Pause ONF avec Moïse Marcoux-Chabot
En 2016, Moïse Marcoux-Chabot s’est établi avec sa famille à Mont-Louis pour amorcer le tournage d’une œuvre documentaire participative portant sur le « filet social alternatif » de la Gaspésie.
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Communautés nouvelles
Formé en anthropologie et en cinéma documentaire, Moïse songeait depuis longtemps à créer un film participatif qui deviendrait un outil social et un moteur de transformation.
En 2013, il a eu une idée inspirée du projet Challenge for Change/Société nouvelle, réalisé à l’ONF de 1967 à 1980 : s’installer en Gaspésie pour filmer, en immersion complète, diverses personnes impliquées dans leur communauté puis intégrer leur rétroaction à l’œuvre finale.
« J’ai toujours aimé brouiller ou briser les frontières habituelles : entre cinéaste, acteur et spectateur, par exemple, ou entre la préproduction, le tournage et la postproduction », explique celui qui est à la fois réalisateur et participant de Ramaillages.
« Je voulais parler des liens entre les gens et les communautés, montrer comment elles peuvent être fortes, autonomes et résilientes face aux changements climatiques. Mais au-delà de documenter comment ces personnes le font, je tenais aussi à ce que ça rebondisse et que ça se multiplie… »
C’est ainsi qu’en parallèle à ses tournages autour de Mont-Louis, Bonaventure, Cap-au-Renard, Val-d’Espoir et Saint-Louis, Moïse a commencé à organiser des soirées baptisées « Communautés nouvelles » dans des coopératives culturelles ou des locaux communautaires.
Devant de petits groupes composés des personnes filmées et de leurs proches, il a présenté des assemblages préliminaires des images captées dans les environs. Les spectateurs-participants étaient ensuite invités à discuter entre eux de ce qu’ils venaient de voir et des enjeux abordés, devant la caméra attentive de Moïse.
« Pour un réalisateur, c’est certain que montrer son matériel rough, avec toutes ses imperfections et sans enrobage musical, est un exercice assez compromettant! Mais c’est vraiment essentiel au projet d’impliquer les gens dans la création de leur représentation à l’écran », explique celui qui a assuré le tournage entièrement seul et qui travaille maintenant avec Philippe Lefebvre au montage.
Pause ONF avec Moïse Marcoux-Chabot :
Les réactions des membres des différentes communautés gaspésiennes ont ainsi beaucoup nourri l’œuvre que Moïse était en train de tourner, ses réflexions sur les problématiques abordées et sa démarche en soi.
« Se voir à l’écran permet aux gens de mieux comprendre le projet et l’impact qu’il peut avoir dans leur vie. Ça stimule leur imaginaire, ils se sentent inscrits dans quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, et ils peuvent créer des liens avec d’autres personnes vivant ailleurs en Gaspésie. »
Vers un format plus flexible et accessible
Lorsque nous l’avions rencontré en août 2017, Moïse achevait la première année de tournage de ce qui devait à l’époque prendre la forme d’un long métrage documentaire. Depuis, le projet s’est plutôt transformé en série, qui sera lancée sur le web le 7 mars 2020.
« En réalité, on est toujours restés très ouverts sur le format : j’avais d’abord pensé à une suite de courts métrages, puis à une série, un long, et on est récemment revenus à la série web… Qui sait si ça changera à nouveau? » s’amuse le cinéaste, qui, avec la productrice Colette Loumède, a opté pour que ce soit le matériel recueilli qui dicte la forme finale de Ramaillages.
Cette décision en faveur d’une série est en partie justifiée par la grande quantité de participants et le lien étroit qu’entretient le projet avec les cycles de la nature.
« Je savais depuis le début que je voulais montrer cette immersion de façon chronologique, au fil des saisons. Et comme j’ai tourné dans une vingtaine de lieux, avec quelque 50 personnes, Philippe et moi, on trouvait que ça devenait beaucoup plus simple, logique et flexible de faire une série. Le résultat est vraiment plus près de la chronique que du documentaire traditionnel. »
Même si Ramaillages a été conçu en fonction du grand écran, sa diffusion sur le web a été jugée plus appropriée afin que le public de la Gaspésie et des autres régions du Québec puisse voir l’œuvre.
« Passer par le web pour diffuser un projet participatif, c’est aussi continuer l’exploration et le renouvellement du genre documentaire qui avait été fait à l’ONF dans les années 1970, avec les moyens d’aujourd’hui », poursuit-il, toujours en référence à Société nouvelle.
D’ici au lancement de la série, Moïse partagera sur les réseaux sociaux ses dessins basés sur les images du tournage et des notes tirées de ses carnets.
« J’aime l’idée de faire ce behind the scenes avec un côté roman graphique, et ça me permettra d’exposer mon fil de réflexion d’auteur sur le sujet, de mettre en contexte certains choix qu’on a faits ou de revenir sur ma démarche. »
- Pour en apprendre davantage sur la série, surveillez le blogue de Moïse Marcoux-Chabot.
Vraiment beau project!!!
Claude