Le secret derrière l’animation image par image
Même si l’animation image par image existe depuis plus de 100 ans, sa popularité vient par vague.
En animation image par image, les objets ou les dessins sont légèrement déplacés entre chaque prise de photo. L’enchaînement des photos crée l’illusion de mouvement. Il faut généralement 12 images pour produire 1 seconde d’animation image par image.
Souvent jumelée à d’autres techniques, l’animation image par image donne lieu à un genre hybride. C’est le cas, par exemple, de l’animation de pâte à modeler. Pensez à la publicité pour les raisins secs de la Californie. Quand cette technique est utilisée sur des acteurs réels, on parle communément de pixillation. Le film Voisins en est un excellent exemple.
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Un grand nombre de nos films d’animation préférés sont réalisés image par image… Poulets en fuite, L’étrange Noël de monsieur Jack, Fantastique Maître Renard, Wallace et Gromit… la liste est longue.
Heureusement, l’ONF a produit un bon lot de films de cette catégorie. Alors sans plus tarder, voici cinq de nos meilleurs films d’animation image par image.
Sainte Barbe
Pour ce billet, j’ai consulté les experts internes afin d’obtenir leurs recommandations sur les films à inclure. Je ne fais pas moi-même la sélection, car je veux que les choses se fassent dans les règles de l’art, sans favoritisme. C’est ainsi que je regarde parfois des films que je n’aurais peut-être jamais vus. C’est le cas du suivant.
Je ne sais pas pourquoi il m’est toujours passé sous le nez. D’abord, il a été réalisé par l’équipe qui signe Au pays des têtes, que j’adore. Décapiter des enfants… Quelle excellente matière à comédie! Ensuite, le film rappelle tellement le style Tim Burton, tant par l’animation que par l’histoire excentrique.
Sainte Barbe porte essentiellement sur les hommes et leur toison. Il semble que Samson n’était pas le seul à s’inquiéter du pouvoir de sa chevelure. Léon, un petit garçon chauve, tient beaucoup à la barbe de son grand-père, qu’il croit dotée de pouvoirs magiques. Sa grand-mère, au contraire, guette toutes les occasions de la lui raser.
S’ensuit un charmant conte sur les liens, ou les cheveux, qui nous unissent.
Sainte Barbe, Cédric Louis et Claude Barras, offert par l’Office national du film du Canada
Madame Tutli-Putli
À mon avis, Chris Lavis et Maciek Szczerbowski sont deux des plus brillants cinéastes d’animation image par image de notre époque. Leurs films ont leur propre style, une esthétique à nulle autre semblable. Et ce film l’illustre parfaitement.
Madame Tutli-Putli, c’est une femme qui monte à bord d’un train de nuit avec tout son bagage – au sens littéral comme figuré. Elle est prise entre la réalité et l’imagination, et tout le film dégage une ambiance on ne peut plus existentielle.
L’animation même est fantastique : un pur plaisir à regarder. Tous les éléments du film s’imprègnent d’une dimension mystique, de l’histoire au décor en passant par les personnages. Cette œuvre fait figure d’atelier de maître sur l’animation image par image. Son visionnage devrait être imposé à quiconque envisage de se lancer dans cette forme d’art.
Et si votre ferveur est inconditionnelle, vous souhaiterez peut-être acheter cette épinglette.
Madame Tutli-Putli, Chris Lavis et Maciek Szczerbowski, offert par l’Office national du film du Canada
Le château de sable
Quand on pense ONF de la vieille école et animation image par image, c’est sans doute le premier film qui vient à l’esprit. Le court métrage d’animation de Co Hoedeman sur une mystérieuse créature de sable qui façonne d’autres créatures et leur donne vie a quand même bien remporté l’Oscar dans sa catégorie.
J’ai regardé le film avec mon fils de 12 ans. Au bout d’une petite minute, il disait déjà : « C’est plutôt bien, pour de l’animation image par image. »
Je lui ai alors dit que le film datait de 1977. Mon fils n’en revenait pas. Et avec raison : le film est impressionnant. Oui, il a un petit côté étrange et prête à interprétation, mais sa qualité artistique est indéniable.
Le château de sable, Co Hoedeman, offert par l’Office national du film du Canada
Histoire de perles
Ce film est renversant dans tout son éclat des années 1970. Il s’agit d’une animation image par image de cinq minutes faite à partir de perles. Beaucoup de perles. Entendre, un nombre ahurissant de perles. Elles sont disposées en forme d’animaux et d’objets qui sont ensuite dévorés ou métamorphosés en des formes différentes.
Tout commence simplement – quelques perles, quelques formes. Mais au fil des cinq minutes, les images gagnent en complexité et prennent une dimension mythique. C’est à couper le souffle, de penser au long travail de moine accompli pour réaliser ce film. Un seul faux mouvement et…
En 25 ans de carrière, Ishu Patel a fait de nombreux films pour l’ONF. Il a eu recours à des techniques d’animation variées. Il adorait expérimenter, et il a adapté ou créé divers procédés qu’il a ensuite appliqués à ses œuvres. Il a non seulement été un réalisateur influent, mais il a aussi encadré bon nombre de cinéastes d’animation qui sont passés par le Studio. Un coup d’œil à ce film suffit à comprendre pourquoi.
Histoire de perles, Ishu Patel, offert par l’Office national du film du Canada
Dernier cri
Ce film d’animation image par image a été produit dans le cadre du programme de formation destiné aux cinéastes de la relève, Hothouse. Je l’adore. C’est l’histoire d’un vison qui entre dans un magasin de fourrure. Le film est drôle, les images sont superbes et le message passe – tout ça en moins de 60 secondes.
On en parle souvent comme d’une animation à la croisée de Fantastique Maître Renard et Shining – L’enfant lumière. La description est assez juste. Pour sa première œuvre, la réalisatrice Alexandra Lemay a démontré son talent, son habileté à raconter une histoire et son énorme souci du détail. Le film a d’ailleurs été mis en nomination pour le Jutra du meilleur film d’animation.
Si vous aimez les contes à saveur morale et l’humour, noir de préférence, vous vous délecterez de ce film.
Dernier cri, Alexandra Lemay, offert par l’Office national du film du Canada