration de cette dernière permet de bien comprendre le type de relation qu’ils entretenaient, mais aussi le processus de création du film lui-même.

Avec Wintopia, les étudiantes et étudiants ont pu découvrir quelques-uns des termes inventés par Peter — qui aimait jouer avec les mots —, comme « documocratie » ou « Mondragon », le nom d’une coopérative espagnole. En fait, Peter est à la fois enjoué et émouvant chaque fois qu’il apparaît à l’écran. Ce film convient à tout type de cours de niveau postsecondaire, puisqu’il aborde tant le cheminement d’une vie et la quête d’équilibre que l’exploration créatrice. Voir Wintopia constitue une belle expérience d’apprentissage, une expérience cathartique, pour un public d’âge varié.

J’ai eu le plaisir de connaître Peter et, à tire d’enseignante, le privilège de l’inviter à prendre part à plusieurs de mes cours au Collège Dawson. Je ne suis pas étonnée qu’un film sur Peter — et, au moins en partie, de Peter — ait une si grande résonance et une telle portée même après sa mort. De son vivant, Peter ne manquait aucune occasion de venir en classe pour raconter ses histoires, partager avec les étudiantes et étudiants — que son esprit et son humour ravissaient toujours — son savoir et son expérience de documentariste et de conteur. Le film de Mira nous permet, année après année, de poursuivre ces discussions et cet apprentissage. À présent, il nous est permis d’espérer accueillir Mira à son tour et d’apprendre de son savoir-faire, que ce soit sur Zoom ou dans une salle de classe.

Professeure, chercheuse et documentariste indépendante, Dipti Gupta s’intéresse particulièrement aux enjeux sociaux et à ceux qui concernent les femmes. Elle enseigne au département de cinéma et de communication du Collège Dawson, à Montréal, et donne également un cours sur les diverses formes du cinéma bollywoodien à l’Université Concordia. Dipti Gupta est membre du conseil d’administration de la compagnie théâtrale montréalaise Teesri Duniya, qui honore la diversité culturelle.

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