Journée du chandail rose | films et ressources sur l’intimidation (niveau primaire)

« Être vous-même dans un monde qui essaie constamment de faire de vous quelqu’un d’autre est la plus grande réalisation qui soit. » – Ralph Waldo Emerson

Eh oui, même Emerson, qui a rédigé ces lignes il y a plus de 150 ans, avait compris que la résistance au conformisme pouvait susciter la haine. Le désir d’une personne de réussir et de s’améliorer lui vaut parfois des reproches pouvant aller jusqu’à l’intimidation, sujet de notre conversation.

Sois toi-même. Sois fier ou fière de la personne que tu es. Tu es unique. Nous, les enseignantes et enseignants, dispensons de la bienveillance, de l’empathie et de la compassion en milieu scolaire. Mais notre soutien et nos mots d’encouragement ne suffisent pas à empêcher les brutes d’exister.

Ces différences qui font de nous des êtres si exceptionnels, les brutes n’en font qu’une bouchée. Bien des facteurs les poussent à l’intimidation, par exemple la race, l’ethnicité, les capacités intellectuelles, le genre, les caractéristiques personnelles et même les passe-temps.

Tout comme les boutons, les brutes réapparaissent sans cesse. On les trouve n’importe où. Harry Potter se faisait intimider par Drago Malefoy. Bart Simpson, par Nelson. Et Jean-Luc Picard (de la série Star Trek) a beau vivre au 24^e siècle, il se dispute et se bagarre avec son frère Robert.

À l’heure actuelle, environ 20 % des élèves subissent de l’intimidation sous une forme ou une autre, plus de 70 % disent avoir été témoins d’intimidation, et un même pourcentage estime qu’il s’agit d’un problème [1]. Selon un sondage récent de Statistique Canada, 19 % des répondantes et 13 % des répondants ont déclaré avoir été victimes de harcèlement dans leur milieu de travail [2].

Que faire, devant ces actes d’intimidation qui n’en finissent plus de se produire ? Nous devons poursuivre notre conversation. Il y a urgence. Il faut continuer de renseigner les élèves sur les effets dévastateurs que peut entraîner l’intimidation. Les encourager à ne pas se laisser abattre, à se défendre et à défendre les autres avec confiance, et à demander de l’aide au besoin.

C’est à nous, enseignantes et enseignants, qu’il appartient de fixer la limite et d’agir avec rigueur. Évitons de regarder ailleurs. Attaquons-nous au problème. Passons à l’action. Tenons-nous debout. Établissons ce lien qui permet d’encourager et de donner les moyens d’agir.

Mesures possibles : discuter avec les membres du conseil d’établissement et se doter (si ce n’est déjà fait) d’une politique visant à lutter contre l’intimidation à l’école et/ou à l’intérieur du district ou du centre de services scolaire. Former du personnel de l’école et lui donner les outils et les appuis nécessaires pour lui permettre de favoriser une culture scolaire sûre et bienveillante. Conseiller non seulement les victimes d’intimidation, mais aussi ceux ou celles qui les tyrannisent (parce que bien des raisons peuvent conduire à brutaliser les autres).

Organiser une soirée d’information à l’intention du milieu scolaire et de la communauté en général pour mettre de l’avant des mesures positives de lutte contre l’intimidation. Faire appel à des intervenantes et intervenants ou à des personnalités de la région pour dynamiser une campagne de lutte contre l’intimidation. Ensemble, nous pouvons certainement faire cesser ce comportement.

Poursuivre la conversation afin de mettre un terme à l’intimidation nécessite des ressources et des appuis. Et il en existe des quantités ! L’Office national du film du Canada propose aux élèves du primaire de formidables productions illustrant les problèmes et les conséquences qu’entraîne l’intimidation. Nous vous suggérons ci-après quelques-unes de ces œuvres.

La danse des brutes

La danse des brutes, Janet Perlman, offert par l’Office national du film du Canada

Durée : 10 minutes

Âge recommandé : 5 ans et plus

Pour : comme il s’agit d’un film sans paroles, tout repose sur les actions. Cet excellent court métrage convient aux plus jeunes et peut constituer le point de départ de conversations sur la pression de conformité, le respect, le partage et la collaboration, ainsi que l’empathie. Les élèves de classes plus avancées discuteront de la façon dont un groupe peut favoriser, ou au contraire neutraliser, une culture de l’intimidation, et du fait que les témoins renforcent sans en avoir conscience les comportements des brutes.

Pour : le film s’accompagne de deux guides pédagogiques (abonnement à CAMPUS nécessaire).

Pour : je crois que les jeunes élèves du primaire s’amuseront à imiter la danse des personnages du film !

Porte à porte

Porte à porte, Zabelle Côté, offert par l’Office national du film du Canada

Durée : 4 minutes

Âge recommandé : 5 ans et plus

Pour : j’aime que le film comporte de courts passages montrant les deux enseignantes qui encouragent le dialogue ouvert et positif entre les élèves des deux niveaux scolaires.

Pour : à la fin du film, les élèves de 6^e année s’amusent avec les plus jeunes dans la cour d’école, ce qui met en relief les résultats concrets de la résolution de conflit.

Pour : je vois une collaboration possible entre les niveaux scolaires. Les élèves de niveau plus avancé pourront voir le film avec les plus jeunes jusqu’à la marque de 1 minute 15 secondes. On arrêtera alors la projection pour discuter de ce qui se déroule dans le film durant cette séquence et inscrire ensemble sur Jamboard des solutions possibles.

Nico la taupe

Nico la taupe, Brian Duchscherer, offert par l’Office national du film du Canada

Durée : 22 minutes

Avertissement : mention d’automutilation (vers 18 min 30 s)

Âge recommandé : 8 ans et plus

Pour : ce film illustre des notions liées à la pression des camarades, à l’inclusion et à l’amitié.

Pour : aujourd’hui encore, des élèves sont victimes d’intimidation en raison de leur apparence différente et pour un motif aussi banal que le fait de porter des lunettes. Je vois très bien les élèves de la 3^e à la 6^e année rédiger de courts textes de réflexion sur ce qu’évoque pour eux et elles l’acceptation des camarades, discuter des caractéristiques de l’amitié et même effectuer une sortie scolaire chez l’optométriste du quartier (ou assister à une présentation en ligne de l’optométriste).

Pour : vers la marque de 18 minutes 30 secondes, Nico en arrive, dans un monologue, à se dire que la mort constitue le meilleur moyen de disparaître. L’évocation de cette solution pourra perturber certaines personnes, mais je crois qu’elle constitue en fait un excellent lien pour discuter du rapport entre l’intimidation et une faible estime de soi, un manque de confiance en soi, et entre l’intimidation et la dépression.

Les conseils scolaires se sont pour la plupart dotés d’un programme sur la sécurité à l’école ou d’un programme de mesures disciplinaires progressives qui donne au personnel enseignant des lignes directrices sur la façon d’agir contre l’intimidation. Outre les ressources que l’ONF met à votre disposition, songez à faire appel aux outils suivants qui ont fait leurs preuves :

• Ressources pour les enseignants – Cyberintimidation, HabiloMédias
• « Fiche d’information sur l’approche réparatrice dans les écoles », gouvernement de la Nouvelle-Écosse
• « Intimidation : comment la prévenir et intervenir », ministère de la Famille du Québec

Le présent billet a été rédigé en collaboration avec la conseillère de projet Tina Jou.

Professeure depuis plus de 25 ans à Edmonton, en Alberta, Tina Jou enseigne en ce moment à la maternelle.

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