Hothouse : six cinéastes, trois mois, une minute

Dans la continuité de ses 20 ans de soutien aux talents émergents canadiens, Hothouse est de retour avec une nouvelle génération d’animatrices et animateurs prometteurs qui proposent leur vision du thème de cette édition, « Small Things Considered » (la considération accordée aux petites choses).

Après tout ce temps, il convient peut-être de revenir à la métaphore de la serre dont le programme de mentorat tire son nom : parmi plus de 400 candidatures, six jeunes pousses ont été choisies pour être semées dans le sol fertile de l’ONF afin d’en ressortir, après 12 semaines nourrissantes, sous la forme d’une flore luxuriante et épanouie.

Ensemble, les six cinéastes qui ont fait l’objet de la sélection créeront respectivement un film d’une minute en s’inspirant d’un large éventail d’expériences vécues, de lieux géographiques, de techniques, de genres et de sujets. Pour son anniversaire de platine, Hothouse 14 promet d’être une pépinière foisonnante !

401 candidatures !

Après 20 ans et 13 éditions, nous avons reçu un nombre record de 401 demandes pour combler les six places habituelles, ce qui témoigne de la vitalité de l’animation canadienne. Le comité de sélection a été ravi et honoré de voir autant de Canadiennes et Canadiens de talent vouloir apporter leur vision à l’ONF, mais il a également eu la difficile tâche de n’accepter qu’une infime partie des excellentes propositions qui lui ont été envoyées.

Alors, quelles sont les candidatures retenues ?

Akash Jones

Diplômé de l’Université Ryerson, le Torontois Akash Jones utilise la technique d’animation image par image et a produit des films pour des studios comme Amazon Prime, Sony Pictures et Stoopid Buddy Stoodios. Son film le plus récent, A Tale of Two Regents, est un court métrage documentaire autoproduit en prise de vue réelle sur l’expérience de son père, un Néo-Canadien qui a grandi dans le quartier de Regent Park, à Toronto.

Pendant son stage à Hothouse, Akash mettra ses compétences en animation image par image au service d’une autre histoire qui lui est chère. Dans Amma, un film détaillant les nombreuses petites habitudes qu’il voit en lui et qu’il attribue à l’influence de sa mère, il aura recours à une multitude de marionnettes et d’objets animés pour montrer comment tant de parties apparemment minuscules peuvent former un grand tout significatif. Le titre du film, un mot hindi-bengali signifiant « mère » — et aussi le surnom de sa mère dans la famille — est un clin d’œil à l’héritage indien de celle-ci. Akash travaillera à distance depuis son studio de Toronto.

Bianca Shonee Arroyo-Kreimes

L’artiste des médias numériques et cinéaste canadienne d’origine costaricienne Bianca Shonee Arroyo-Kreimes, établie à Montréal, fonde sa pratique sur les environnements informatiques 3D. Elle est candidate à la maîtrise en arts visuels à l’Université Concordia, au programme Intermedia, et détient un baccalauréat en animation cinématographique de la même université. Influencé par ses premières expériences de vie près de la jungle du Costa Rica, son travail a été exposé à travers le Canada ainsi qu’en Espagne et en Grèce. Parmi ces œuvres, Last Species on Earth, une installation vidéo d’animation 3D commandée par Trinity Square Video de Toronto, explore les thèmes de l’extinction et de la préservation des espèces.

Dans la même veine, My World, Your Melody utilisera l’humour afin d’amplifier les dangers d’un écosystème en 3D hypothétique : Bianca s’est inspirée des vidéos de karaoké pour dépeindre une minuscule grenouille numérique dont la toute petite chanson numérique signale des implications plus importantes pour la santé de son habitat et des autres espèces qui s’y trouvent. Une population de grenouilles en déclin est souvent le canari dans la mine, pour ainsi dire, annonçant que divers facteurs négatifs commencent à nuire à un environnement. Le film sera donc ludique, mais il soulignera le rôle puissant que ces créatures lilliputiennes jouent dans la nature tandis que la Terre connaît un changement climatique et un effondrement de plus en plus marqués.

Cameron Kletke

Originaire de Calgary, Cameron Kletke vit depuis peu à Vancouver, où elle a obtenu un baccalauréat en animation 2D et expérimentale à l’Université Emily-Carr. Membre active de la communauté artistique canadienne sans but lucratif, Cameron a travaillé avec le VIVO Media Arts Centre de Vancouver. Ses films ont été projetés dans toute l’Amérique du Nord, ainsi qu’en France et en Nouvelle-Zélande, et utilisent des supports physiques en 2D sur papier, notamment l’encre, le crayon et la peinture acrylique.

Dans le cadre du projet qu’elle réalise pour Hothouse 14, Not Enough Womb for the Two of Us, Cameron nous emmène dans le plus petit endroit où une personne puisse se trouver. Son film utilisera le crayon, l’aquarelle et le pastel afin de dépeindre une bataille physique comique pour l’espace que se livrent deux jumeaux dans l’utérus de leur mère. Elle-même jumelle, elle s’inspire de sa réalité pour cette histoire.

Jenny Yujia Shi

Artiste visuelle et travailleuse des arts communautaires, Jenny Yujia Shi est titulaire d’un baccalauréat en peinture et en gravure du Nova Scotia College of Art and Design. Elle commence tout juste à explorer l’animation comme moyen d’expression. Née à Pékin, elle s’est installée à Halifax en 2009 après qu’un projet de développement eut rasé le quartier où vivait sa famille. Son travail s’inspire de son expérience personnelle du relogement, du déplacement et de l’impermanence.

Red Star Alley raconte l’histoire de trois graines de calebasse abandonnées qui poussent dans une ruelle en ruines vouée à la démolition. La calebasse, plante commune dans le quartier de Pékin où Jenny a grandi, pousse maintenant dans sa cour à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Jenny aura recours à la semi-transparence des découpes d’acétate rétroéclairées et à l’installation à plans multiples d’une maison pour évoquer le souvenir et la nostalgie que fait naître la croissance de ces petites graines symboliques.

Michelle Ku

La peintre et animatrice Michelle Ku vit à Calgary. Elle a réalisé l’animation et la conception de personnages pour Cartoon Network, FX et Blinkink. Jouant avec la couleur et le côté mignon de ses personnages pour créer un équilibre avec des thèmes plus sérieux, Michelle a exposé ses toiles aux États-Unis et au Japon. Sa pratique des arts visuels explore dans une large mesure son parcours personnel, que sillonne un SSPT complexe.

Bien que Michelle ait une expérience professionnelle de l’animation, Hothouse 14 constitue sa première aventure de création de son propre court métrage. Son projet Hothouse sera le prolongement animé de sa série de toiles Mind Body. Elle réfléchit dans cette œuvre à la façon dont le corps et l’esprit travaillent ensemble à préserver notre intégrité de la dissociation structurelle, la réaction du corps à la présence d’un traumatisme. En combinant ses deux pratiques, Michelle associera l’animation numérique en 2D aux techniques de la peinture traditionnelle pour donner vie à son histoire et examiner toutes les menues sensations ressenties.

Mochi Lin

Établie à Montréal, Mochi Lin a récemment terminé sa formation à la Rhode Island School of Design, où elle a obtenu un baccalauréat en cinéma et en animation. Son film de premier cycle, Swallow Flying to the South, a fait le tour du circuit mondial des festivals avant de figurer sur la courte liste des films d’animation en nomination aux prix BAFTA 2023.

Enfant, Mochi a trouvé une mante femelle, et l’observation de sa force délicate l’a amenée à réfléchir toute sa vie aux contradictions de la nature. Le projet d’animation image par image qu’elle propose utilisera des matériaux trouvés, tels que des chaussettes, pour créer des objets semi-transparents qui transmettront un sentiment de nostalgie et d’immatérialité.

Le grand départ

Le 25 septembre, les activités de la cohorte de Hothouse 14 débuteront à Montréal sous la direction de la productrice Maral Mohammadian, de la productrice associée Anne Koizumi et de la directrice du mentorat Andrea Dorfman. Les six personnes choisies se réuniront dans les studios de l’ONF pour la première de 12 semaines avant de rentrer chez elles, aux quatre coins du Canada, pour commencer à travailler sur le projet qui les passionne. D’ici le 15 décembre, six nouveaux films seront prêts pour le grand écran, et leur sortie est prévue pour le début de 2024. Restez à l’affût !

Joyeux 20^e anniversaire, Hothouse !

Juste avant que soit donné le coup d’envoi de Hothouse 14, le Festival international d’animation d’Ottawa en célébrera les 20 ans en présentant une sélection de films Hothouse issus des éditions précédentes. Au cours de ces deux décennies, ce programme a fait éclore plus de 70 participantes et participants qui forment aujourd’hui un jardin florissant de cinéastes reconnus. Cette rétrospective présente un bouquet de ses succès. Deux courts métrages seront projetés avant chacun des sept longs métrages en compétition pendant le festival, entre le 20 et le 24 septembre.

À l’an prochain !

Si votre candidature n’a pas été retenue cette année, songez à Hothouse 15 ! Tant de facteurs entrent en jeu dans un processus de sélection, et certains tiennent entièrement aux autres candidatures reçues. En pareil cas, la meilleure solution consiste à s’investir dans une idée et à y aller à fond. On ne sait jamais !

Restez en contact avec le pour connaître notre prochain appel de candidatures.

Mais d’abord, félicitations aux fantastiques jeunes talents ! Et à la santé de Hothouse 14 !

À propos de l’auteure

Programmatrice en animation établie à Ottawa, Keltie Duncan a récemment achevé un parcours d’une décennie au Festival international d’animation d’Ottawa. Passionnée par le rythme en général, elle joue également de la batterie dans quelques groupes de la région.