L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
Hothouse 14 : parcours aller-retour

Hothouse 14 : parcours aller-retour

Hothouse 14 : parcours aller-retour

En 2004, fraîchement émoulue du programme de production cinématographique de l’Université de Colombie-Britannique, je n’avais pas la moindre idée d’où me conduirait ce diplôme, à supposer qu’il me conduise quelque part. J’étais encore plus effrayée à la perspective d’entrer dans le « vrai monde » que l’étaient mes parents immigrants, eux qui avaient laissé leur benjamine faire des études en beaux-arts.

J’ai tout de même trouvé le courage de communiquer avec l’ONF et de prendre rendez-vous avec Svend-Erik Eriksen, qui était alors producteur, pour lui montrer mon film de fin d’études. Svend a eu la gentillesse de s’asseoir avec moi pour regarder cette première réalisation ; il m’a fait des commentaires réfléchis et encourageants, et m’a renseignée un peu sur le modèle de production de l’ONF. Il a également fait mention d’un formidable nouveau programme d’animation que son collègue Michael Fukushima avait mis sur pied au Studio d’animation anglais de Montréal. Ce programme, appelé Hothouse, proposait un mentorat intensif aux animatrices et animateurs émergents, et Svend m’a conseillé de soumettre ma candidature pour le prochain stage.

Deux ans plus tard, je me suis retrouvée à vivre à Montréal, immergée dans Hothouse 3 avec les cinéastes Patrick Doyon (qui allait par la suite créer le film Dimanche, mis en nomination pour un Oscar), Rachel Peters et plusieurs autres artistes de talent. L’animatrice primée Shira Avni a été ma mentore et j’ai travaillé avec l’extraordinaire concepteur sonore et compositeur Luigi Allemano : en trois mois à peine, j’avais réalisé mon premier film professionnel, A Prairie Story.

Près de 20 ans se sont écoulés depuis, et j’agirai cette année comme productrice associée de Hothouse 14. Je travaillerai aux côtés de la directrice du mentorat Andrea Dorfman, une cinéaste et animatrice dont j’admire les récits centrés sur l’humain et les élégants bricolages. J’ai amorcé ma carrière en dirigeant des ateliers d’animation à l’intention des groupes scolaires pour Éducation ONF, et les films d’Andrea Imparfaite et Bouche décousue étaient pour ainsi dire projetés en boucle dans nos studios, parce que les messages d’amour de soi et de compassion qu’ils véhiculaient touchaient le personnel enseignant et les élèves. Cet automne, j’aurai le plaisir non seulement de faire la connaissance de l’une des animatrices que j’admire depuis des années, mais aussi de la voir assurer son mentorat et former une nouvelle génération d’animatrices et animateurs qui entameront leur carrière en participant au programme Hothouse.

Imparfaite, Andrea Dorfman, offert par l'Office national du film du Canada

J’ai eu la chance de poser à Andrea quelques questions sur sa carrière d’animatrice et de lui demander ce qu’elle recherche dans le prochain groupe d’artistes d’animation de Hothouse.

*

Anne Koizumi : Andrea, tu as eu une carrière fructueuse et inspirante en animation. Comment as-tu commencé dans ce domaine ?

Andrea Dorfman : Je ne me préparais pas à devenir animatrice, mais j’ai pour ainsi dire dérivé vers ce domaine. Après l’école des beaux-arts, je me suis mise à travailler comme assistante à la caméra dans des équipes de tournage, tout en réalisant de courts films en parallèle, jusqu’au moment où cet à-côté a cessé d’en être un (pour devenir le cœur de mon activité). J’avais toujours aimé l’animation et, à Halifax, ce secteur commençait à émerger, mais comme la limite entre la prise de vue réelle et l’animation semblait nettement tracée, je m’en suis tenue à ma voie. Toutefois, ma curiosité a finalement pris le dessus et une amie, Becka Barker, m’a appris à utiliser la vieille Oxberry de l’ONF avec laquelle j’ai fait mes premiers essais. Durant cette période, je faisais aussi beaucoup de bricolage avec les enfants de mon conjoint. J’aimais bien revenir à mes racines de l’école des beaux-arts et réaliser de mes mains des créations spontanées sans faire grand cas de la démarche artistique et en me contentant de m’amuser sans la moindre attente. Je me suis mise à faire de petites animations avec eux et j’ai été époustouflée de constater à quel point c’était facile et amusant.

J’ai eu envie d’en apprendre davantage. J’ai alors communiqué avec Tanya Davis, une musicienne de la région, en lui offrant de réaliser des vidéoclips d’animation pour certaines de ses chansons. Par la suite, j’ai ajouté de l’animation à mes films en prises de vues réelles en créant de petites bulles au départ, puis en ajoutant une couche de plans animés à mes récits. J’aimais beaucoup ce pouvoir qu’avait l’animation d’améliorer le récit de toutes sortes de façons, et l’aspect que produisait la combinaison des techniques me séduisait énormément. À un certain moment, l’animation a commencé à l’emporter et, à l’heure actuelle, je ne travaille qu’en animation ou presque.

AK : À quels défis t’es-tu heurtée en tant que jeune cinéaste ou animatrice ? Qu’est-ce qui t’a aidée à surmonter ces défis ?

AD : Parce que je ne suis pas allée à l’école pour apprendre l’animation, j’ai dû trouver toute seule la façon de procéder, ce qui s’est révélé très amusant. Le truc formidable, à propos de l’animation, c’est qu’elle est entièrement accessible : n’importe qui peut apprendre à en faire ! Donc, avec de la curiosité, une envie d’expérimenter et l’écoute d’une foule de tutoriels sur YouTube, je suis arrivée à assimiler quelques techniques. La méthode par tâtonnement comporte évidemment son lot de difficultés, mais elle m’a aussi permis (et me permet encore) d’apprendre. Tout ça fait en somme partie du processus, et même quand les choses ne fonctionnent pas comme on s’y attendait, elles peuvent produire des résultats fantastiques. La démarche de création entraîne souvent des « accidents heureux », et je pense que c’est là un des magnifiques aspects de l’animation. On devient une inventrice, et il y a plein de magie dans le fait de trouver de nouvelles techniques, de créer son propre style. Et puis, il y a la magie de regarder ce qu’on a créé, parce que peu importe ce à quoi l’on s’attend, on ne peut jamais vraiment prévoir ce qui va se révéler.

AK : Même si tu n’as jamais participé à Hothouse, tu as mentionné que tu avais toujours voulu en faire partie. À ton avis, qu’est-ce que les cinéastes ou animatrices et animateurs émergents peuvent retirer des programmes de développement de talents comme Hothouse ?

AD : J’aurais adoré participer à Hothouse ! J’ai admiré le programme de loin depuis ses débuts, mais j’arrivais toujours trop tard ou j’étais trop occupée pour soumettre ma candidature, alors le fait qu’on me demande d’agir comme mentore pour Hothouse 14 est pour moi un honneur extraordinaire. Prendre part à un programme comme celui-là, c’est faire partie d’une communauté, et en tant qu’artiste, je connais la valeur des communautés, tout le soutien qu’elles apportent et la possibilité qu’elles offrent d’évoluer, de créer et d’apprendre des autres. Aujourd’hui plus que jamais, puisque tout le monde travaille en vase clos, souvent de la maison, il faut veiller à créer de tels espaces. Et pour les animatrices et animateurs de la relève, qui viennent peut-être à peine de commencer à créer hors du milieu scolaire ou qui font leurs premières armes en animation à partir d’une autre discipline et ne connaissent personne dans ce nouveau domaine, un programme comme Hothouse offre un environnement propice pour s’épanouir.

AK : Tu seras la directrice du mentorat de Hothouse 14. Que penses-tu du mentorat et quel rôle peut-il jouer dans la carrière ou le parcours d’un nouveau talent ?

AD : Je suis une INCONDITIONNELLE du mentorat ! Au fil des ans, j’ai eu beaucoup de mentors et mentores — on peut presque dire que j’en ai fait une collection [😊] — et j’en cherche toujours d’autres. Ce sont parfois des personnes que je n’ai jamais rencontrées et certaines ne sont même plus vivantes ! Tout ce que nous savons tient au fait que d’autres nous ont précédés et nous ont conduits là où nous sommes. Il y a une immense liberté dans le fait d’en avoir conscience. Les créatrices et créateurs de la relève sont dans une situation privilégiée pour trouver du mentorat, parce que tout est nouveau, passionnant et grand ouvert devant eux.

AK : Le thème de Hothouse 14, « Small Things Considered », souligne l’intérêt des petites choses. Quel conseil pourrais-tu donner aux candidates et candidats et que recherches-tu dans la cohorte de cette année ?

AD : J’adore le thème « Small Things Considered » parce qu’il peut revêtir tellement de sens différents. J’ai très hâte de voir comment chaque personne va l’interpréter. Pour ce qui est du conseil… j’essaie de ne pas en donner aux autres, ha ! Mais si j’avais à le faire, je donnerais ce conseil à la jeune personne que j’étais, sous la forme d’une citation du réalisateur Robert Bresson : « Rends visible ce qui, sans toi, risquerait de n’être jamais vu. » Et j’ajouterais ceci : « Si tu n’es pas admise au programme, fais ton film quand même. La démarche de création d’un film d’animation est un parcours incroyable. Il t’emmènera là où tu ne l’aurais jamais imaginé. »

*

Svend-Erik Eriksen m’avait fixé un rendez-vous d’une demi-heure. Ce n’était peut-être qu’une brève parenthèse dans sa journée très remplie, mais ce court entretien s’est révélé déterminant pour moi et m’a ramenée des années plus tard à l’ONF, où je travaille maintenant depuis dix ans.

Lorsque je repense à cette époque, je me dis que c’est dans l’esprit véritable du thème de cette année — l’intérêt des petites choses — que mon parcours m’a conduite à ce moment.

Cliquez ici pour accéder à tous les courts métrages de Hothouse.

La période d’appel de candidatures pour Hothouse 14 est en cours. Soumettez-nous la vôtre dès maintenant !

Ajouter un commentaire

Commenter