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Ciné-vendredi | C’est la faute de Pierre Perrault si je suis devenu producteur en médias interactifs

Ciné-vendredi | C’est la faute de Pierre Perrault si je suis devenu producteur en médias interactifs

Ciné-vendredi | C’est la faute de Pierre Perrault si je suis devenu producteur en médias interactifs

Cette semaine, Hugues Sweeney, producteur exécutif du studio interactif de l’ONF, nous partage son coup de coeur de la collection. Il discute au passage philosophie, médias interactifs et bêtes lumineuses. Bonne lecture!

1997,  dans un couloir de l’UQAM, je marche, perplexe. Entre mes mains, le formulaire d’inscription pour un programme de maîtrise que je n’avais jusqu’ici jamais envisagé : médias interactifs. Quel rapport entre mes études en philosophie et les médias interactifs? Déjà dans ma tête se profilaient de vagues pistes de réponses qui continuent encore aujourd’hui à nourrir ma réflexion dans le domaine.

La philosophie, je l’ai étudiée au collège Dominicain, à Ottawa, au passage, la meilleure école de philo – vraiment. Avec la certitude de ne pas devenir prof ou frère, j’ai poursuivi mon apprentissage de la philo dans l’ordre chronologique de l’histoire des idées, depuis l’Antiquité, le Moyen-Âge, les Lumières jusqu’à notre époque, avec notamment les philosophes du langage, tels Ludwig Wittgenstein et Martin Heidegger.bete_960x435

C’est avec eux que j’ai compris que la vérité n’est pas un édifice théorique, ni la réponse au bout d’une savante équation. Le sens du monde n’est pas dans les choses elles-mêmes (nous ne pourrons malheureusement jamais nous mettre à la place d’un arbre) ni uniquement dans nos pensées (le train existe vraiment lorsqu’il fonce sur moi), mais quelque part entre les deux. En d’autres mots, pour comprendre le concept du temps, mieux vaut discuter avec un pilote de F1 ou un horloger qu’avec un théoricien du temps!

A l’époque, j’organisais des soirées cinéma au collège. Cela me permettait de découvrir le travail de nombreux cinéastes en version grand écran. Ma révélation est arrivée sous la forme d’une cassette VHS sur laquelle était écrit, La bête lumineuse. Un film de Pierre Perrault. ONF.

Un documentaire qui allait donner un sens réel à la théorie que j’avais apprise au fil de mes études.  Il y a quelque chose dans le cinéma de Perrault, à travers la parole de ses personnages à la fois ordinaires et extraordinaires, une vérité que des siècles et des siècles de philosophie ne sont jamais arrivés à capter.

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La bête lumineuse est une partie de chasse filmée près de Maniwaki (Haute Gatineau) au début des années 1980. Une dizaine d’amis se retrouvent en face-à-face avec eux-mêmes et avec la nature durant une dizaine de jours. À travers leurs paroles et leurs expressions hyper-locales (étant de la région, je me suis sérieusement délecté), un éclair de vérité a percé l’écran. Comme si ces chasseurs exprimaient, en tournures de phrases et en silences, tout ce que la philosophie n’était pas capable de formuler sur l’amitié, la nature, la vie et la mort. Poésie pure, directe, sans concession! La beauté de La bête lumineuse c’est ça : une bande d’amis qui, sans le savoir ni le vouloir, résument l’âme du monde entre traques et levées de coudes.

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La philo me mène donc tout naturellement vers l’étude du cinéma, l’étude du cinéma direct par le biais de la philosophie du langage. Rendez-vous pris avec Jean-Pierre Masse, professeur de maîtrise à l’UQAM. Celui-ci me demande si j’ai une objection à ce que les gens consultent mes futurs travaux étudiants. Après 120 secondes, il m’éjecte de son bureau en m’incitant à m’inscrire au programme de Médias interactifs. Sans trop comprendre ce qui vient d’arriver, je décide de suivre son conseil.

Rapidement, je découvrirai tout l’intérêt de cette aventure en médias interactifs. Tandis qu’en philosophie les tentatives de nommer les choses nous éloignent de plus en plus de la vérité, le documentaire, lui, permet d’en révéler une partie, en laissant s’exprimer une parole ordinaire. Les médias interactifs ouvrent encore plus le champ des possibles, puisqu’ils placent le public au centre de la création de sens, la création de cette « vérité » tant recherchée.

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Plus de 15 ans plus tard, je me sens béni d’avoir fait ce détour. Non seulement je suis extrêmement fier d’exercer ce métier, mais, en plus, j’ai le privilège de le faire à lONF,  au cœur de cette cathédrale qui a rendu possible le cinéma de la parole du cinéaste-philosophe que fût Pierre Perrault.

Prenez 127 minutes de votre vie pour découvrir celui qui a changé la mienne. On ne sait jamais, ça pourrait aussi vous arriver!

La bête lumineuse, Pierre Perrault, offert par l'Office national du film du Canada

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