Le projet inuit Unikkausivut : Transmettre nos histoires démarre à Ottawa
Ce billet est une traduction de l’anglais.
Le mercredi 2 novembre dernier, l’ONF et ses nombreux partenaires (dont le Secrétariat des relations avec les Inuit du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord du Canada et le gouvernement du Nunavut et son ministère de l’Éducation) lançaient la première phase d’Unikkausivut : Transmettre nos histoires, un ambitieux projet visant à rassembler, à restaurer et à donner accès à la vaste collection de films de l’ONF réalisés sur et par les peuples inuits du Canada.
La manifestation, qui se tenait dans la capitale canadienne, était présentée en collaboration avec l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), l’organisme inuit national qui, pour célébrer son 40e anniversaire, avait organisé à Ottawa un événement de trois jours sous le thème « D’Esquimau à Inuit en 40 ans ».
Ce soir-là, les célébrations ont porté sur le lancement d’un coffret DVD de 24 films couvrant les 70 dernières années de la vie, de la culture et de l’histoire des Inuit, ainsi que d’une chaîne spécialisée en ligne hébergée par ONF.ca et présentant plus de 40 films de la collection d’œuvres inuites de l’ONF maintenant proposés gratuitement à la lecture en continu.
La soirée a commencé à grand fracas (littéralement) lorsque les élèves du Nunavut Sivuniksavut College, tous en costume traditionnel, ont accueilli les invités à l’auditorium au son de leurs tambours. Le Nunavut Sivuniksavut est un programme collégial de huit mois offert à Ottawa aux jeunes inuits de l’ensemble du Nunavut. Cette cohorte d’adolescents ambitieux aux yeux brillants est arrivée à Ottawa au début de septembre.
Tom Perlmutter, président de l’ONF, et Mary Simon, présidente de l’ITK, animaient le gala.
Mary Simon a parlé la première en indiquant que les films évoquaient des quantités de souvenirs liés à la vie sur le territoire, à une époque antérieure aux établissements. Elle a fait remarquer que si certains films, notamment Comment construire votre iglou, illustrent bien l’ingéniosité et le savoir-faire de son peuple, d’autres, comme Qimmit : un choc, deux vérités (Qimmit, A Clash of Two Truths) et Martha qui vient du froid relatent une histoire plus sombre. « Il importe que notre peuple connaisse ces deux aspects de notre histoire », a-t-elle affirmé.
Et de poursuivre : « L’histoire inuite est l’histoire du Canada. Il faut que cela soit compris au Sud [le sud du Canada] également. »
Tom Perlmutter a ensuite pris la parole. Il a remercié le peuple inuit d’enrichir notre culture, et exprimé l’espoir que le projet Unikkausivut puisse contribuer à préserver les langues et la culture inuites. « Mais il ne s’agit pas que de préservation , a-t-il souligné, en précisant que ce terme avait souvent une connotation péjorative s’apparentant au verbe ‘mariner’. Il est ici question de la croissance d’une culture, de son épanouissement, de son essor. »
Le président de l’ONF a indiqué que le coffret serait offert à toutes les écoles du Nunavut, et que les droits d’utilisation de ces films n’expireraient jamais. « Ces films se révéleront pour toujours des outils précieux dans l’enseignement et l’apprentissage des langues et de la culture inuites », a-t-il affirmé, ajoutant qu’à l’heure où toute la planète avait les yeux rivés sur l’Arctique, le moment était particulièrement propice au lancement d’une telle initiative « qui présentait un point de vue inuit sur le monde ».
De nombreuses personnalités assistaient à la soirée, notamment l’honorable Eva Aariak, première ministre du Nunavut, l’honorable Leona Aglukkak, ministre de la Santé, Michael Wernick, sous-ministre aux Affaires autochtones, ainsi que des représentants des quatre régions inuites (Nunavut, Nunavik, Nunatsiavut et Inuvialuit).
Martha Flaherty (petite-fille de Robert Flaherty, réalisateur du film culte Nanook l’Esquimau paru en 1922, et sujet du documentaire de l’ONF Martha qui vient du froid, a parlé du rôle de « conseillère inuite » qu’elle a joué durant le projet.
D’allure royale dans son étole de fourrure rouge assortie à la couleur de ses lèvres et de ses ongles, Martha a exprimé sa fierté d’être Inuite. « Le fait d’agir comme conseillère inuite a été pour moi une véritable prise de conscience, a-t-elle déclaré. Je croyais connaître la culture inuite avant de voir ces films, mais je ne la connaissais pas. Ils sont incroyables! »
Après ces brèves allocutions a eu lieu la présentation de films tirés du coffret. Comme sur les DVD, nous pouvions les visionner en français, en anglais ou en inuktitut grâce à des casques d’écoute haut de gamme.
Les invités ont vu Comment construire votre iglou (un classique), deux courts métrages extraits de Canada Vignettes (Povungnituk au mois de juin et Autrefois au Labrador), ainsi qu’un court métrage d’animation du Labo d’animation du Nunavut intitulé Je ne suis qu’une petite femme (I am But a Little Woman).
Après les projections, qui ont donné à tous la nostalgie du Nord (et, cela s’entendait, de la « nourriture pays »), on a remis symboliquement le coffret Unikkausivut aux représentants des quatre régions inuites.
Pita Aatami, président de la Société Makivik (Nunavik), a exprimé sa gratitude en ajoutant qu’il avait adoré la série Netsiliq quand il était écolier.
Il habitait alors sous la limite forestière, là où il y a des arbres. « Je n’avais jamais vu d’iglou avant de visionner ces films, a-t-il dit. Je vais montrer ça à ma fille. Elle a treize ans et n’a jamais vu d’iglou non plus. »
La soirée s’est terminée au son des chants et des tambours inuits, courtoisie des étudiants du Nunavut Sivuniksavut College. Deux étudiantes ont en outre ravi les spectateurs avec des chants gutturaux fort impressionnants.
Unikkausivut : Transmettre nos histoires amorcera bientôt sa tournée.
Projections prévues dans les régions inuites :
Le 7 novembre : Iqaluit
Le 8 novembre : Kuujjuaq
Le 17 novembre : Nain
Le 23 novembre : Inuvik
Visionnez en ligne les films de la série Unikkausivut : Transmettre nos histoires
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