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Cinéaste recherché : 10 questions à la productrice Julie Roy

Cinéaste recherché : 10 questions à la productrice Julie Roy

Cinéaste recherché : 10 questions à la productrice Julie Roy

Vous considérez sérieusement participer au concours Cinéaste recherché-e afin de réaliser votre premier film d’animation professionnel au sein de l’ONF? Cette entrevue est pour vous. La responsable du concours et productrice au programme d’animation français, Julie Roy, répond à toutes mes questions concernant les modalités du concours.

Catherine Perreault : Le concours Cinéaste recherché-e existe depuis combien d’années?

Julie Roy : Le concours fête son 20e anniversaire cette année (2010). Il est rare qu’un concours connaisse une telle longévité. Pour l’occasion, nous avons complètement renouvelé notre approche. Par exemple, nous comptons utiliser beaucoup moins de papier pour en faire la promotion et mieux exploiter les outils que nous offre le Web. Cette approche est une conséquence directe du virage numérique de l’ONF et de nos préoccupations écologiques. Ainsi, pour la toute première fois, nous avons produit une bande-annonce promotionnelle qui sera largement diffusée en ligne. Elle est composée de témoignages d’anciens lauréats (et non d’extraits de films seulement), parce que nous désirons trouver un candidat avant tout – une personne – et non juste un projet.

CP : Justement, à qui s’adresse le concours?

JR : À toute personne intéressée par le cinéma d’animation, qui souhaitera, nous l’espérons, poursuivre dans cette voie suite à cette expérience. Nous souhaitons être le déclencheur pour développer un véritable auteur au sein de la communauté du cinéma d’animation. Nous ne voulons pas être un accident de parcours. Le cinéaste se fait offrir un vrai contrat professionnel. Dans ce sens, nous sommes prêts à investir sur le lauréat choisi au niveau de la scénarisation et du soutien technique, lorsque nous décelons un réel potentiel chez l’individu.

CP : Quels sont les autres critères de sélection?

JR : Le premier critère demande à ce que les cinéastes n’aient jamais fait de film professionnel. Il y a aussi des critères plus corporatifs, comme le fait que les participants soient des citoyens canadiens francophones. Cependant, il n’y a pas d’âge limite pour participer au concours. On n’associe pas la relève à un groupe d’âge. Michèle Cournoyer, par exemple, est entrée à l’ONF grâce à ce concours lorsqu’elle avait 46 ans pour faire le film La basse cour. À l’époque, elle était déjà une cinéaste expérimentée, mais elle n’avait fait que du cinéma expérimental de manière indépendante. C’était la première fois qu’elle faisait un film avec des conditions professionnelles. Même histoire chez l’un de nos derniers lauréats, Dominic-Étienne Simard (2008). Il avait fait quelques films de manière indépendante avant de s’inscrire au concours.

CP : Dans ce cas, est-ce que les cinéastes expérimentés ont plus de chance de remporter le concours?

JR : Non, nous cherchons avant tout le coup de foudre pour un projet. Une première sélection se fait à partir de dossiers écrits. Ensuite, un comité formé de quatre ou cinq professionnels se réunit et rencontre les candidats présélectionnés. Cet entretien compte pour beaucoup. On se pose les questions : Est-ce que la personne s’intégrerait bien à la communauté de l’ONF? A-t-elle déjà une bonne connaissance de l’organisation? A-t-elle le désir de venir travailler chez nous? Cette opportunité serait-elle un véritable tremplin pour diriger la personne dans cette avenue du cinéma d’animation, et non seulement à court terme?

CP : Vous arrive-t-il de percevoir des tendances se démarquant en cinéma d’animation? Est-ce qu’elles peuvent devenir des critères de sélection?

JR : Il arrive que des tendances sortent du lot. Par exemple, il y a quelques années, la 3D numérique était dans l’air du temps. Nous recevions de tels projets à pleine pelle. À d’autres moments, la dominante était plus axée sur les marionnettes, parce que c’était à la mode, notamment parce que les frères Quay, très connus en cinéma d’animation, venaient de sortir quelques films du genre. De là à en faire un critère de sélection pour le concours? Non. Ce qui est privilégié à l’ONF, et ce depuis la fondation des studios par Norman McLaren, c’est la diversité des techniques.

Autrement, les tendances se définissent beaucoup par les institutions d’enseignement. Par exemple, à l’université Concordia, on enseigne des techniques d’animation plus traditionnelles et artisanales, tandis que dans une école spécialisée, comme le centre NAD, on enseigne l’animation 3D et les techniques d’animation numérique utilisées pour faire des jeux vidéos. Les tendances sont donc en grande partie guidée par ce qu’offrent les écoles, lesquelles tentent à leur tour de répondre aux besoins de l’industrie.

CP : Est-ce qu’un candidat peut soumettre n’importe quel type de projet? Par exemple, est-ce que les films d’animation expérimentaux sont acceptés?

JR : Absolument. Tous les projets sont valables. Il y a quelques années, Karl Lemieux avait soumis un projet plus expérimental. Il n’a pas gagné le concours, mais j’avais remarqué son film Mouvement de lumière qu’il nous avait soumis en appui. Je le trouvais fabuleux. En 2007, lorsque j’ai été nommée productrice, il est la première personne que j’ai appelée. Je voulais absolument travailler avec lui. Le concours permet donc aussi de créer des opportunités et des rencontres. La même chose s’est produite avec Theodore Ushev. Il n’a pas gagné, mais il s’est définitivement fait connaître à travers le concours. Marc Bertrand, mon collègue producteur au programme d’animation français, l’a contacté par la suite pour lui offrir un contrat de film dédié au Web. Au bout du compte, nous avons fini par coproduire le projet qu’il nous avait proposé pendant le concours, soit L’homme qui attendait (2006). Cinéaste recherché ouvre ainsi la porte à plusieurs opportunités, autant pour les participants que pour nous, les producteurs.

CP : À quoi ressemble la vie du cinéaste à l’ONF, une fois qu’il a remporté le concours?

JR : D’abord, nous demandons à ce que le cinéaste travaille dans nos studios. De nos jours, il serait facile de tout faire à la maison ou à distance, mais la communauté est très importante pour nous. Nous voulons créer un espace d’émulation où les artisans se côtoient et s’entraident. Nous sommes convaincus que cette confrérie a un impact sur la création et la stimule. Chez nous, les cinéastes ont aussi accès à tous les professionnels nécessaires à la réalisation de leur film. Par exemple, Pierre Plouffe et Susan Gourley, deux spécialistes en imagerie numérique, suivent les cinéastes et les aident du début à la fin de leur processus créatif.

CP : Quelle est la place du cinéma d’animation canadien dans le monde?

JR : Nous sommes une référence et je crois que nous allons l’être pour longtemps encore. Nous sommes un chef de fil en la matière. Le Canada est une référence internationale et c’est grâce à l’ONF. Le studio d’animation fêtera son 70e anniversaire en 2011. Ce n’est pas rien. La tradition du cinéma d’animation est issue et vient encore aujourd’hui de nos studios. Bien sûr, il y a eu une époque où Radio-Canada avait son propre studio d’animation. C’est d’ailleurs de là que provient toute l’œuvre de Frédéric Bach. Malheureusement, ce studio est fermé aujourd’hui. Le terreau se situe principalement à l’ONF, quoi que nous remarquons, depuis quelques années, l’émergence d’une communauté de cinéastes indépendants, tels que Félix Dufour-Laperrière, Frédéric Tremblay, etc. À chaque année, nous avons des films sélectionnés en compétition dans tous les festivals de cinéma majeurs et nous remportons des prix. Il n’y a rien de comparable à ce que nous offrons dans le monde. Même les cinéastes indépendants finissent par passer par chez nous un jour ou l’autre. Nous offrons comme condition de production une pleine liberté de création aux cinéastes. Ils ne sont assujettis à aucun télé-diffuseur et ils peuvent faire des films d’auteur et en format courts métrages d’animation.

CP : Où est la place de ces courts métrages?

JR : Elle est beaucoup dans les festivals, bien entendu, mais ce qui est absolument fabuleux pour nous aujourd’hui, c’est le Web. Au cours des dernières années, les séquences de mise en marché ont été entièrement bouleversées. Les cinéastes mettent en ligne leur film au moment même où ils sont présentés dans les festivals. Ces derniers ont dû s’adapter. On assiste à une énorme révolution. De nouvelles plates-formes de diffusion émergent, comme les iPads et les iPhones, et ont besoin de contenu vidéo de qualité. Nos films sont très en demande, puisque le court métrage est ce qui est le plus visionné en ligne.

CP : Un dernier conseil pour les participants?

JR : Faites relire votre dossier avant de nous le présenter. N’hésitez pas à consulter des professeurs, des cinéastes professionnels, des producteurs ou même, à communiquer avec nous directement pour vos assurer de soumettre le projet le plus complet et le plus clair possible. Prenez la peine aussi d’accompagner votre projet d’une lettre d’intention afin de clarifier davantage votre projet. Servez-vous en par exemple pour nuancer un scénario malhabile ou mentionner que vous aimeriez obtenir de l’aide à la scénarisation. La lettre apporte un aspect qualitatif au projet. Elle est importante pour nous, puisque notre première sélection se fait uniquement sur papier. Sinon, faites-vous relire avant de déposer votre projet et n’hésitez pas à tenter votre chance. Tous les projets sont valables.

CP : Merci beaucoup Julie

JR : Merci à vous. Je souhaite la meilleure des chances aux participants!

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Le concours Cinéaste recherché-e – 21e édition
Date limite pour soumettre un projet : le 11 janvier 2013.
Détails et inscriptions
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Lisez aussi mes entrevues avec deux anciens lauréats du concours : Dominic-Étienne Simard et Pierre M. Trudeau.

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