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Cinéastes indépendants : à faire et à éviter dans le domaine de la sonorisation

Cinéastes indépendants : à faire et à éviter dans le domaine de la sonorisation

Cinéastes indépendants : à faire et à éviter dans le domaine de la sonorisation

Que vous soyez cinéaste indépendant, étudiant ou étudiante ou simplement une personne passionnée d’enregistrement sonore, consultez notre liste « À faire et à éviter » dans le domaine de la sonorisation au cinéma !

Au studio de l’ONF à Montréal, nous travaillons souvent au mixage de films indépendants ou de films de cinéastes de la relève. Au fil des ans, nous avons souvent vu les mêmes problèmes se produire. J’aimerais donc vous parler de certains des pièges les plus fréquents pour mieux vous préparer au mixage de votre film, ici ou ailleurs.

Voici donc, à l’intention des cinéastes indépendants, notre liste « à faire et à éviter en matière d’enregistrement sonore ».

À FAIRE : COMMUNIQUER

Parlez à une personne chevronnée en prise de son, en conception sonore ou en montage son, en composition musicale et en mixage. De manière générale, consultez toutes les personnes que vous pouvez. Les gens se font habituellement un plaisir de parler de leur métier et de ce qu’ils peuvent apporter à votre film. En obtenant des conseils tôt dans le processus, vous serez plus à même de suivre la bonne piste et d’établir les priorités de votre projet. Y a-t-il beaucoup de dialogues dans votre film ? Beaucoup de musique ? D’effets spéciaux ? La réponse vous donne un bon indice de l’élément sur lequel vous concentrer et des partenaires de création auxquels vous aurez peut-être avantage à faire appel pour tirer le maximum de votre projet. Investissez là où ça compte vraiment !

Cela dit, nous savons qu’en réalité, nombre de cinéastes indépendants manquent d’argent et que la production de leur film repose essentiellement sur une ou deux personnes. Mais n’hésitez pas à innover et à investir dans le nécessaire. Chaque projet est différent. Si vous tournez un court métrage de fiction scénarisé, vous aurez normalement besoin d’une équipe plus nombreuse. Par contre, le tournage d’un long métrage documentaire tient souvent davantage du travail de solitaire. Dans ce cas, investissez dans une caméra et un équipement audio de qualité et apprenez à vous en servir pour en tirer le maximum. Sachez comment obtenir un bon niveau d’enregistrement audio et, si vous enregistrez directement à la caméra, comment contourner les contrôles intégrés de commande automatique de gain (CAG) ou de limiteurs.

Les communications sont importantes à chaque étape, car vous voulez arriver au mixage final muni de tous les éléments adéquats placés dans un ordre logique !

Geoff Mitchell dans le studio Chester-Beachell des anciens studios de l’ONF à Montréal (2019).

À FAIRE : CAPTER UN SON DE QUALITÉ OPTIMALE À LA SOURCE

Efforcez-vous de trouver le meilleur endroit pour la prise de son. On ne le dira jamais assez : la prise de son détermine si, des semaines plus tard, vous devrez consacrer toute la postproduction sonore à faire en sorte que le son soit juste « assez bon » ou si vous aurez la liberté de faire des choix artistiques à partir du son synchrone. Lorsque le son synchrone est de piètre qualité, vos options créatives sont limitées.

Le problème le plus fréquent est le volume sonore élevé dans l’environnement. Dans ce contexte, le micro monté sur la caméra ou sur la perche pose problème. Un micro-cravate bien positionné est habituellement la solution. Je souligne : bien positionné. Et il faut vérifier constamment le résultat. Le contrôle de la qualité du son enregistré est essentiel pour diagnostiquer et résoudre rapidement les problèmes. Avez-vous éliminé le plus de bruit possible du plateau ? S’il se trouve à l’extérieur, pouvez-vous l’abriter du vent ? L’emplacement du sujet est-il optimal ? Si vous filmez un plan éloigné ou moyen et que vous ne pouvez pas vous rapprocher avec la perche, y a-t-il une autre solution pour installer le micro ailleurs sur le plateau ?

À FAIRE : OBTENIR UNE COUVERTURE AUDIO SUPPLÉMENTAIRE LORSQUE C’EST POSSIBLE

Les petits magnétophones vous donnent la possibilité d’enregistrer le son d’un autre endroit ou de capter l’ambiance. Cela s’avère un précieux atout, surtout quand votre temps est limité à un endroit précis.

Callshop Istanbul, de Sami Mermer et Hind Benchekroun, est un film auquel j’ai travaillé et pour lequel les cinéastes ont trouvé des solutions créatives. Il s’agissait d’un documentaire tourné sur plusieurs années dans des endroits achalandés d’Istanbul. Malgré des moyens restreints, Sami a fait preuve de créativité pour obtenir des enregistrements audio supplémentaires. Par exemple, dans une scène où les sujets entraient et sortaient de cabines téléphoniques d’une boutique très courue d’Istanbul, il a caché un enregistreur Zoom dans l’une d’elles pour avoir une couverture supplémentaire là où le micro monté sur la caméra ne pouvait pas produire un enregistrement de qualité raisonnable lorsqu’un sujet entrait dans une cabine et fermait la porte.

Callshop Istanbul, de Sami Mermer et Hind Benchekroun ; Martin Allard (montage son).

 

Rien ne vaut la prise de son d’une personne d’expérience qui se consacre uniquement à la couverture audio, mais si vous êtes dans une situation où vous devez vous débrouiller vous-même, cherchez d’autres solutions de captation qui pourraient répondre à vos besoins.

À FAIRE : SE RAPPELER QUE LE SON TRANSFORME L’IMAGE

Le premier montage « sonore » est exécuté au montage image ; la personne qui s’en charge fait les choix créatifs concernant les coupures, l’étalonnage et l’interaction son-image. Prenez-en conscience et intégrez des possibilités créatives le plus tôt possible dans le processus. Une excellente conception sonore ne relève pas simplement d’un travail en solitaire effectué après le montage image final pour transformer miraculeusement votre œuvre. Sollicitez rapidement la participation de votre responsable du son, qui vous conseillera sur les possibilités offertes compte tenu de votre montage. Il y a plus d’une façon d’intégrer la conception sonore à la planification de la production et de vous aider à raconter votre histoire.

À FAIRE : RÉGLER AU MIXAGE

Travailler la sonorisation et entendre les résultats est fort agréable, mais ne vous emballez pas dans la salle de montage. Rappelez-vous que vous préparez vos pistes audio pour l’étape du mixage, qui se déroule dans une régie de cinéma dotée d’un équipement de lecture de haute qualité et d’un espace qui convient à l’écoute du mixage. Donc, abstenez-vous de tout traitement irréversible de vos pistes avant de les avoir entendues au mixage. Stabilisation finale, correction, débruitage intense, réverbération et panoramique donnent de meilleurs résultats s’ils sont exécutés dans la salle de mixage. Si vous devez essayer quelque chose pour tester votre montage audio, faites-le de manière non destructive. Ce qui nous amène au premier élément de la liste des choses « à éviter ».

À ÉVITER : TRAITER LE SON À L’EXCÈS

Il y a parfois des problèmes avec l’audio — des bourdonnements ou des ronronnements qu’on peut facilement retirer. Parfait ! Mais c’est risqué de le faire dans la salle de montage. Dans la salle de mixage, vous entendrez le son au volume qu’il atteindra à la projection, émis par des enceintes de haute qualité, dans un environnement peu bruyant. Le type de parasites créés par le traitement du son sera peut-être plus évident dans ce contexte, ou vous aurez peut-être retiré plus de son correct que vous ne le vouliez. Il faut des années d’expérience pour avoir une idée de la façon dont le son sortira d’un meilleur système, et il y a toujours des surprises. Un spécialiste du montage son expérimenté peut décider d’effectuer un premier nettoyage, mais si vous vous débrouillez vous-même, mieux vaut user de précaution et attendre à l’étape du mixage. Mais…

Geoff Mitchell dans la Salle Momentum des studios actuels de l’ONF à Montréal.

À ÉVITER : (TOUT) RÉGLER AU MIXAGE… (!?)

On peut faire beaucoup avec un enregistrement audio, mais, au bout du compte, certains problèmes ont avantage à être réglés à la source. Les prestations, la qualité du son à la source ou le rythme peuvent être améliorés au mixage, sans pour autant être la meilleure solution pour ces types de problèmes.

Par exemple, un montage sommaire du dialogue est souvent amélioré au mixage, mais des prises de vue carrément mal agencées et une postsynchronisation de piètre qualité donneront toujours une impression d’étrangeté. Faites les bons choix à la source !

Dans la même veine, les récits visuels ou les problèmes de compréhension peuvent reposer sur l’audio, mais si deux plans ne semblent pas avoir été filmés au même endroit, compter sur une ambiance continue ne réglera rien !

De manière générale, ne vous fiez pas à l’audio pour parfaire un récit nébuleux. C’est habituellement le signe d’un problème plus profond qui donne des résultats décevants au bout du compte.

À ÉVITER : FAIRE DES ÉCONOMIES DE BOUTS DE CHANDELLE

Vous devrez vivre longtemps avec votre film une fois terminé. Ne vous limitez pas. L’équipement audiovisuel de bonne qualité n’a jamais été aussi abordable. Bien utilisé, l’équipement professionnel d’entrée de gamme et de « prosommateur » produit de très bons résultats.

À ÉVITER : COMPTER SEULEMENT SUR LE SON SYNCHRONE

Le problème se présente le plus fréquemment dans les documentaires. Une fois de temps à autre, vous captez un son synchrone impeccable, mais il y a des limites à se fier seulement au son enregistré en extérieurs. Ce que vous captez forme un tout. Ensemble, le dialogue, les mouvements et l’ambiance constituent le son synchrone, qui se retrouvera (presque) exclusivement dans le canal central. Cela ne pose pas de problème s’il s’agit d’une « tête parlante » sans aucun plan de coupe, mais dans n’importe quel autre contexte, il y aura des limites. Par exemple, si c’est un sujet ou un objet qui bouge ou traverse le cadre, on ne peut panoramiquer le son synchrone ; autrement, toute la piste — sujet, ambiance, tout ce qui est capté — bougerait aussi. Vous aurez besoin d’éléments indépendants dans la conception sonore et de bruitage pour faire le panoramique et créer un espace sonore plus riche. Cela est particulièrement évident lorsqu’on fait la lecture sur un grand écran, mais également lorsqu’on utilise un casque d’écoute !

Dans Clebs, documentaire récent produit par l’ACIC, on a fait un usage judicieux de la conception sonore dans une situation où il était difficile de capter le son synchrone. La réalisatrice Halima Ouardiri a choisi d’ajouter des détails pendant la postproduction tout en conservant une impression de cinéma-vérité pour soutenir les images attrayantes de son court métrage.

Halima Ouardiri a travaillé avec le concepteur de son Bruno Pucella.

Quelques notes importantes pour conclure…

Vous aurez sans doute remarqué que j’ai souvent insisté sur l’intérêt de faire appel à une personne expérimentée en montage son. Il s’agit là d’un ou d’une partenaire de création qui ira plus loin qu’une simple traduction littérale de l’action. Il ou elle façonnera les éléments audio qui appuieront votre vision artistique du film en plus de vous fournir le matériel qui répond à vos besoins techniques. Pour développer vos talents en conception sonore, travailler de concert avec une monteuse ou un monteur son est une occasion de mentorat en or.

Ici, à l’ONF…

Nous avons le mandat de soutenir le cinéma indépendant au Canada par nos programmes ACIC et FAP. Si ces programmes vous intéressent, consultez les liens suivants :

La portée et la qualité des projets produits dans le cadre de ces programmes témoignent de la vitalité du cinéma indépendant au pays.

Maintenant que j’ai donné des conseils gratuits, je tiens à souligner qu’ils sont d’ordre général et que chaque projet est unique. C’est un défi constant que de consacrer temps et efforts à trouver la manière de faire qui convient le mieux à votre projet.

Tout compte fait, c’est la force de votre vision et de votre histoire qui rendra votre œuvre captivante, mais l’audio joue un rôle clé pour intensifier et faire ressortir l’expérience qu’on en tire. Prenez le temps de réfléchir à la manière dont vous pouvez réaliser un projet optimal et… nous espérons vous voir un de ces jours dans notre salle de mixage !


Je tiens à remercier de leur contribution à cet article les personnes suivantes : Patrice Leblanc et Marie-Pierre Grenier, de Bande à part — coop, pour leur généreux apport et mes collègues au mixage à l’ONF Jean Paul Vialard, Isabelle Lussier, Shelley Craig et Luc Léger.

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