L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
La neige en trois actes

La neige en trois actes

La neige en trois actes

L’hiver marque les esprits et, par le fait même, il marque l’imaginaire cinématographique du Canada. Nombreux sont les films de l’ONF qui ont inclus l’hiver soit comme phénomène important, soit comme un personnage à part entière. Petit tour de piste pour voir l’hiver au cinéma en trois vagues, ou plutôt, en trois tempêtes.

L’Autochtone

Il y a quelque chose d’approprié à voir des membres des Premières Nations, encore attachés à un mode de vie presque disparu, s’activer naturellement dans un environnement particulièrement rude. Quand cet Esquimau de Netsilik se couche sur le ventre et rampe sur la neige pour attraper sa proie, il ne semble pas voir la neige comme un élément dérangeant. Elle est tout simplement là. Il s’en protègera avec la peau du phoque qu’il vient de tuer, mais la présence de cet élément dans le décor ne vaut pas nécessairement mention ou plainte, c’est tout simplement là.

À l’affût du phoque sur la glace printanière – 1re partie par ONFB , Office national du film du Canada

Idem pour la construction d’igloos : dans deux documentaires, on dévoile la technique de construction de ces habitations de glace. Vu de l’extérieur, la dernière étape donne l’impression que l’igloo se construit tout seul, tandis que les derniers blocs recouvrent le haut de cette structure où la neige sert « à la fois de brique et de mortier ». Le calme et l’expertise dévoilent cette simple vérité : pour de nombreuses personnes, la neige n’est pas un élément perturbateur, elle fait partie de la vie et il serait probablement difficile d’imaginer une vie différente, où on ne prend pas l’heure et demie qu’il faut pour bâtir une petite maison blanche.

Comment construire votre iglou par Douglas Wilkinson, Office national du film du Canada

Le citadin

L’expérience urbaine voit surtout la neige comme un élément dérangeant. Quand la série de documentaires à propos du mont Royal se consacre à sa version hivernale, on aperçoit un plan particulièrement révélateur : un cycliste croise un joggeur sur une des routes enneigées de la célèbre montagne. On brise ainsi le caractère imposant de l’hiver en gardant sa routine, en n’y changeant rien. Là où l’Inuit se frotte contre le sol enneigé ou construit calmement son igloo, le citadin ne veut pas perturber son cycle plus artificiel : d’où le déneigement et, conséquemment, le « déneigeur » le plus populaire du cinéma québécois : Léopold Z!

La vie heureuse de Léopold Z par Gilles Carle, Office national du film du Canada

Valeureux mari, rêvant de voyages en Floride, harcelé par un patron misogyne et invasif, Léo se promène en pleine tempête dans un Montréal envahi de camions dont la mission est de débarrasser la ville de neige. Bien que la neige lui permette de vivre un moment ludique avec l’excentrique Josette, elle l’éloigne de son épouse Catherine : quand celle-ci l’appelle au travail, il est indisponible, et quand il veut lui écrire une petite lettre d’amour, son patron lui pointe du doigt : « Tempête de neige, Dorchester! ». Si la neige avait une conscience dans ce long métrage, elle voudrait éloigner Léopold de ses devoirs maritaux.

Moralement, la neige prend une toute autre dimension dans le classique Mon oncle Antoine : c’est elle qui transforme Benoît en homme. Bien qu’il ait déjà des pulsions matures en espionnant une femme par un trou ingénieux, c’est en fait dans la neige, où s’écroule son oncle Antoine, saoul après une visite particulièrement funeste très loin de chez eux, qu’il vit un moment particulièrement rude qui le transformera à jamais. C’est la cruauté du terrain, la solitude face à l’immensité d’un énorme terrain enneigé, qui transformera Benoît de garçon en homme.

Mon oncle Antoine par Claude Jutra, Office national du film du Canada

L’immigrant

On les voit dans Pour quelques arpents de neige, ce documentaire qui suit des immigrants à leur arrivée au Canada. Tandis qu’ils chantent leurs chœurs italiens ou qu’ils jouent de l’harmonica, la fenêtre du train dévoile une réalité toute blanche : les nouveaux arrivants vivent leur première neige avec émerveillement, et par la force des choses, ajoutent leur propre couleur à ce blanc répandu.

Pour quelques arpents de neige par Georges Dufaux et par Jacques Godbout, Office national du film du Canada

Quand Gita souhaite revivre une fête traditionnelle indienne durant son premier hiver québécois, elle est confrontée à une dure réalité : la température ne permet certainement pas aux feux d’artifices de son père d’être déployés dans toute leur splendeur. Dans son refus, Gita est misérable. Mais tandis qu’elle accepte l’hiver, le froid, le verglas, la panne d’électricité qui suit, elle est capable d’utiliser les lumières naturelles de ses bougies pour égayer son quartier au grand complet, ce qu’elle constate uniquement lorsqu’elle sort rencontrer une amie qui vient la visiter, et qu’elle glisse. Le quotidien banal, ou même désagréable, peut être réinterprété pour créer une magie spécifique à la saison froide, et le nouvel arrivant est le mieux placé pour jeter un regard différent, voire même de changer le décor sans en alterner la nature. La neige est ainsi d’un blanc particulièrement coloré.

Des lumières pour Gita par Michel Vo, Office national du film du Canada

Que ce soit dans son acceptation, son déni ou sa découverte, la neige crée des expériences typiquement canadiennes, qui mènent de la jubilation au désarroi, en passant par la calme détermination de vivre. Et les cinéastes de l’ONF l’ont compris depuis longtemps.

Ajouter un commentaire

Commenter