L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
Au fil de l’eau : Fabriquer un film, fabriquer un canot

Au fil de l’eau : Fabriquer un film, fabriquer un canot

Au fil de l’eau : Fabriquer un film, fabriquer un canot

L’un des aspects les plus intéressants, lorsqu’on présente un film dans un festival, est d’avoir l’occasion de répondre à des questions formidables et de satisfaire la curiosité de l’auditoire, souvent par des anecdotes sur la fabrication du film. En voici quelques-unes, que nous avons racontées en personne au public ces derniers mois.

Au sein de la société de production Sagafish Media, Fritz Mueller et Teresa Earle portent à l’écran les récits du Nord canadien. Leur film Au fil de l’eau, qui suit les artisans de canots traditionnels Wayne Price et Halin de Repentigny dans la pratique de leur art, est maintenant accessible sur ONF.ca.

La recherche de l’arbre parfait

FRITZ : Nous avons commencé à développer ce film en 2017, au moment où Halin et Wayne participaient à un festival d’embarcations traditionnelles à Whitehorse. Je ne connaissais pas très bien Halin la première fois que nous sommes partis dans le bois pour trouver de l’écorce. Lui et ses assistants se dirigeaient vers un peuplement d’imposants bouleaux dont il ne voulait pas révéler l’emplacement, mais il a accepté que je les accompagne. Ici, dans le Nord, les arbres ne poussent pas beaucoup, alors il reste discret quand il prélève de l’écorce. Nous lui avons évidemment promis de ne rien révéler de ces emplacements.

Comme Halin et moi sommes tous deux des artistes visuels, nous n’avons pas tardé à établir un lien de complicité : j’aurais pu passer des centaines d’heures sur plusieurs années à filmer avec lui. La scène durant laquelle il prélève de l’écorce a été tournée au cours de cette première sortie, et bien des gens nous demandent ce qu’il advient des bûches que nous semblons laisser sur place. Halin et son équipe utilisent une scierie portable qui les accompagne dans la forêt, mais elle n’a pas résisté au montage final du film.

Halin de Repentigny, artiste et maître artisan de canots en écorce de bouleau.

La partition musicale

TERESA : À chaque projection ou presque, quelqu’un pose une question sur la musique du film. Nous la devons au compositeur Jordy Walker, qui a aussi collaboré à certains morceaux avec le violoniste Jesse Zubot. Jordy a créé une musique profondément enracinée dans le paysage et dans la vie de nos protagonistes, et les gens veulent savoir comment nous nous y sommes pris pour capter la musique de ces lieux.

Lorsque Fritz a filmé Wayne qui pagayait en compagnie de plusieurs femmes tlingit, il savait qu’elles faisaient partie d’un groupe vocal et il a demandé à certaines d’entre elles de porter un micro. Elles ont chanté toute la journée et au montage, nous avons utilisé le chant de migration des orques avec l’autorisation du clan Daḵl’aweidí. Au moment de la bénédiction de l’arbre, Wayne a choisi de chanter Chilkoot Entrance, et nous avons demandé au gardien des chants tlingit Lance Twitchell, de Juneau, la permission de l’inclure.

Il y a une vingtaine d’années, Halin a effectué quelques descentes du fleuve Yukon en canot voyageur, et il arrivait souvent que l’un des membres de l’équipage apporte un violon. Nous avions quelques images captées avec un caméscope, mais le violoneux se trouvait hors champ et Halin ne savait plus trop de qui il s’agissait. Je me suis livrée à un travail de détective et je n’ai pas tardé à retrouver cette personne : c’était la violoneuse Amelia Rose Slobogean, aujourd’hui professeure de musique à Whitehorse. Jordy a invité Amelia dans son studio et elle a réenregistré le reel de St. Anne pour le film.

Wayne Price, artiste et maître sculpteur de la Nation tlingit.

Le processus de fabrication du canot

Fritz Mueller et Teresa Earle

FRITZ : J’ai tourné avec Wayne et Halin sur une période de trois ans et pendant ce temps, l’un et l’autre ont fabriqué plusieurs canots. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un film sur la construction des canots traditionnels, Wayne et Halin accordaient une grande importance au fait que leur travail soit filmé et je tenais à ce qu’Au fil de l’eau en rende compte avec exactitude. Le monteur Graham Withers et moi avons beaucoup travaillé pour nous assurer de montrer le processus avec précision. Reste que malgré tous les voyages que j’ai faits pour voir Halin, je ne me suis jamais trouvé sur les lieux quand il posait les varangues du canot. Alors dans le film, nous voyons les varangues à d’autres étapes de la fabrication.

TERESA : Le genre documentaire apporte son lot d’imprévus et il faut parfois changer de cap ou se retourner rapidement pour réagir à des changements ou à de nouvelles occasions. Ce qui avait commencé par un retard important dans ce projet a finalement donné lieu à de formidables nouvelles histoires. Un été, contrairement à ce qui avait été prévu, Wayne n’a pu être des nôtres pour le tournage parce qu’il venait d’être nommé professeur adjoint à l’Université de l’Alaska. Fritz l’a suivi cet hiver-là et a filmé un certain temps sur le campus. Nous nous attendions à ce que Wayne reçoive une autre commande pour la construction d’une pirogue en Alaska du Sud-Est, mais il a finalement passé l’été à bâtir un canot à Carcross, une ville du Yukon et qui se trouve près de chez nous. Violet Gatensby, son apprentie, est vite devenue une vedette du film. Tout l’été, Wayne et Fritz avaient concocté le projet de partir à la pêche au flétan en canot, mais une grève des traversiers a mis fin à leur plan. Ils n’ont pas tardé à se réorganiser et cet hiver-là, Fritz s’est rendu à Juneau pour filmer Wayne en train de chasser de sa pirogue.

FRITZ : L’une des premières questions que les gens de l’auditoire ont posées à Violet, c’était « Est-ce que tu vas fabriquer un autre canot ? » Elle a répondu oui avec enthousiasme. Le fait d’avoir eu Wayne comme mentor a façonné sa carrière artistique et lui a donné le feu sacré. Depuis le tournage de notre film, Violet a collaboré à la construction d’un canot à Haines Junction, et elle agit comme sculptrice principale d’une équipe qui construit une pirogue à Whitehorse. Wayne ne lui apporte qu’une aide minimale dans ce projet, ce qui constitue une première.


Visionnez gratuitement Au fil de l’eau :

Au fil de l'eau, Fritz Mueller, offert par l'Office national du film du Canada

Ajouter un commentaire

Commenter