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Enseigner l’identité canadienne, l’unité nationale et la littératie médiatique à l’aide de Propagande téméraire

Enseigner l’identité canadienne, l’unité nationale et la littératie médiatique à l’aide de Propagande téméraire

Enseigner l’identité canadienne, l’unité nationale et la littératie médiatique à l’aide de Propagande téméraire

Dès sa création en 1939, l’Office national du film a eu pour mandat de produire et de présenter — aux Canadiennes et Canadiens et aux autres nations — une image du peuple canadien et de son pays. En montrant le quotidien de « vrais » Canadiens (soit les gens ordinaires), les premières productions de l’ONF ont joué un rôle clé pour unifier un vaste pays diversifié et peu peuplé, et lui  donner une identité.  À une époque où les représentations du Canada étaient rares ou inexistantes dans les médias, l’ONF s’est appliqué à donner à la population canadienne le sens d’une identité nationale commune.

Transportons-nous maintenant en 2014, quand le cinéaste Robert Lower a regardé les  quelque 500 films produits par l’ONF au cours de ses 6 premières années d’existence en vue de créer Propagande téméraire. Ce film est un portrait tour à tour révélateur, divertissant et dérangeant de la propagande d’édification de la nation produit par l’ONF au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

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Propagande téméraire offre au personnel enseignant de tous les niveaux du secondaire une excellente occasion d’explorer avec leurs élèves le thème de l’identité canadienne, de l’unité nationale et du pouvoir des médias de masse. Voyez un extrait du film et regardez la version intégrale dans la plateforme CAMPUS de l’ONF accessible par abonnement. Poursuivez ensuite la lecture du présent document pour trouver des idées sur la façon de faire participer les élèves à une discussion sur la construction de l’identité « canadienne » — à l’époque, aujourd’hui et dans le futur.

Propagande téméraire, Robert Lower, offert par l’Office national du film du Canada

« Être canadien, être canadienne », qu’est-ce ça signifie?

Invitez les élèves à examiner la proposition du théoricien politique Benedict Anderson selon laquelle une nation est une « communauté imaginée » — c’est-à-dire une construction sociale par laquelle les gens éprouvent un sentiment d’appartenance à cette communauté1. Avec la classe, dressez une liste de traits prétendument « imaginés » de l’identité canadienne (par exemple, l’idée reçue selon laquelle les Canadiennes et les Canadiens sont polis). D’où viennent ces traits imaginés et sont-ils ou non proches des réalités vécues par la population?

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Demandez aux élèves de discuter plus généralement de  ce que signifie « être canadienne ou canadien ».

La puissance du cinéma : caméra, montage, perception et « réalité »

Propagande téméraire vise à découvrir « comment on se percevait à l’époque et comment on présentait le Canada aux Canadiens et au reste du monde. » Demandez aux élèves comment ils pensent que le Canada se présente au monde aujourd’hui. Trouvez un court extrait d’actualités contemporaines, d’une campagne vidéo ou d’un autre contenu réel qui montre comment le Canada se présente. Invitez-les à porter attention aux éléments comme la musique, le montage, l’éclairage et les mouvements de caméra. Quels effets ces éléments ont-ils sur le portrait présenté dans la vidéo? Comment ont-ils été utilisés dans les extraits de films de propagande datant de la Deuxième Guerre mondiale que comporte le documentaire de Lower? Étaient-ils employés différemment il y a plus de 70 ans?

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Songez à la célèbre citation de John Grierson, commissaire de l’ONF et fondateur de l’institution, selon laquelle le documentaire est « un outil pour façonner la société… dans… la conquête de l’esprit humain ». (On attribue aussi généralement à Grierson la paternité du terme « documentaire », genre dont il a été un pionnier.) Quels sont les éléments cinématographiques à même de réaliser ce difficile exploit? Comment un segment de contenu médiatique peut-il changer l’avis d’une personne? Certains de vos élèves ont-ils jamais changé d’avis sur une question d’ordre social ou politique après avoir regardé une vidéo sur le sujet? Comment et pourquoi?

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Le réalisateur Robert Lower souligne que pour Grierson, l’insulte suprême était de dire qu’un film était « artistique ». Demandez aux élèves ce qu’ils pensent que Grierson entendait par là. Quelle est la frontière entre art et documentaire? Un contenu documentaire peut-il également être artistique? L’auteur d’un tel contenu devrait-il aspirer à l’authenticité ou au divertissement? aux deux? Par exemple, dans Poste éclair, film produit pour promouvoir le service de poste aérienne transatlantique au cours de la Deuxième Guerre mondiale, Lower reconnaît une certaine touche hollywoodienne. Qu’entend-il par là?

Enfin, le modèle documentaire à la Grierson vise à ne pas « déformer la réalité », mais à « la sélectionner ». Les élèves savent-ils distinguer l’un de l’autre? Y a-t-il une distinction à faire? Il s’agit là d’une discussion révélatrice, car les élèves commenceront peut-être à se rendre compte qu’il n’y a souvent aucune démarcation entre les deux.

Le Canada, l’immigration et la différence pendant la Deuxième Guerre mondiale

Le type d’identité canadienne présentée par l’ONF et sa propagande en temps de guerre reposait principalement sur la race blanche, le christianisme, et l’Europe de l’Ouest anglophone. Quand il est question d’immigrants, de Canadiens français ou d’Autochtones dans les films, c’est habituellement pour les faire paraître sous un jour amical à la population dominante qui ne comprend pas leur culture, leur langue ou leur histoire.

Il est certes bon d’essayer de comprendre une autre culture que la sienne ou un peuple différent du sien, mais quels sont les effets nuisibles de ce genre de représentation? Comment représenter fidèlement une population ou une culture dans un film? Manque-t-il toujours des éléments? Comment la propagande de guerre a-t-elle tenté de montrer ce qui unit ces gens dissemblables ayant des intérêts, des histoires, des doléances et des espoirs différents?

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Lower décrit comment étaient représentées certaines communautés et les nations en guerre durant la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, les soldats japonais sont dépeints comme « des hommes petits… Leurs uniformes sont négligés. Leurs visages sont des masques… vides de toute expression. » Demandez à la classe si elle pense que ce genre de rhétorique raciste existe encore de nos jours. Quels groupes ethniques sont les cibles du racisme au Canada aujourd’hui? Comment et pourquoi?

Invitez les élèves à prendre des notes pendant la projection de Propagande téméraire, puis à en tirer une observation sur chacun des aspects ci-dessous liés à l’identité canadienne au milieu du 20e siècle.

  • Sport et loisirs (le hockey tout particulièrement).
  • Travail manuel (secteur minier, agricole, pêches, etc.).
  • Logement et emploi.
  • Rôle des femmes.
  • Politique (communisme, fascisme, démocratie).

En gardant ces observations à l’esprit, que peuvent conclure les élèves sur l’image que le Canada projetait et que les Canadiens avaient d’eux-mêmes pendant la Deuxième Guerre mondiale?

Représentation officielle et officieuse de l’identité canadienne

Lower rappelle que le réalisateur et le scénariste du docudrame Noir défi ont entrepris de faire passer leur propre message entre les lignes, même si le film a fini par être censuré parce que le gouvernement y était montré sous un jour défavorable. Quel rapport ce genre de subtilité a-t-il avec l’affirmation de Grierson selon laquelle le documentaire ne doit pas « déformer la réalité », mais bien « la sélectionner »? Par exemple, quel effet a la présence de vraies familles de mineurs à l’écran?

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Voici quelques autres aspects de l’identité canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale qui illustrent la différence entre la version officielle proposée par le gouvernement et sa version officieuse.

  • La résistance du Québec rural à la conscription (« abandonnés depuis fort longtemps par leur mère patrie et ignorés d’elle », ils n’avaient que faire de risquer leur vie pour le Canada).
  • L’étiquette « secteurs de relocalisation » affublée aux camps d’internement, où les Canadiens d’origine japonaise ont été forcés de demeurer.
  • La description des Premières Nations comme « un peuple ancien et primitif ».

Demandez aux élèves de discuter de ce qu’ils pensent être la version « officielle » de l’identité canadienne aujourd’hui et de ce en quoi elle diffère de la réalité telle qu’ils la vivent au jour le jour.

Abolir les distances dans un vaste pays

Aujourd’hui, la majorité de nos communications et du partage de l’information se fait par Internet. Par contre, pendant la Deuxième Guerre mondiale, les films de l’ONF étaient vus dans les communautés des quatre coins du pays grâce à un réseau national de circuits de distribution; des séances de projection avaient lieu le jour dans les écoles, puis le soir.

Quelles similitudes existe-t-il entre ces projections itinérantes et le travail d’édification de la nation qui a cours de nos jours? Quels aspects du partage de vidéos en ligne et de la diffusion de contenu en continu forgent l’identité canadienne au 21e siècle? Comment cela se produit-il? Avec la classe, discutez de l’importance du contenu pertinent qui traite des préoccupations quotidiennes des Canadiens partout au pays. De nos jours, de quoi la population canadienne s’inquiète-t-elle? Qu’espère-t-elle? Qu’est-ce qui la dérange?

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Il est particulièrement important de discuter avec les élèves de ces questions sur l’identité canadienne et de sujet connexes : célébrer la diversité, exercer sa pensée critique sur les représentations faites dans les médias et comprendre qu’il existe de nombreuses versions de l’histoire sont autant d’aspects de la citoyenneté démocratique, une valeur chère à la population canadienne.

Note en fin de texte
1ANDERSON, Benedict. L’imaginaire national : Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte Poche, 2006, « Sciences humaines et sociales », no 123.

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