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Un gage d’amour : une animation impressionnante en argile

Un gage d’amour : une animation impressionnante en argile

Un gage d’amour : une animation impressionnante en argile

Quand on ne sait pas grand-chose d’un film avant d’aller le voir, mais qu’on nous le présente comme un film d’animation en pâte à modeler, on s’imagine des personnages en 3D à la Wallace et Gromit, avec des gags burlesques et de grands sourires. Ces idées préconçues, Un gage d’amour, de Bahram Javahery, les pulvérise joliment.  

Ce film raconte l’histoire touchante d’une femme qui immigre dans un nouveau pays, et ce que cela signifie de ne pouvoir emporter qu’un petit peu de sa terre natale tout en laissant derrière soi les personnes que l’on aime.   

Mais c’est la façon dont cette histoire est racontée qui distingue Un gage d’amour. Chaque scène est sculptée à la main sur une plaque d’argile, animée par une série de bas-reliefs qui se succèdent de manière remarquablement fluide. Parfois, il s’agit simplement de personnages passant d’un point A à un point B de manière logique ; d’autres fois, l’image se métamorphose sous nos yeux ou, plus impressionnant encore, nous montre un zootrope qui tourne. C’est à la fois hypnotique et époustouflant.  

Visionnez Un gage d’amour :

Un gage d’amour, Bahram Javahery, offert par l’Office national du film du Canada

Comment le cinéaste kurde Bahram Javahery a-t-il réussi à créer des transitions aussi fluides ?  « Grâce à beaucoup de minutie », m’a-t-il dit.   

Il s’efforçait d’éviter tout effet saccadé et visait précisément cet enchaînement coulant que l’on voit à l’écran. Mais pour y arriver, il a eu recours à davantage que la sculpture. Afin de donner l’impression que les personnages sortent de la plaque, il a essentiellement créé une illusion d’optique.  

« En général, la lumière vient d’en haut, de sorte qu’une crête paraît plus sombre en dessous et plus claire au-dessus, tandis qu’une dépression paraît plus claire en dessous et plus sombre au-dessus, explique-t-il. J’ai constaté qu’il est plus facile de faire un creux dans l’argile qu’une bosse. J’ai créé les images en creusant une dépression dans l’argile, puis en plaçant la source de lumière en bas du cadre, en orientant la lumière de bas en haut. Cela crée une petite ombre qui donne aux images un aspect 3D. »  

Si l’on exclut le temps qu’il a passé à travailler sur le scénario ou à mettre en place l’équipement et son dispositif spécial pour saisir chaque sculpture d’argile, Bahram estime qu’il lui a fallu environ dix-huit mois pour filmer son court métrage de neuf minutes, soit environ deux mois par minute.  

Pourtant, dès le départ, il s’est montré à la hauteur de la tâche, car la technique qu’il a choisi d’utiliser s’est développée organiquement à partir de l’histoire.  

« Il n’y avait pas de logique, c’était très émotionnel, confie-t-il. Je travaille toujours comme ça. J’aime me laisser guider par mes sentiments. »  

L’argile elle-même est également au cœur de l’histoire. La protagoniste d’Un gage d’amour fabrique des zootropes en argile et les utilise pour donner forme à ses rêves et à ses idées. De plus, la couleur beige de la matière rappelle à Bahram les paysages du Kurdistan, la région d’Iran dont il est originaire.  

« Cette couleur est omniprésente, dans les collines et les maisons, explique-t-il. Aujourd’hui, elle a trouvé un nouveau foyer. Elle a immigré avec la jeune fille de l’histoire dans un nouveau pays, où elle influencera la culture, tandis que la culture du nouveau pays influencera la jeune fille. » 

La pomme aux clous de girofle kurde, l’unique objet que la protagoniste d’Un gage d’amour emporte dans son nouveau pays, est également ce qui confère à l’histoire une grande part d’émotion. Ces pommes parfumées sont piquées de clous de girofle, qui conservent le fruit pendant qu’il se dessèche. La pomme est traditionnellement utilisée pour exprimer des émotions fortes, comme l’amour ou le chagrin. Dans le film, elle symbolise les liens de la protagoniste avec sa famille dans l’Ancien Monde et avec son amoureux dans le Nouveau Monde. 

Artiste d’animation chevronné, Bahram expérimente sans cesse de nouvelles techniques. Bien qu’il soit très satisfait de la réaction du public à Un gage d’amour, il n’est pas certain du média qu’il utilisera pour son prochain film. Cela dit, il confirme que tout partira du cœur. 

« J’ai des idées pour la prochaine œuvre, dit-il, mais c’est l’histoire qui inspirera la technique. » 

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