Découvrir la Grande Guerre avec Le journal de Rose (6/10)
10 février 1916
Cher journal,
Ces dernières semaines ont été étourdissantes. Je ne sais pas si j’arriverai à décrire tout ce qui s’est passé. Je ne peux le croire moi-même… Je me dis que je dois commencer par la guerre, puisque maintenant, tout en découle. Le mois dernier, la Grande-Bretagne a instauré la conscription pour tous les célibataires âgés de 18 à 40 ans. Je ne peux qu’imaginer ce qui va se produire si le Canada tente d’envoyer ses citoyens dans les tranchées contre leur gré. C’est une preuve de plus que la fin de la guerre n’est pas pour bientôt. C’est peut-être la raison qui explique mes plus récentes décisions. Je sais que j’ai déjà parlé de Dim Seed, un journaliste et un patriote que j’admire (même s’il est américain). Lui et moi avons entamé une correspondance personnelle au début de janvier. Quelle bénédiction pour moi d’avoir accès au télégraphe pour envoyer des messages ! Nos discussions n’auraient jamais eu lieu si j’avais été obligée de passer par la poste.
Dim rentre tout juste de Mossoul, en Mésopotamie, et il travaille en Grande-Bretagne depuis le début de l’année. Avant de se rendre en France à la fin de mars, il s’emploie à communiquer certains des renseignements obtenus à un contact à Scotland Yard. Je suis ravie de dire que j’ai pu l’aider en menant des recherches auprès de mes relations au Parlement canadien, et il m’a informée que l’on a grandement besoin de la contribution de jeunes femmes intelligentes, comme moi, à l’effort de guerre. Au début, je n’étais pas certaine de savoir comment l’aider d’outre-Atlantique, mais la semaine dernière, il m’a mentionné un nom : Mata Hari. Pour le moment, ça n’est guère plus qu’un nom chuchoté en coulisse, mais selon les rumeurs, elle serait une agente secrète qui se serait infiltrée auprès de hauts responsables des Empires centraux. Voilà qui me rappelle l’exécution tragique d’Edith Cavell à la fin de l’année dernière. Mlle Cavell était une infirmière britannique qui a aidé de nombreux soldats alliés à s’évader de la Belgique, occupée par les forces allemandes. Depuis quelques mois, la Grande-Bretagne fait de sa mort un outil de recrutement.
Mais cette mort me donne aussi envie de trouver mon véritable engagement dans cette guerre. La semaine dernière, Dim m’a présentée à Vera Pringle, une jeune Britannique. Comme je viens de le comprendre aujourd’hui, Vera a rencontré le groupe des enquêtes criminelles de Scotland Yard.
Elle entrera vraisemblablement à la division de la cryptographie afin de décrypter les nombreux codes utilisés par les Empires centraux pour communiquer les uns avec les autres. Je sais maintenant qu’il y a d’autres femmes comme moi, des femmes qui ne supportent pas de rester oisives pendant que la guerre tient le monde entier sous son emprise inhumaine.
Demain, je vais dire à mon rédacteur en chef que je pose ma candidature au poste de reporter actuellement à pourvoir en Europe ; j’espère y rejoindre Vera et Dim au cours du mois. Je pourrai mettre à profit mes talents de documentaliste et j’aurai enfin le sentiment d’apporter une contribution concrète.
J’écrirai dès que j’aurai des nouvelles.
Rose
Les six grands concepts de la pensée historique
Concept 6 : La dimension éthique
Comment l’histoire peut-elle nous aider à vivre dans le présent ?
À mesure que la guerre progresse, Rose tient de plus en plus à s’engager personnellement. Elle reconnaît l’apport difficile, mais direct, fourni par d’autres femmes. En même temps, l’espionnage n’a pas que de bons côtés. Rose doit poser un jugement éthique sur les choix qu’elle envisage. De même, les élèves en histoire doivent prendre conscience de leur propre partialité éthique quand ils examinent des événements historiques. En plaçant toujours les événements dans leur contexte historique, les élèves sont en mesure de faire une distinction entre leurs positions d’aujourd’hui et les décisions prises dans le passé. Les compétences en pensée critique sont essentielles pour considérer des événements sous de multiples points de vue et pour comprendre comment différentes personnes ont interprété les mêmes expériences. Enfin, comme il n’y a pas deux événements identiques, il est impossible d’appliquer les décisions prises dans le passé aux problèmes du présent.
- Indicateur 1 : Les auteurs font des jugements éthiques implicites ou explicites lorsqu’ils rédigent des récits historiques.
- Indicateur 2 : Il est nécessaire de connaître le contexte historique pour poser un jugement éthique rationnel sur des actes passés.
- Indicateur 3 : Imposer des normes contemporaines influence notre interprétation du passé.
- Indicateur 4 : Notre devoir de mémoire et la nécessité de réagir aux contributions et aux sacrifices du passé reposent sur une bonne évaluation des répercussions éthiques de l’histoire.
- Indicateur 5 : Notre compréhension du passé peut nous aider à prendre des décisions éclairées sur des questions d’actualité, mais seulement si nous savons reconnaître les limites des « leçons » tirées de l’histoire.
Tous les indicateurs de la pensée historique
Ce billet a été rédigé par David Finkelstein.
« J’adore les surprises que renferme la nouvelle mouture des films de CAMPUS. L’ONF propose une diversité de points de vue presque sans précédent. En classe, je souhaite que mes élèves développent leur pensée critique et leur empathie, deux compétences essentielles. Enseignant agréé de l’Ontario, j’ai élaboré des programmes portant sur plusieurs films de CAMPUS, dont le guide pédagogique sur Nul poisson où aller abordant la question des réfugiés. »
Le journal de Rose est conçu en partenariat avec Apocalypse, la Première Guerre mondiale.