RIDM 2012 : les coups de coeur de l’équipe
La 21e édition des Rencontres internationales du documentaire (RIDM) a pris fin dimanche dernier après avoir dévoilé son palmarès samedi soir, à l’occasion de la soirée de clôture. Matthew’s Law de Marc Schmidt est reparti avec le Grand prix de la compétition internationale longs métrages alors que Ma rie réelle, l’ultime film du défunt réalisateur Magnus Isaacson, s’est mérité celui de la compétition nationale. 5 Broken Cameras d’Emad Burnat et de Guy Davidi est reparti quant à lui avec deux prix, celui du public et celui des détenus, alors que deux coproductions de l’ONF se sont vues attribuer des mentions spéciales : Le prix des mots de Julien Fréchette (Mention spéciale – Prix Magnus Isaacson) et Les poings de la fierté d’Hélène Choquette (Mention spéciale – Prix des détenues). Vous pouvez consultez le palmarès complet ici.
L’équipe des médias sociaux de l’ONF vous a préparé son propre palmarès pour l’édition 2012. Matthieu Stréliski, Emilie Nguyen Ngoc et moi-même avons craqué pour les films et les événements qui suivent.
Le prix des mots
Ce documentaire de Julien Fréchette suit pendant plus de 4 ans le chercheur et auteur Alain Deneault dans l’escalade des poursuites juridiques que lui intente la compagnie canadienne Barrick Gold suite à la rédaction du livre Noir Canada. Au delà du verdict de ce « thriller juridique », le film nous oblige à réfléchir au poids énorme que peut exercer les grandes compagnies et sur la liberté d’expression et d’accès à la justice. (M.S)
À l’affiche dès le 8 février 2013.
The Fruits Hunters (Chasseurs de fruits)
Coup de cœur pour ce fascinant documentaire du cinéaste Yung Chang (Up The Yangze, China Heavyweight). Adaptation du best-seller éponyme, le film suit la trace de ces étonnants collectionneurs de fruits exotique (dont l’acteur Bill Pullman) qui consacrent leur vie à dénombrer, préserver et savourer des variétés de fruits, des plus obscurs aux plus connus. De Bali à Hollywood, nous suivons ces chasseurs de fruits, à travers la jungle touffue, dans une chasse aux mangues ou en quête d’anciennes figues disparues. Un film à voir. (E.N.N.)
À l’affiche dès le 23 novembre à Montréal (Cinéma Excentris, Cinéplex Forum) et à Toronto (Bloor Cinema).
Low & Clear
Lorsque J.T Van Zandt et Alex « Xenie » Hall vont à la pêche, ce n’est pas pour rigoler. Amateurs passionnés… et légèrement compulsifs, les deux amis pratiquent la pêche comme une discipline olympique. Cette activité de plein air donne un sens à leur vie et aucun ne saurait vivre sans pouvoir lancer sa ligne régulièrement. Un seul problème : les deux amis abordent la pêche avec des philosophies complètement opposées. Pour J.T., elle relève d’une communion avec la nature, alors que pour Xenie, seule la performance compte. Ce dernier compile les photos de toutes ses prises comme d’autres compileraient leurs plus beaux moments en famille. Lorsque les deux hommes se retrouvent lors d’un voyage de pêche en Colombie-Britannique, la friction entre les deux personnalités se fait sentir. Qui sera le meilleur pêcheur? Les réalisateurs Kahlil Hudson et Tyler Hughen nous offre un portrait magnifiquement tourné d’une amitié hors du commun et d’une passion partagée qui dépasse l’entendement. (C.P.)
Doc Circuit Montréal : webdocs et projets interactifs
Une nouvelle section a été insérée dans la très riche programmation : Docs 2.0. Cette section, programmée par la réalisatrice et productrice Patricia Bergeron, proposait de se faire narrer l’expérience des documentaires Web par leurs créateurs sur un grand écran.
J’ai assisté à la présentation sur la thématique des frontières vue d’un point psychologique et géopolitique. J’ai pu assisté à la navigation commentée de notre projet Ici, Chez soi par la productrice Nathalie Cloutier. Le second documentaire Web présenté était Portraits de frontières qui comme son nom l’indique nous promène le long de ces lignes si disputées autrefois en Europe. Les zones frontalières européennes demeurent des points de ruptures fascinants.
J’ai adoré cette formule car elle donnait l’occasion d’échanger avec les concepteurs des projets. Le fait de se retrouver guidé à travers un site Web dans une salle de cinéma accentue l’immersion du webdoc et donne assurément l’envie de parcourir l’ensemble du projet une fois devant son ordinateur.
Parlant de documentaires Web, lors des rencontres de l’industrie Doc Circuit Montréal, les RIDM ont eu la bonne idée de recevoir Matthieu Lietart auteur du livre Web-documentaires. Guide de survie & conseils pratiques qui se veut comme l’un des premiers ouvrages à se pencher sur cette nouvelle forme. Ce livre est une belle entrée en matière pour comprendre l’univers du documentaire Web, surtout que Lietart a rencontré plus de 30 concepteurs pour le contenu de son guide. (M.S.)
Leviathan
« Le film le plus excitant de 2012 », selon Cinema Scope. Une citation à prendre avec un grain de sel (de mer). Tourné à partir d’une douzaine de petites caméras indestructibles (Go Pro), ce documentaire expérimental, réalisé par deux docteurs en anthropologie de l’Université Harvard, propose une immersion viscérale et brutale dans l’univers de la pêche industrielle en haute mer. Sans dialogue ou presque, sans trame narrative, le film est d’une audace visuelle et formelle inouïe. Quand elle n’est pas trainée au bout d’un câble en pleine mer, la caméra est perchée au bout d’un mât, plongée au cœur des viscères poissonneux, carrément placée dans une douche ou fixée à la proue du navire. On en retire des moments d’une foudroyante beauté: comme ces cascades sanguinolentes d’eau de mer qui sont expulsées du bateau, de célestes vols de goélands, une pluie d’étoiles de mer; ou des images d’un ennui mortel : des scènes qui s’étirent, qui ne sont pas très intéressantes visuellement, voire répétitives. Il faut approcher ce documentaire comme une étude anthropologique de l’homme face à la nature et à l’industrialisation. Probablement l’un des documents les plus percutants et dérangeant qui existe, jusqu’à ce jour, sur la pêche industrielle. Pour public averti. (E.N.N.)
Projection hommage : Pour la suite du monde
Pour souligner le 50e anniversaire du documentaire Pour la suite du monde, les RIDM, en collaboration avec la Cinémathèque québécoise, ont organisé une projection hommage du film, suivie d’une discussion avec ses artisans. Un moment émouvant : Michel Brault, Werner Nold, Marcel Carrière et Fernand Dansereau réunis sur scène, livrant des anecdotes de tournage croustillantes, les souvenirs des uns complétant les histoires des autres à travers une complicité palpable. Toujours aussi vifs, ils étaient là, les pionniers du cinéma direct qui ont marqué les débuts du cinéma québécois. J’ai versé une larme, je l’avoue. (E.N.N.)
Visionnez Pour la suite du monde en version HD
Et vous, quels films/événements vous ont marqué?