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Les cinéastes underground de la Colombie-Britannique et l’ONF

Les cinéastes underground de la Colombie-Britannique et l’ONF

Les cinéastes underground de la Colombie-Britannique et l’ONF

Dans les années 1970, le cinéma underground et expérimental de la Colombie-Britannique connaît un essor fulgurant. Je vous propose de plonger dans l’œuvre de certains des artistes influents de ce milieu, et dont les films constituent un tournant dans l’histoire du cinéma de la province.

Commençons par le court métrage hypnotique de David Rimmer Gathering Storm, sorti en 2003. Comme tous les titres présentés ici, il a été mis en ligne pour la première fois à l’occasion de la publication de cet article. Dans ce film peint à la main et tourné sans caméra, Rimmer associe l’esprit de la musique contemporaine mondiale au désordre et au chaos, créant ainsi une œuvre abstraite d’une grande beauté.

Gathering Storm, David Rimmer, provided by the National Film Board of Canada

David Rimmer : hommage à une légende du cinéma vancouvérois

Lauréat du Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques (2011), le cinéaste, photographe et professeur David Rimmer (1942-2023) a contribué à lancer l’une des plus importantes communautés cinématographiques du Canada grâce à Surfacing on the Thames et Variations on a Cellophane Wrapper. Ces courts métrages expérimentaux parus en 1970 sont devenus des classiques.

Rimmer a été une personnalité fédératrice pour toute une génération de cinéastes qui allaient bouleverser à tout jamais le paysage cinématographique de la Colombie-Britannique. Comme le souligne la Canadian Film Encyclopedia, Rimmer a exploré la structure du médium cinématographique tout en travaillant sur un plan métaphorique[i]. Avec Michael Snow, Rimmer reste le cinéaste expérimental canadien le plus reconnu à l’échelle internationale. Devenu cinéaste en 1967, il réalisera plus de 40 titres au cours des quatre décennies qui suivront. Dans son œuvre, « le public est invité à partager les expériences de l’exploration… Rimmer nous montre la multiplicité des regards en général[ii] ». Le premier des deux films qu’il réalise pour l’ONF, Jack Wise: Language of the Brush (1998), met en scène une rencontre unique entre l’artiste visuel éponyme, le compositeur Dennis Burke et le travail expérimental de Rimmer, tout en célébrant la vie et la carrière de Wise.

Jack Wise: Language of the Brush, David Rimmer, provided by the National Film Board of Canada

Al Razutis : cinéaste, professeur et militant culturel

Professeur, historien et cinéaste expérimental installé à Vancouver, Al Razutis est né à Bamberg, en Allemagne. Il se joint à la communauté du cinéma underground de la Colombie-Britannique en 1967. Il réalisera plus de 50 films, dont beaucoup remporteront des prix internationaux (dont le Los Angeles Film Critics Award en 1988) et seront projetés dans des galeries et des musées prestigieux aux quatre coins du monde, notamment au Louvre, à Paris[iii].

Légende du milieu cinématographique underground de la Colombie-Britannique, Razutis est un artiste multidisciplinaire. Il contribue à bâtir le mouvement en créant des films radicaux. Grâce à ses activités de mentorat et à sa foi inébranlable dans la puissance du collectif, il inspire toute une génération de cinéastes indépendants partout en Colombie-Britannique, et donne naissance à des pôles cinématographiques dans toute la province. Razutis a travaillé à l’Université Simon Fraser, à Vancouver, comme directeur du programme cinéma-vidéo et a joué un rôle déterminant dans la création de la société de distribution cinématographique de la côte Ouest Moving Images Distribution, de la coopérative de production Cineworks Independent Filmmakers Society, à Vancouver, et d’un syndicat éphémère de cinéastes canadiens[iv].

En 1976 paraît Egypte, le seul film qu’il a réalisé pour l’ONF. L’œuvre intègre des images en accéléré et des chants dans une vision impressionniste des grands monuments du pays.

Egypte, Al Razutis, provided by the National Film Board of Canada

Kirk Tougas, la Pacific Cinematheque et Colin Browne

Parmi les cinéastes du milieu underground de la Colombie-Britannique, Kirk Tougas est celui qui a le plus collaboré avec l’ONF : de 1982 à 2017, son nom figure au générique de plus de 36 films comme directeur de la photographie ou caméraman. Il a collaboré à des classiques de l’ONF, comme Guerriers oubliés (1997) de Loretta Todd, Mr. Bear’s Song (1997) d’Elizabeth Walker ou encore Obachan’s Garden (2001) de Linda Ohama, qui ont remporté des dizaines de prix. Kirk Tougas a joué un rôle décisif dans le cinéma de la Colombie-Britannique à titre de réalisateur fondateur de la Pacific Cinematheque de Vancouver, qu’on appelle aujourd’hui simplement « The Cinematheque ». Sous son impulsion, cette toute nouvelle institution contribue grandement à la vitalité du cinéma de la province. Ce centre culturel du cinéma alternatif a également soutenu les expériences de réalisatrices et réalisateurs underground locaux, favorisant les relations entre les membres de cette génération de cinéastes, ce qui a, par la suite, abouti à des collaborations, comme c’est le cas pour Father and Son (1992) de Colin Browne.

Father and Son, Colin Browne, provided by the National Film Board of Canada

Autre membre du cinéma underground de la Colombie-Britannique, Browne est écrivain, cinéaste et professeur. Il a été nommé pour un prix Génie et sélectionné pour un Prix du Gouverneur général. Sa filmographie comprend sept films, dont Strathyre (1979), The Image Before Us (1986) et Father and Son, pour lequel son nom figure au générique comme directeur de la photographie. Sélectionné dans sept festivals aux quatre coins du monde, ce film autobiographique avant-gardiste explore les rôles du fils et du père dans la culture patriarcale occidentale. Il combine des vidéos amateurs Hi-8, des photographies, des images d’archives et les témoignages émouvants de pères et de fils.

Sturla Gunnarsson : A Day Much Like the Others

Le réalisateur Sturla Gunnarsson, en nomination aux Oscars et lauréat d’un prix Emmy, est né en Islande et a grandi à Vancouver. Son film de fin d’études, A Day Much Like the Others (1979)[v], réalisé à l’Université de la Colombie-Britannique, est primé et lui vaut une place dans le mouvement cinématographique underground de Vancouver. Le film est projeté dans plusieurs salles, dont au MoMA. Gunnarsson réalise ensuite quatre films pour l’ONF : le long métrage de docu-fiction Quand tombent les têtes (1981), sélectionné aux Oscars, qui dépeint la réalité des licenciements de cadres et l’émergence d’une nouvelle industrie spécialisée dans le congédiement de têtes dirigeantes ; La dernière offre (1985, coréalisé avec Robert Collison), gagnant d’un prix Emmy, un classique du cinéma-vérité dans lequel les cinéastes ont eu toute liberté pour filmer les négociations historiques de 1984 entre le Syndicat international des travailleurs unis de l’automobile et la société General Motors ; Une force de la nature (2010), qui relate la vie et l’œuvre de David Suzuki, scientifique et militant canadien de renommée mondiale ; et Where Is Here? (1987), qui dévoile les coulisses de la réalisation du numéro célébrant le 100e anniversaire du magazine Saturday Night.

Where Is Here?, Sturla Gunnarsson, provided by the National Film Board of Canada

L’héritage du cinéma underground en Colombie-Britannique

Le cinéma underground de la Colombie-Britannique comptait bien d’autres artistes, actrices, acteurs et cinéastes, tels Alex MacKenzie, Chris Gallagher, Gary Lee-Nova, Patricia Gruben, Ron Burnett et Tom Braidwood[vi]. Ce mouvement a joué un rôle fondamental dans le développement du cinéma de la province. Ses membres ont connu des succès retentissants, ont remporté des prix prestigieux, sont devenus des actrices et acteurs emblématiques (Tom Braidwood a notamment incarné Melvin Frohike dans la série télévisée américaine The X-Files), ont fondé la cinémathèque locale et créé ou dirigé des programmes universitaires à Vancouver.

Ces cinéastes ont également participé à la réalisation de plus de 50 productions de l’ONF, qui ne représentent qu’une partie de leur impressionnant héritage, composé de centaines de films. Leur mentorat a ouvert la voie à de nouvelles générations de réalisatrices et réalisateurs en Colombie-Britannique. En expérimentant et en explorant le médium sans contrainte ni résultat prédéfini, ces femmes et ces hommes ont ainsi produit une œuvre unique largement étudiée et diffusée au Canada, qui continue d’inspirer les cinéastes du monde entier.

Découvrez cette sélection de films de l’ONF issus du cinéma underground de la Colombie-Britannique, mis en ligne à l’occasion de la publication de cet article.

Image d’en-tête : Gathering Storm (2003) de David Rimmer

 

[i] https://web.archive.org/web/20121007022222/http://tiff.net/CANADIANFILMENCYCLOPEDIA/content/bios/david-rimmer

[ii] Allan, Blaine. « Handmade, or David Rimmer’s Divine Mannequin ». Revue canadienne d’études cinématographiques/Canadian Journal of Film Studies, Vol. 2, No 1 (printemps 1992), p. 63-80 (18 pages). Publié par : University of Toronto Press.

[iii] https://cfe.tiff.net/canadianfilmencyclopedia/content/bios/al-razutis

[iv] Ibid.

[v] https://cfe.tiff.net/canadianfilmencyclopedia/content/bios/sturla-gunnarsson

[vi] Martin, Richard. dir. Backbone: Vancouver Experimental Cinema 1967–1981 (2013).

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