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Ramaillages ou l’art de faire les choses autrement | Perspective du conservateur

Ramaillages ou l’art de faire les choses autrement | Perspective du conservateur

Ramaillages ou l’art de faire les choses autrement | Perspective du conservateur

Comme pour moi, la pandémie a peut-être changé vos habitudes alimentaires durant cette dernière année. Peut-être vous êtes-vous amusés avec vos enfants ou encore appliqués le plus sérieusement du monde à faire votre propre pain?

La disparition momentanée des sacs de farine sur les étalages des épiceries au début du confinement et le partage de nombreuses photos de pains « faits maison » sur les réseaux sociaux semblent témoigner que beaucoup s’y sont adonnés! Peut-être avez-vous décidé de transformer votre cour arrière en jardin potager dans l’espoir d’y cueillir à la fin de l’été vos propres légumes, petits fruits ou plantes aromatiques? Peut-être avez-vous tout simplement pris la décision de manger mieux et de consommer plus de produits locaux?

Des nouvelles de la Gaspésie

Quoi qu’il en soit, les protagonistes de Ramaillages, une série documentaire dont je veux vous parler à l’occasion du Jour de la Terre, célébré le 22 avril, n’ont pas attendu la crise mondiale que nous traversons pour passer à l’action. Dans leur Gaspésie natale ou d’adoption, ils ont mis sur pied, au fil du temps, de nombreux projets alternatifs d’élevage et d’agriculture.

Des projets communautaires qui favorisent l’autonomie alimentaire et qui misent sur l’entraide, le partage des ressources, la mise en commun des idées, la préservation du territoire et la qualité des aliments. Dans cette série, le cinéaste Moïse Marcoux-Chabot nous propose, en six épisodes, une suite de moments vécus avec eux, lors d’un tournage qui aura duré près de deux ans.

Ramaillages – Épisode 1 – Territoires, Moïse Marcoux-Chabot, offert par l'Office national du film du Canada

Ramailler le filet social

« Ramaillage » vient de « ramailler », en langage populaire, ou « remailler », qui veut dire réparer les mailles d’un filet, nous apprend le cinéaste dans une capsule Pause ONF[1] qui lui est consacrée. Il s’agit ici non pas d’un filet de pêche, comme on en trouve sans doute beaucoup dans la péninsule, mais d’un filet social. La série est donc une métaphore du filet social gaspésien et pose la question suivante : comment peut-on tisser un filet social alternatif dans une région comme la Gaspésie? Ce filet alternatif est aussi un filet de résistance: une résistance au modèle agroalimentaire dominant, bien sûr, mais aussi aux compagnies pétrolières qui veulent exploiter les hydrocarbures de la région. Le cinéaste suit d’ailleurs un petit groupe de résistants et leur porte-parole installés dans un campement de fortune, le Camp de la rivière, aux abords d’une route menant à un puits récemment foré.

Ramaillages – Épisode 2 – Semences, Moïse Marcoux-Chabot, offert par l'Office national du film du Canada

Une démarche participative

Si la série Ramaillages nous séduit par la beauté de ses images — qu’on aurait espéré, à quelques moments, en couleur, tant elles sont belles (la série est en noir et blanc) —, par la détermination, l’enthousiasme, la solidarité, l’esprit de communauté et le bonheur qui animent ses personnages, et par les projets inspirants qu’elle nous fait découvrir, c’est par la démarche du cinéaste qu’elle se distingue.

Une approche que Moïse Marcoux-Chabot qualifie de participative, en ce sens que les personnes qu’il filme participent aussi à la fabrication de son documentaire. Elles ne sont plus de simples acteurs passifs, mais une force active dans la confection de ce que sera le produit final. Une idée que le cinéaste résume parfaitement en disant : « Travailler avec les gens et non faire un film sur des gens.[2] »

Société nouvelle

Cette participation active se traduit par des projections communautaires des épreuves de tournage (rushes)[3] dans le but de recueillir les commentaires des participants, de leur donner la chance de se voir à l’écran et de voir les effets que peut avoir le projet d’un groupe sur un autre, et d’inspirer de nouveaux projets ou de nouvelles manières de faire.

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Images tirées de la série documentaire Ramaillages

ONF

En somme, comme le souligne le cinéaste « ramailler les liens entre les communautés en Gaspésie[4] ». Ramaillages est donc du cinéma d’intervention sociale, c’est-à-dire du cinéma qui ne se contente pas d’être le simple reflet d’une société ou d’une communauté, mais se veut un outil de changement social, comme il s’en faisait à la fin des années 1960 et durant les années 1970.

Moïse Marcoux-Chabot affirme d’ailleurs s’être inspiré de la série Société nouvelle (1969-1979), un programme de l’ONF qui avait un double objectif, celui de démocratiser le cinéma et d’en faire un outil d’animation sociale afin que des individus d’une communauté puissent eux-mêmes régler leurs problèmes, tout en utilisant des ressources locales.

Je vous invite à voir cette série exceptionnelle qui nous montre des gens ordinaires capables de réaliser des projets extraordinaires, inspirants. Elle ne fera peut-être pas de vous un nouvel agriculteur, mais elle vous redonnera certainement de l’espoir en ces temps difficiles et surtout l’envie de faire les choses autrement.

Visionnez ici la série complète.


[1] Pause ONF – Moïse Marcoux-Chabot (2019). Réalisation : Annie St-Pierre. Production : Office national du film.

[2] Ibid

[3] Nom donné aux prises de vue avant le montage d’un film.

[4] Pause ONF – Moïse Marcoux-Chabot (2019). Réalisation : Annie St-Pierre. Production : Office national du film.

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