La 16e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) se tiendra du 13 au 24 novembre 2013. Plus de 135 films en provenance d’une quarantaine de pays ont été retenus pour l’occasion. En parcourant la très belle programmation préparée avec soin par l’équipe des RIDM, quelques films ont particulièrement retenus notre attention. Du documentaire musical au film politique, en passant par quelques histoires d’amour, voici 15 films à ne pas manquer aux RIDM 2013.
The Square
Les RIDM ont débuté hier soir avec la présentation du très attendu The Square de la cinéaste égyptienne Jehane Noujaim. Prix du public au Festival international du film de Toronto (TIFF) et à Sundance, ce documentaire raconte de l’intérieur les événements de la place Tahrir au Caire, des premières manifestations contre le président Hosni Moubarak, jusqu’à sa chute, suivie de l’élection et de la démission de Mohamed Morsi, président élu issu des Frères musulmans. De janvier 2011 à juillet 3013, l’équipe de tournage suit 4 protagonistes Ramy, Ahmed, Magdy et Khalid Abdalla, que l’on a vu dans Les Cerfs-volants de Kaboul, dans cette suite complexe d’évènements révolutionnaires.
Présenté en première mondiale, Crazy Derby Love des cinéastes Maya Gallus et Justine Pimlott nous plonge dans l’univers coloré du roller derby à travers le parcours de l’équipe montréalaise, les New Skids on the Block. On y suit aussi les destins individuels de jeunes femmes, qui ont trouvé dans ce sport atypique une communauté tissée serrée et un moyen d’exprimer sans complexe une féminité forte et originale.
Victime d’un accident de travail lors duquel il s’est fait broyer les deux jambes par une machine industrielle, l’Argentin Ariel Bari entreprend sa transhumanité et décide de guérir, de reconstruire son identité sans sa famille et de fabriquer ses propres prothèses. Coproduit par l’ONF, Parabola Films et Beso Film, Ariel est un récit émouvant dans lequel le précaire équilibre émotionnel d’un homme se renforce durant son unique métamorphose. Il a été réalisé par Laura Bari, qui est aussi la sœur d’Ariel.
Si vous êtes amateur de hip hop, vous connaissez sûrement le label de musique Stones Throw Records, à l’origine de certains des disques les plus acclamés de la dernière décennie. Fondé par DJ Peanut Butter Wolf, le label américain compte parmi ses membres des artistes de talent, tels que J Dilla, Madlib, Aloe Blacc et Dam-Funk, pour ne nommer que ceux-ci. Réalisé par Jeff Broadway, Our Vinyl Weighs a Ton présente le label indépendant à travers de nombreuses entrevues de collaborateurs (dont Kanye West et Mike D) et de fans.
Portrait documentaire de la charismatique chanteuse punk et icône féministe Kathleen Hanna, que l’on connaît grâce aux groupes Bikini Kill et Le Tigre. Réalisé par Sini Anderson, une amie proche d’Hanna et elle-même une figure influente de la scène artistique punk et queer américaine, The Punk Singer nous plonge dans la culture alternative des années 1990 et 2000.
Produit par l’ONF, ce documentaire musical atypique de la réalisatrice Chelsea McMullan fait le portrait de l’artiste indépendant transgenre Rae Spoon. Née femme dans un corps qu’elle ne reconnaissait pas, élevée au sein d’une famille chrétienne évangélique en Alberta, Rae Spoon raconte son enfance, ses choix et son parcours musical à travers une série d’entrevues et de performances musicales et de type spoken words.
Projet multidimensionnel de Katerina Cizek, produit par l’ONF, Highrise en est rendu au déploiement de sa 4e phase, cette fois en collaboration avec la section Op-Docs du New York Times. Documentaire interactif, A Short History of the Highrise explore la grande histoire de vivre à la verticale, le rythme effréné du développement urbain et les enjeux sociaux qui en découlent.
Créé par David Dufresne (Prison Valley), Fort McMoneypropose une expérience Web immersive trilingue (anglais, français et allemand) se déroulant à Fort McMurray ― parfois surnommée « Fort McMoney » ― en Alberta, appelée à jouer un rôle déterminant dans l’avenir énergétique de la planète. Sables bitumineux, pollution, emplois, exploitation des ressources naturelles et pauvreté sont tous des thèmes pris en compte dans ce jeu interactif où vous êtes le héros. Dès le 25 novembre, les internautes de partout dans le monde pourront prendre les commandes de la ville et décider de son avenir. D’ici là, les festivaliers auront la chance de découvrir le projet en avant-première le 20 novembre prochain, à l’occasion du volet Docs 2.0 des RIDM.
Pour célébrer les festivités du nouvel an vietnamien, le cinéaste Khoa Lê (Je m’appelle Denis Gagnon) retourne dans son pays d’origine pour visiter sa famille lointaine. Par l’entremise d’entretiens savoureux avec sa grand-mère, d’images oniriques et de souvenirs, il nous livre une éblouissante chronique de ce voyage. Le temps a passé. Les visages et les lieux ne sont plus les mêmes, mais tous demeurent étrangement familiers.
Sélectionné en compétition nationale longs métrages, le plus récent documentaire de la légendaire cinéaste Alanis Obomsawin, produit à l’ONF, raconte l’histoire de la jeune Shannen Koostachin, de la réserve crie d’Attawapiskat, en Ontario. L’adolescente avait un rêve : que les enfants autochtones aient accès à une éducation convenable. À 14 ans, Shannen a tenté en vain d’alerter le gouvernement fédéral sur cette situation honteuse. Sa mort tragique à 15 ans dans un accident de voiture, loin de mettre fin à sa campagne, a donné naissance à un mouvement national. Alanis Obomsawin rassemble les témoignages de personnes ayant porté ce rêve avec succès d’Attawapiskat jusqu’aux Nations Unies de Genève.
Face à l’intolérance de ses parents et de sa petite ville provinciale face à son homosexualité, James décide de s’enfuire avec son compagnon vers « la ville la plus gay » de l’Amérique, San Francisco. Mais la terre promise des homosexuels se révèle grise et inhospitalière. Avec un regard sensible, la cinéaste finlandaise Susanna Helke signe un conte moderne sur une société impitoyable envers les individus qu’elle juge différents.
Si vous avez quatre heures de libre samedi prochain, courrez voir le plus récent film du grand réalisateur Frederic Wiseman sur l’Université Berkeley en Californie, soit la plus ancienne et prestigieuse université publique américaine. Une fascinante incursion dans les coulisses de l’institution qui nous fait réfléchir sur le rôle et le futur de l’éducation supérieure.
Les RIDM se termineront sur un registre plus humoristique avec Fermières de la québécoise Annie St-Pierre. Produit par le studio micro_scope (Incendie, Monsieur Lazhar) ce documentaire nous fait découvrir avec humour et tendresse le fameux Cercle des fermières du Québec, soit la plus grande association de femmes de la province, regroupant près de 700 cercles à la grandeur du Québec.
Ne manquez pas également l’occasion unique de visionner l’ensemble de l’œuvre du grand réalisateur français Marcel Ophuls (Hôtel Terminus) en sa compagnie, à l’occasion de sa Rétrospective, ainsi que les deux hommages rendus aux regrettés cinéastes québécois Michel Brault et Arthur Lamothe, qui nous ont malheureusement quittés cette année.
Ah oui, et Gael Garcia Bernal sera à Montréal pour présenter son dernier film, Who is Dayani Cristal?. Les magazines à potins (et les madames) sont bien excités!