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Cinéaste recherché : entretien avec Pierre M. Trudeau

Cinéaste recherché : entretien avec Pierre M. Trudeau

Cinéaste recherché : entretien avec Pierre M. Trudeau

Oyé! Oyé! L’ONF est à la recherche d’un projet de film d’animation à produire. Si vous êtes un étudiant, un cinéaste indépendant ou un artiste avec de grandes idées, le concours Cinéaste recherché est pour vous.

Dernièrement, Julie Roy, responsable du concours et productrice au Programme français de l’ONF, a répondu à 10 de mes questions pour expliquer les modalités du concours.

Cette semaine, je vous propose une entretien avec un ancien lauréat, Pierre M. Trudeau, gagnant de l’édition de 1987-1988 et cinéaste depuis près de 25 ans. Entrevue avec un vétéran.

Catherine Perreault : Quel était votre parcours cinématographique avant de vous inscrire au concours Cinéaste recherché?

Pierre M. Trudeau : J’ai d’abord étudié en cinéma au Collège Montmorency à Laval. Ensuite, je suis allé à l’Université Concordia en Beaux-arts, option Animation, où j’ai reçu une formation variée en dessin, peinture, sculpture, animation, histoire du cinéma, etc. J’y ai réalisé mes trois premiers films. Après mes études, j’ai aussi fondé avec des amis la compagnie de production Ciné-Clic. On faisait surtout des messages d’intérêt public, sous la forme de films d’animation, avec l’aide de subventions gouvernementales.

CP : Comment avez-vous pris connaissance du concours?

PMT : À l’université. Il y avait des affiches un peu partout qui l’annonçait.

CP : Étiez-vous surpris de le remporter?

PMT : Il faut savoir que je n’ai pas gagné du premier coup. J’ai présenté trois projets différents et je m’y suis repris à quatre reprises. Le premier projet était trop ambitieux pour l’expérience que j’avais. Le producteur à l’époque m’avait dit : « Mange ta soupe et reviens nous voir dans 10 ans ». Je l’ai pris comme un défi. Je me suis dit : « Je vais lui montrer comment ça se passe! ». Entre temps, on a présenté un projet collectif avec la gang de Ciné-Clic. Celui-là non plus n’a pas été accepté. À ma troisième tentative, j’ai présenté à nouveau le film que j’avais soumis la première fois : Enfantillage. Je me suis retrouvé parmi les trois finalistes, mais ce n’était toujours pas mon tour. L’année suivante, je l’ai retravaillé et soumis à nouveau. Cette fois, c’était la bonne!

CP : Qu’arrive-t-il après?

PMT : On arrive à l’ONF et on est complètement perdu! On ne sait pas du tout comment ça se passe. Il faut poser des questions et ne pas se gêner pour demander de l’aide. C’est une grosse boîte. Un vrai labyrinthe! Heureusement, il y a beaucoup de gens avec de l’expérience qui sont prêts à nous donner un coup de main.

CP : Quelles techniques avez-vous utilisées pour Enfantillage?

PMT : Le film est fait à partir d’un mélange entre le dessin et les marionnettes en papier. Martine Chartrand m’a aidé pour la partie dessin animé et Elène Dallaire pour la fabrication des marionnettes et des décors. On doit gérer son temps, ses ressources et son équipe. Tout est planifié. L’expérience est assez complète.

Enfantillage a été présenté dans quelques festivals d’animation et il a remporté cinq prix au total. Il a eu une belle carrière. Ça m’a servi de tremplin pour la suite.

CP : Quel était votre film suivant?

PMT : J’ai reçu, à l’époque, une commande de l’ONF pour « Droit au cœur », une série de films pour enfants. La productrice, Thérèse Décarie, m’avait demandé d’illustrer un article de la Convention des droits de l’enfant. On choisissait un thème et on brodait autour de celui-ci. J’ai choisi celui du droit à l’apprentissage et j’ai fait le film 1, 2, 3 Coco (1991). Par la suite, j’ai réalisé Baroque’n Roll (1994) pour la même série, mais pour un auditoire un peu plus vieux, soit les 9 à 12 ans.

CP : Est-ce que c’était votre choix dès le départ de faire des films pour enfants?

PMT : Non, pas du tout. Dans ma tête, Enfantillage, malgré le titre, n’était pas un film pour enfants. Il traite de violence conjugale, ce qui est un peu dur comme sujet. L’animation est souvent étiquetée pour les enfants, mais ce n’est pas toujours le cas.

CP : Qu’en est-il pour Coucou! Monsieur Edgar (1999) et Opération Coucou (2002) que vous avez faits par la suite?

PMT : Eux non plus, ils n’étaient pas destinés pour les enfants au départ, mais ils le sont devenus pendant la fabrication à cause de leur style et du ton. Au départ, tous mes films personnels sont orientés pour un public large. L’auditoire cible se réduit et se définit par après, en cours de route.

CP : Ce sont aussi des films à caractère social. Est-il important pour vous d’aborder des réalités sociales ou des problèmes familiaux?

PMT : Oui, et c’est même un choix conscient. Je veux que mes films fassent réfléchir ou lancent des débats sur une idée ou un choix de société. Tant qu’à faire un film, aussi bien en faire un qui déclenche des discussions. Je ne veux pas que mes films soient vus et aussitôt oubliés.

CP : Vous avez aussi une technique d’animation particulière. D’où vient cet attrait pour les marionnettes en carton?

PMT : Ça vient de loin. Je m’amusais beaucoup avec des morceaux de carton lorsque j’étais petit.

CP : Écoutiez-vous, par hasard, l’émission Parcelle de soleil à la télévision…?

PMT : Oui! En fait, Claude Lafortune m’a beaucoup inspiré. Il travaillait vite et ça avait l’air facile. Enfant, j’étais très bricoleur. Je m’amusais avec de la pâte à modeler et je changeais la carrosserie de mes voitures de course en les fabricant moi-même.

Cet attrait pour le bricolage m’est revenu à l’université. J’aimais tenter des expériences. À Concordia, on nous a fait essayer un paquet de techniques différentes. C’était intéressant de varier et de changer le mal de place.

CP : Vous aviez la chance d’explorer d’autres talents?

PMT : C’est exact. Et je me suis vite aperçu que je n’étais pas le meilleur en dessin. J’étais plus habile avec les autres techniques.

CP : Vous avez aussi fait de l’animation 3D et travaillé avec des images de synthèse un peu plus tard dans votre carrière. Pourquoi avez-vous décidé de faire le saut vers le numérique?

PMT : J’en ai eu assez des marionnettes en papier! Elles sont compliquées et longues à construire. À un moment donné, j’avais fait le tour. J’avais besoin d’essayer d’autres procédés. Quelque chose de plus rapide et de plus efficace.

CP : Est-il vraiment plus rapide de faire de l’animation avec un logiciel informatique?

PMT : Pas vraiment! Mais ça permet de changer le mal de place. De nos jours, on ne peut pas s’en sortir. L’animation numérique est devenu la norme dans l’industrie un peu partout : à la télé, dans les publicités, en cinéma, etc. Personnellement, je m’amuse beaucoup avec le mélange des techniques. Je jumelle les techniques traditionnelles, comme la pâte à modeler, avec l’animation numérique. Dans le fond, je fais le travaille « compliqué » à l’ordinateur!

CP : Travaillez-vous sur un film avec l’ONF présentement?

PMT : Oui, mais pas sur un des miens. J’aide le cinéaste Patrick Bouchard avec son prochain film. (J’ai eu la chance de visiter le studio où travaillent les deux cinéastes lors de la Journée portes ouvertes des studios d’animation de l’ONF.)

CP : Vous faites du cinéma depuis près de 25 ans. Êtes-vous devenu un mentor pour les plus jeunes?

PMT : Oui. J’essaie en tous cas. Je le suis même avec les plus vieux! Hier, mon ancienne professeure de cinéma m’a montré son dernier film pour avoir mon avis.  Je donne des conseils à mes propres profs maintenant. C’est pas mal (rires).

CP : Vous n’avez jamais voulu enseigner le cinéma?

PMT : Non, je ne suis pas très pédagogue. Je préfère aider les gens sur le terrain. J’offre tout de même des ateliers aux enfants. Je fais partie du programme Culture à l’école. Pendant une journée, je vais dans une classe et je fais faire un film d’animation aux plus jeunes. Je fabrique des marionnettes en pâte à modeler et je leur fais filmer le tout devant une caméra Web (webcam). Ils adorent ça. À la fin de la journée, ils voient leur film, généralement d’une durée de quelques secondes, et ils trouvent que « ça passe don’ ben vite »! Il y a effectivement beaucoup de travail derrière un film d’animation.

CP : Pour finir, avez-vous des conseils à donner aux gens qui désirent s’inscrire au concours Cinéaste recherché cette année?

PMT : Si ça ne fonctionne pas du premier coup, on peut toujours réessayer. Ça vaut la peine de retravailler ses idées aussi. La troisième version de mon film Enfantillage, celle qui a été sélectionnée au final, était complètement différente de la première. L’important est également de savoir où l’on va avec son projet, d’avoir une histoire solide et de s’assurer que le projet est juste assez ambitieux et réalisable.

CP: Merci!

PMT : Il n’y a pas de quoi. Bonne chance aux participants!

Opération Coucou, Pierre M. Trudeau, offert par l’Office national du film du Canada

Si comme Pierre M. Trudeau, vous voulez vous inscrire au concours Cinéaste recherché et courir la chance de réaliser votre premier film d’animation dans un contexte professionnel, visitez la page du concours et inscrivez-vous avant le 22 décembre 2010.

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