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Au-delà de la courbe, un projet du Studio documentaire

Au-delà de la courbe, un projet du Studio documentaire

Au-delà de la courbe, un projet du Studio documentaire

L’ONF a annoncé en mai dernier la mise en œuvre du projet La courbe. Avec leur regard unique, 40 créateurs et créatrices du pays offriront une perspective pancanadienne sur la vie en temps de pandémie. Tous les studios de l’ONF participent à cette initiative.

Maud Chayer est coordonnatrice de programme au Programme français. Auteure de romans jeunesse et mordue de cinéma, elle travaille à l’ONF depuis 10 ans.

Au Studio documentaire, un producteur intrépide, Pierre-Mathieu Fortin, et la productrice exécutive, Nathalie Cloutier, ont invité pas moins de 15 cinéastes du Québec afin de démarrer leur projet intitulé Au-delà de la courbe, qu’ils définissent comme « un laboratoire créatif, un lieu de rencontre des multiples créateurs et créatrices de documentaires et un témoignage de cette situation sociale sans précédent ».

Diversifiée, la cohorte réunie par le Studio documentaire ratisse large, du point de vue tant de la géographie que des sujets qui l’ont inspirée… De la ville (Yousra Benziane) à la campagne (Philippe David Gagné), du Bas-Saint-Laurent (Nicolas Paquet) à l’Abitibi (Jessy Poulin), les cinéastes abordent la crise actuelle par le prisme du quotidien, de l’histoire, de la sociologie. Certains ont une approche intime, comme Marie-Julie Dallaire, ou engagée, comme Will Prosper et Valérie Bah. Simon Beaulieu propose une vision philosophique tandis qu’Olivier D. Asselin imagine un récit poétique… Ils sont trop nombreux pour que je vous les énumère tous (voir la liste au bas du billet). Je dirai seulement qu’ils sont à l’image du Québec d’aujourd’hui : talents émergents et cinéastes chevronnés, de tous âges et de tous milieux, ils ont chacun leur style de cinéma et couvrent tout le territoire québécois.

Quinze artistes confinés avec des idées plein la tête, une équipe en télétravail, ça fait de la gestion, ça ! J’ai contacté Nathalie par vidéoconférence afin d’en apprendre un peu plus sur le projet, la manière dont les membres du studio gèrent le travail à distance et envisagent la suite, notamment en ce qui a trait aux tournages.

Q : Parle-moi du processus de création entourant votre laboratoire.

R : À la base de notre réflexion, il y a l’idée que les créateurs et créatrices de documentaires sont les antennes de notre société. Ils défrichent et cherchent à raconter le réel pour lui donner du sens. C’est le rôle fondamental de la production du Studio documentaire de l’ONF. Dans le contexte actuel, le désir était de les inviter à partager avec nous ce qu’ils captent grâce à leurs antennes. L’idée du laboratoire, c’est de les accueillir et de leur offrir un espace créatif, pas de leur soumettre un cadre de production définitif. C’est aussi une réflexion qui m’anime : ne pas envisager un projet à la fois, mais un ensemble d’idées qui évoluent. En rassemblant tous ces artistes, on assiste à un partage d’idées qui crée un sentiment d’appartenance à un projet commun. À partir de là, le Studio documentaire est vivant à travers les créateurs et créatrices, et c’est exactement la manière dont on envisage les choses.

Plus concrètement, on organise des rencontres virtuelles toutes les deux semaines, pour que les cinéastes se rencontrent. On va voir ce qui émerge : des collaborations, des courts, des très courts, un ou deux longs métrages ? À suivre ! Le processus, ici, est aussi intéressant que le résultat final.

Q : Comment se sentent les cinéastes actuellement, avec les restrictions de tournage ? Quel est le pouls chez les documentaristes ? Comment mettent-ils leur projet en œuvre malgré le confinement ?

R : À vrai dire, ils n’ont pas été freinés. Ça fait partie de leur réflexion (et de la nôtre) : comment on fait du documentaire dans ce contexte-là ? Par exemple, Christine Chevarie-Lessard, a réalisé et enregistré plusieurs entretiens téléphoniques avec des personnes âgées, et elle compte utiliser ce matériel pour son projet sur la crise. D’autres veulent travailler avec des images que l’on trouve sur les réseaux sociaux, ou filment à grande distance. Même si le gouvernement a décrété qu’on pourrait reprendre les activités de production à partir du 8 juin, je ne suis pas sûre qu’ils vont changer leur manière de faire. Ils ont développé leur concept.

Q : Quel est le principal défi pour ton équipe en télétravail ?

R : Grâce aux équipes techniques de l’ONF, on a pu rapidement mettre en place des plateformes de visionnement en ligne, des plateformes de montage à distance et des serveurs pour recueillir tout le matériel. Alors qu’avant les cinéastes en région devaient nous envoyer un disque dur, maintenant ils peuvent nous transférer leurs rushes par Internet. Ça facilite vraiment les échanges. C’est quelque chose que je voulais développer depuis longtemps, pour améliorer les collaborations avec les cinéastes des régions, et ça va vraiment faire une grande différence au studio.

Q : J’ai remarqué que la plupart des cinéastes de ta cohorte s’intéressent aux conséquences de la crise, à ses effets sur nos vies, et non pas à ce qui se passe sur le plan politique, médical, etc.

R : C’était un choix de notre part, quand on a réfléchi au concept de laboratoire, de ne pas être dans l’instantané. On ne voulait pas produire des témoignages ou des reportages qui allaient sortir très rapidement. Donc, forcément, on a cherché des créateurs et des créatrices qui ont un point de vue différent, qui ne sont pas dans l’actualité. C’est la beauté et la force des documentaristes : ils ont un pas par en avant. Par exemple, Philippe David Gagné réfléchit à nos maisons, à la façon dont notre rapport à la maison change et dont on va changer nos maisons à la suite de cet événement.

Par ailleurs, il y a beaucoup de bruit en ce moment dans les médias, alors on cherche un regard original sur la crise, sur les acteurs de la crise. La COVID-19 devient un révélateur des inégalités sociales et des enjeux de société, et les cinéastes donnent la parole à ces acteurs-là : les personnes âgées, les préposées aux bénéficiaires racisées dont on parle et qui deviennent un stéréotype… Les adolescents, les gens en télétravail, tout le monde en parle, mais on ne leur donne jamais la parole, et c’est ce que font les documentaristes : ils leur donnent l’occasion d’être incarnés, individualisés.

Merci Nathalie !

Mise à jour, janvier 2021 : Le résultat de ce super projet est maintenant disponible en ligne ! Cliquez ici pour découvrir ces courts documentaires.

Les cinéastes qui ont participé au projet Au-delà de la courbe :

  • Kevin Bacon Hervieux
  • Valérie Bah
  • Simon Beaulieu
  • Yousra Benziane
  • Lili Boisvert
  • Olivier Chapo
  • Christine Chevarie-Lessard
  • Marie-Julie Dallaire
  • Olivier D. Asselin
  • Philippe David Gagné
  • Nadine Gomez
  • Nicolas Paquet
  • Jessy Poulin
  • Will Prosper
  • Eli Jean Tahchi

Image d’en-tête : 60 Day Cycle

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