Le Projet 5 courts en Abitibi-Témiscamingue : les films offerts en ligne
Lancé par l’ONF en 2015, le Projet 5 courts est de retour cet automne! Après avoir révélé des talents de la ville de Québec et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’initiative s’est rendue en Abitibi-Témiscamingue pour sa troisième édition. Yousra Benziane, du Studio documentaire de l’ONF, nous en fournit un aperçu.
Pour la toute première fois, le Projet 5 courts met exclusivement en vitrine les créations de femmes cinéastes : Délia Gunn (Délia de 9 à 5), Evelyne Papatie (Les enfants des nomades), Jessy Poulin (La charge mentale pour les nuls), Émilie Villeneuve (Mamie et Mia) et Gabrielle Cornellier (Orteils talons orteils talons). Parmi les cinq participantes, trois sont issues de Rouyn-Noranda, tandis que Délia Gunn et Evelyne Papatie sont des membres de la communauté anicinape de Kitcisakik demeurant au Réservoir-Dozois.
Regardez les films
« Les cinéastes ont été choisies par Serge Bordeleau, de la boîte abitibienne Nadagam films, partenaire du projet. Serge connaît bien les talents de sa région, et on trouvait intéressant de donner la parole à des voix qu’on entend peut-être plus rarement », explique Yousra Benziane, une réalisatrice qui a été recrutée par le Studio documentaire pour chapeauter toutes les étapes du projet, de la scénarisation au montage.
« La plupart des participantes étaient en début de parcours ou n’avaient pas encore créé de film professionnel. Elles ont vraiment des expériences et des approches très différentes les unes des autres! »
Contrainte de création
Si les créateurs ont toujours carte blanche en matière de contenu, chaque édition du Projet 5 courts lance toutefois un défi technique à ses participants. Pour les cinéastes de Québec (avec Spira), il s’agissait de tourner en 4K, et pour ceux du Saguenay–Lac-Saint-Jean (avec La bande Sonimage), d’employer une caméra Bolex numérique. Cette année, l’initiative a invité les réalisatrices à créer une œuvre plus courte que d’habitude — soit d’un maximum de trois minutes — qui soit destinée au web.
« Les réalisatrices ont appris la contrainte lors d’un atelier de création organisé à Rouyn », raconte Yousra, qui animait cette rencontre préliminaire destinée à briser la glace, à faire des jeux créatifs et à développer des outils pour construire le scénario de chacune.
« Elles ont été très surprises! On a fait un petit inventaire de ce qui se fait sur le web, des diverses approches possibles… L’idée était de montrer que ce n’est pas un genre moins noble que le court métrage traditionnel. C’est un beau défi d’arriver à dire quelque chose en trois minutes! Chacune a réussi à le relever à sa façon. »
La création des films s’est déroulée de décembre 2017 à mai 2018, avec un accompagnement continu de l’ONF et de Nadagam films. Les réalisatrices du projet ont aussi pu compter sur le directeur photo montréalais Dan Popa, ainsi que le preneur de son Jonathan Monderie-Larouche, l’assistant de production Cédric Corbeil et la stagiaire Jemmy Echaquan Dubé, en Abitibi.
Cinq regards distincts
Il en résulte une collection de « très courts métrages » très vivants et personnels. Même si les thèmes et les approches artistiques sont très diversifiés, Yousra note tout de même un important point commun :
« Chacun des films a un aspect intergénérationnel, qui n’est peut-être pas étranger au fait que quatre des cinq réalisatrices sont aussi mères. Mamie et Mia place trois générations d’une même famille autour de la table; Les enfants des nomades parle de la transmission; La charge mentale pour les nuls aborde des éléments liés à la maternité; Délia de 9 à 5 traite aussi de “charge mentale”, mais au Réservoir-Dozois; et Orteils talons orteils talons est une rencontre directe entre les générations. »