L’École des médias de l’ONF : favoriser la participation grâce au récit numérique

Obtenir la participation des élèves relève parfois du défi dans notre milieu scolaire en constante évolution. Nous, les enseignantes et enseignants, avons toujours en mémoire le temps où cela semblait plus facile, où cette participation tenait au fait que nous comprenions mieux les apprenantes et apprenants auxquels nous nous adressions. Certains de mes meilleurs souvenirs de l’enseignement tiennent d’ailleurs à ces moments où se manifestait la passion des élèves : des moments personnels et authentiques liés à leur expérience.

Quelle qu’ait été la situation vécue en classe au cours des deux dernières années de la pandémie, il semble que, pour beaucoup d’entre nous, les obstacles à la participation n’ont cessé de se multiplier. Les défis techniques de l’apprentissage virtuel et la séparation physique des élèves en raison des mesures sanitaires ont eu des conséquences sur les liens qui nous unissaient. Compte tenu de ces entraves à la relation, il est devenu plus difficile de bien cerner le mode d’apprentissage des uns et des autres.

Et peu importe le nombre ou la nature des solutions techniques que nous appliquerons aux environnements d’apprentissage, celles-ci ne remplaceront jamais les rapports humains qui constituent le fondement d’un milieu scolaire propice à l’acquisition des connaissances. C’est en offrant des occasions d’apprentissage authentiques et axées sur l’expérience de l’élève que nous pourrons redonner tout son sens à cet enjeu de la participation. Parmi les divers moyens dont nous disposons pour créer de telles occasions, le récit numérique occupe une place de choix.

Un récit numérique authentique

La mise en ligne, le 16 mai, du programme d’apprentissage de l’École des médias de l’ONF n’a pas pour objet de résoudre la question de la participation, mais de proposer aux élèves une façon stimulante de raconter leur vécu en classe par l’intermédiaire du récit numérique. Le cinéaste Paul Tom agit, en mode asynchrone, à titre de mentor pour l’École des médias afin d’aider les élèves à réaliser chaque étape de la création d’un récit numérique personnel et captivant. Paul fait appel à son histoire et à son expérience personnelles pour constituer la toile de fond de l’apprentissage. Dès l’activité d’introduction, il souligne qu’un récit numérique est un moyen accessible d’exprimer ses idées et son point de vue sur des sujets qui nous inspirent ou nous tiennent à cœur, et ajoute qu’il s’agit d’une façon unique de transposer ses mots en images et en actions.

L’une des caractéristiques premières du récit numérique tient au fait qu’il n’existe que pour faire partager les idées ou les expériences de la personne qui en est le sujet. Cette particularité favorise donc la participation, puisque celle-ci semble reposer largement sur l’authenticité dans le cadre de l’expérience d’apprentissage. L’École des médias incite les élèves à établir des liens personnels et authentiques avec le thème de leur récit, et à se demander à quoi ils ou elles accordent de l’importance et de la valeur, en tant qu’individu. Dans son récit numérique, Paul a choisi de mettre l’accent sur l’expérience d’immigration qu’a vécue sa famille et sur les conséquences qu’a eues cette expérience sur sa vie. En racontant cet épisode déterminant de son existence, il a élargi la vision du monde de son public.

Chaque élève de la classe vit des expériences qu’il ou elle estime importantes, et qu’il importe d’entendre. L’École des médias offre à tous et toutes une occasion de concevoir un récit numérique authentique, et leur assure le soutien nécessaire pour leur permettre de partager cette histoire.

Des occasions d’apprentissage flexibles

Lorsqu’on apporte un soutien à l’enseignement, la première question que les membres du personnel enseignant posent inévitablement est la suivante : « Comment vais-je intégrer cette matière au curriculum ? » La question se justifie tout à fait, puisque c’est à nous, les enseignants et enseignantes, que revient l’application concrète du curriculum. Reste que celui-ci laisse beaucoup de flexibilité et de latitude. S’il est vrai que certains programmes, par exemple celui des langues (en Ontario, il inclut la lecture, l’écriture, la communication orale et l’éducation aux médias), présentent en soi une plus grande flexibilité, les enseignants et enseignantes peuvent adapter leurs cours dans bien des domaines de manière à répondre aux besoins des élèves. Conçue selon le principe voulant que le personnel enseignant souhaite adapter les contenus aux besoins des élèves et à ceux du curriculum, l’École des médias de l’ONF repose précisément sur la flexibilité.

Le volet consacré au récit numérique comporte 11 modules indépendants. Les modules portent sur les principes de base du récit numérique, dont le choix d’un sujet et la recherche à effectuer, ainsi que sur des aspects plus techniques, par exemple la prise de photos percutantes, le montage du contenu et sa publication. Les modules ne se rattachent ni à un niveau ni à un curriculum particulier : on les a conçus de manière séquentielle, mais en veillant à ce qu’ils soient suffisamment flexibles pour être utilisés suivant l’ordre qui convient le mieux aux acquis d’apprentissage des élèves. Chacun des 11 modules reprend la formule globale que privilégie l’École des médias, à savoir un contenu bien étayé, mais qui ne se limite pas à une séquence linéaire. Chaque module comprend en outre une partie qui invite à « passer à l’action » et à maximiser ainsi l’apprentissage par expérience.

Puisque les plateformes d’apprentissage en ligne semblent désormais bien intégrées aux programmes enseignés virtuellement ou en présentiel, l’École des médias appuie le corps enseignant et les élèves en s’adaptant à toutes les plateformes. Tous et toutes pourront donc accéder aux modules sur le récit numérique au moyen de leur abonnement CAMPUS sans avoir besoin d’une nouvelle plateforme. À mesure que les élèves progressent dans l’étude des modules, les notes prises à chaque étape sont enregistrées et peuvent être exportées en format Word ou copiées dans un document Google.

Des compétences essentielles à approfondir

Lorsqu’on souhaite créer un contenu médiatique, on a souvent l’impression qu’Internet constitue un univers sans fin d’images parmi lesquelles il suffit de choisir. Qui n’a pas assisté à une présentation dans laquelle le filigrane figurant sur l’une des photos affichées révélait nettement que cette photo n’était pas destinée à un tel usage ? Il n’est pas toujours facile de comprendre la notion de droit d’auteur, et j’ai souvent dû chercher sur Internet des façons d’expliquer clairement aux élèves ce qu’il en est des droits relatifs aux images. Ici encore, l’École des médias ne prétend pas répondre à toutes les questions, mais Paul Tom nous fait part de certaines leçons importantes tirées de son vécu qui apportent un éclairage fort utile sur les droits et obligations liés aux images.

Le module « Droit à l’image, droit d’auteur et éthique numérique » fournit à ce sujet des renseignements bien étayés. On y trouve des conseils à l’intention des créateurs et créatrices, et de l’information détaillée sur les licences Creative Commons. Le module ouvre aussi la discussion sur le respect de la vie privée et la protection des renseignements personnels en utilisant comme toile de fond des saisies d’images destinées aux récits numériques.

L’École des médias peut aussi inciter les créateurs et créatrices à réaliser leurs propres images plutôt que de recourir à celles d’autres personnes. Le module « La prise de vue » améliore leur compréhension technique des diverses fonctions de l’appareil photo, par exemple le temps de pose, l’ouverture et la vitesse d’obturation, au moyen de simulations interactives. Souvent nécessaires pour parfaire l’art de la saisie d’images, ces compétences ne sont pas faciles à enseigner. L’École des médias permet d’acquérir une compréhension approfondie de ces concepts clés que nos appareils numériques semblent avoir programmés de façon indépendante.

Une vision élargie

Les récits numériques ont le potentiel d’amener les élèves à participer d’une façon qui soit à la fois authentique à leurs propres yeux et pertinente pour leur public. Les compétences qu’ils et elles peuvent acquérir grâce à cet apprentissage sont transférables à un grand nombre de contextes et de matières. Si les espaces en ligne et les réseaux sociaux que nous utilisons quotidiennement semblent limiter notre vision du monde à l’aide de chambres d’écho tributaires de l’intelligence artificielle, l’éducation peut en revanche continuer d’élargir nos perspectives pour peu que les milieux d’apprentissage soient façonnés par les élèves. Le récit numérique constitue pour les apprenants et apprenantes l’une des façons de donner forme aux connaissances acquises en classe.