Ciné-vendredi | Les 5 suggestions de Marion
Lorsque j’étais petite, j’ai longtemps rêvé de devenir détective privée. Je me souviens encore de ces longs après-midis d’été, où ma meilleure amie et moi scrutions les passants derrière les buissons et notions minutieusement leur va-et-vient sur un petit bloc-notes.
J’ai par la suite, lors de mon adolescence, découvert le septième art. Mes ambitions d’enquêteuse ont par le fait même vite été reléguées aux oubliettes, préférant m’enfermer dans le sous-sol de mes parents avec ma pile de DVD de Woody Allen.
Les deux bras dans des boîtes d’archives, il faut donc décrypter des inscriptions écrites à la bonne vieille dactylo sur du vieux papier jauni, et partir à la recherche des ayants droit des films. Ceci n’est pas une mince affaire! Souvent, plusieurs des participants ou artistes sont décédés; de nombreuses compagnies n’existent plus. L’industrie des droits musicaux donne parfois des maux de tête, tant le partage des droits peut être complexe et évolue rapidement.
Toutefois, je dois avouer que la partie de mon emploi que j’affectionne particulièrement est de découvrir (ou de redécouvrir) des trésors de notre collection. J’ai donc fait l’exercice de répertorier cinq de mes coups de cœur. Des films qui m’ont faire rire, pleurer; qui m’ont émerveillé ou choqué.
1. Les filles c’est pas pareil
Un magnifique portrait intimiste sur la vie d’adolescentes de 14 à 16 ans. Il y a quelque chose de déstabilisant à regarder ces jeunes filles parler de sexualité ou de problématiques intergénérationnelles en fixant droit la caméra, une cigarette à la bouche. Lucides, franches, elles se confient à nous avec une vulnérabilité attendrissante.
Les filles c’est pas pareil, Hélène Girard, offert par l’Office national du film du Canada
2. Kanehsatake, 270 ans de résistance
Peu de films ont provoqué chez moi un effet aussi physique, viscéral, à leur visionnement que celui-ci. Prise d’une attaque de panique pour la première et dernière fois de ma vie, je me souviens avoir dû évacuer la salle de classe tant mes sanglots étouffés étaient dérangeants pour mes collègues. Il faut dire que j’étais très jeune quand la crise d’Oka s’est produite au Québec, et que ce documentaire, très révélateur, m’a donc exposé à une facette insoupçonnée de l’histoire canadienne.
Je dois avouer que cela m’a pris un certain temps à m’habituer à voir passer la réalisatrice Alanis Obomsawin, toujours vêtue de manière élégante, dans les couloirs de l’ONF. Comme si cette introduction mémorable à son importante filmographie de plus de 16 long métrages me laissait encore le souffle court.
Kanehsatake, 270 ans de résistance, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada
3. Kid sentiment
Deux jeunes bourgeois plutôt insolents rencontrent de jolies demoiselles lors d’une balade dans la ville de Québec. Les adolescents décident alors de passer la soirée dans la maison cossue de l’un de leurs parents. Ce film de Jacques Godbout met en scène deux jeunes du groupe Les Sinners, l’équivalent québécois du groupe rock The Beatles. Si vous raffolez comme moi de la musique et du style vestimentaire des années 60, vous serez servis. Musique yé-yé, mini-jupes et tenues mod sont au rendez-vous!
La scène lors de laquelle les deux protagonistes décident de se préparer un joint composé de pelures de bananes mérite certainement de rester dans les annales du cinéma québécois!
Kid Sentiment, Jacques Godbout, offert par l’Office national du film du Canada
4. La faim
J’ai eu un coup de foudre pour ce film d’animation, traitant de la surconsommation de façon pour le moins singulière. Commençant de manière ludique avec un sympathique personnage ingurgitant son poids en nourriture, l’histoire dérape rapidement pour devenir cauchemardesque. La musique hypnotique vous hantera pendant des jours. À découvrir absolument!
La faim, Peter Foldès, offert par l’Office national du film du Canada
5. Liberty Street Blues
Pour les amateurs de jazz, ce film nous transporte tout droit dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Ce documentaire, truffé de personnages hauts en couleur, présente de nombreuses séquences musicales qui risquent fort de vous faire danser sur votre chaise. Dans ce film, absolument tout le monde a la musique dans le sang. Du cireur de souliers qui fredonne allégrement, aux fillettes dans la cour d’école qui tapent des mains plus vite que leur ombre, en passant par les marchands de fruits qui chantent à pleins poumons leurs spéciaux de la semaine.
Liberty Street Blues, André Gladu, offert par l’Office national du film du Canada