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Le cortège : À la croisée de l’illustration et de l’animation

Le cortège : À la croisée de l’illustration et de l’animation

Le cortège : À la croisée de l’illustration et de l’animation

Présentement en production, le film d’animation Le cortège incarne la rencontre stylistique (et amicale!) de deux artistes autodidactes issus de disciplines différentes : l’illustrateur Pascal Blanchet et l’animateur Rodolphe Saint-Gelais.

Depuis deux ans, ils planchent sur leur premier court métrage créé à l’ONF, dans lequel une défunte devient narratrice de la cérémonie familiale suivant ses propres funérailles.

Les coréalisateurs nous donnent un avant-goût de l’œuvre à venir et expliquent leur méthode de collaboration, notamment avec Pierre Lapointe, qui en signe la musique.


Q : Votre court métrage est inspiré d’une exposition réalisée par Pascal. Quand l’idée d’en faire un film est-elle née?

PB : Mon expo était une galerie de personnages durant des funérailles. Je sentais déjà que l’idée pouvait aller plus loin, mais je ne savais pas encore avec quelle technique. Lorsque la productrice Julie Roy m’a approché pour travailler à l’ONF, c’est devenu clair. L’esthétique et les personnages du film sont partis de là. Depuis mon premier livre, j’ai l’impression qu’il manque la musique, le mouvement…

RSG : La gestation du projet a été assez longue et les choses ont beaucoup changé, mais lorsque je suis arrivé il y a deux ans, mon point de départ était les personnages de l’expo. Le projet de Pascal était très ambitieux : il racontait la vie de plusieurs membres d’une famille très riche. On a finalement simplifié pour garder l’histoire entre la défunte et son mari. Je pense que l’essence de l’expo a quand même été conservée : on est dans le noir et le blanc, avec des tons de rose. C’est très fort et ça teinte l’ambiance, l’identité du film.

Image tirée du film Le cortège

Q : Le cortège aborde le deuil. Est-ce que ce sujet délicat demandait un traitement spécial?

PB : Le deuil et la disparition sont des thèmes récurrents dans mes romans graphiques : presque tout mon travail en parle. Mais je pense que ce film est surtout l’histoire d’amour entre la narratrice et son mari. Le couple se chicane, puis la femme embarque dans sa voiture et trouve la mort. Pour le mari, ce n’est pas clair si elle s’est suicidée ou si c’était un accident. Un événement inattendu comme celui-là peut générer un questionnement immense.

RSG : Ce qui nous rejoint est notre manière d’aborder le deuil avec un certain cynisme. Puisque c’est la défunte elle-même qui commente la réception, on est dans une espèce de recul un peu sarcastique, une distance… Si le film traitait de deuil pur et simple, je ne suis pas certain que le projet m’aurait emballé. Le cortège raconte l’amour de deux personnes et le deuil devient un filtre pour en parler.

Q : Comment ce projet individuel de Pascal est-il finalement devenu une coréalisation?

PB : Comme je suis illustrateur de métier et que c’était mon premier film d’animation, je devais absolument faire appel à un animateur. Rodolphe est donc arrivé en phase de préproduction et, au fil du temps, il est devenu coréalisateur parce qu’il contribuait vraiment plus que prévu au projet. C’est Julie qui nous a réunis; on ne se connaissait pas du tout avant!

RSG : On travaille ensemble depuis mai 2016, et on a développé presque immédiatement une grande complicité, sur le plan tant humain que créatif. Notre collaboration a super bien fonctionné dès le début.

PB : C’est extrêmement enrichissant de travailler ensemble… Comme le langage cinématographique ne m’est pas familier, Rodolphe est comme un prof pour moi.

Design d’intérieur pour le film Le cortège (Pascal Blanchet)

Q : Et pour ce qui est des méthodes de travail, l’adaptation était-elle difficile?

PB : Au début, j’étais super inquiet de travailler avec une équipe, après 15 ans de travail d’illustration seul chez moi. Mais j’ai beaucoup aimé et ça m’a fait du bien! On est tous les deux des travailleurs autonomes, donc on se comprenait bien.

RSG : Je pense qu’on se rejoint aussi dans notre côté autodidacte. On a beaucoup de rigueur, mais ce n’est pas une rigueur académique. On se comprenait plus facilement grâce à ce background similaire, cette manière d’appréhender notre art. On a décidé d’improviser : chaque jour, on redéfinit notre découpage, on met tout à terre et on trouve de nouvelles idées. C’est un peu comme si on avait une caméra à l’épaule dans une véritable pièce et qu’on se demandait où la placer pour montrer l’action. On a transformé notre film de 2 ans en 35 petits « gigs » de 2 semaines.

PB : L’impro nous a vraiment permis de préserver notre enthousiasme créatif. C’est notre plus belle réussite, je pense. Sans vraiment le savoir, on a conservé des moments de création tout au long du processus. Plutôt que de tout créer au début et d’exécuter ensuite, de dessiner comme des zombies pendant des mois…

 

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#animation #lecortege #drawing #lighthouse

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Q : Pour la musique, comment en êtes-vous venus à travailler avec Pierre Lapointe?

PB : Je collabore depuis longtemps avec Pierre, sur le plan du design et de l’illustration de ses albums. Nos créations ont plusieurs affinités; dans ce côté un peu prétentieux ou hautain, mais aussi très touchant en même temps. C’est toujours une bataille entre ces deux aspects! Je trouvais que son style collait merveilleusement bien à notre film, pour des raisons aussi bien esthétiques qu’émotionnelles.

Q : Comment avez-vous procédé pour travailler avec lui?

RSG : Au tout début, puisque presque rien n’avait été animé encore, on lui a montré des images fixes, avec quelques suggestions d’ambiances, des trames temporaires… Tout était à faire, mais le film parlait pour lui-même et c’était assez pour qu’il comprenne dans quelle direction on voulait aller. Deux semaines plus tard, on a reçu ses premières pistes et on est tombés de notre chaise! À partir de là, le film s’est vraiment construit autour de ce que Pierre nous a envoyé.

PB : On lui a donné carte blanche, puis ça a habité le film comme on le souhaitait… et même plus! On travaille encore aujourd’hui avec les tracks de piano du début. Mais la musique finale sera enregistrée en décembre, avec un quintette. En cours de projet, Philippe Brault a embarqué et il cosignera les compositions avec Pierre, en plus de faire les arrangements pour l’orchestration.

RSG : On a très hâte! Ça va être drôle d’entendre la musique finale parce qu’on s’est vraiment attachés aux maquettes en travaillant…

PB : Elles ont beaucoup aidé la structure du Cortège, notre travail sur le rythme. Depuis qu’on a les maquettes et les études de Pierre, on développe la rythmique du film en fonction de ça. La musique est super importante et elle va couvrir la quasi-totalité du film. Celle de Pierre, mais aussi la pièce d’ouverture et de fermeture, qui est de Shirley Bassey, celle qui chante Goldfinger. On a obtenu les droits et on est très contents!

Photo d’en-tête : Stephan Ballard


? Pascal Blanchet et Rodolphe Saint-Gelais nous ont accueillis dans leur studio pour le festival Animez-vous!

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