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L’effort de guerre des francophones à l’ONF (1939-1945) | Perspective du conservateur

L’effort de guerre des francophones à l’ONF (1939-1945) | Perspective du conservateur

L’effort de guerre des francophones à l’ONF (1939-1945) | Perspective du conservateur

Le jour du Souvenir, que l’on commémore le 11 novembre – date de l’accord d’armistice de 1918 qui a mis fin à la Première Guerre mondiale –, est destiné à célébrer la mémoire des personnes qui sont mortes en service militaire et à honorer celles qui ont servi en temps de guerre.

Cette journée commémorative, instaurée au début des années 1920 et officiellement nommée jour du Souvenir en 1931, a toujours créé un malaise chez certains francophones, malaise qui, il faut le dire, tend à se dissiper depuis quelques années. Cette réticence face aux célébrations du 11 novembre pourrait s’expliquer, entre autres, par le fait qu’une grande majorité de Canadiens français s’est toujours opposée à la conscription pour le service militaire. Quoi qu’il en soit, durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 160 000 Canadiens français[1] se sont enrôlés volontairement dans des unités d’infanterie ou des régiments francophones, dont le célèbre, Royal 22e Régiment.

Au Canada, des centaines de milliers d’hommes et de femmes ont contribué à l’effort de guerre, en travaillant notamment dans des usines de production de matériel de guerre. Cet effort s’est également déployé sur un autre terrain, celui de la propagande cinématographique, à l’Office national du film à Ottawa. Une petite équipe de francophones y a participé. Voici son histoire.

En avant Canada

À l’automne 1939, quand John Grierson prend officiellement les rênes de l’ONF et qu’il constitue son équipe, il n’engage qu’un seul francophone, Philéas Côté, qui devient responsable de la distribution non commerciale. Malgré cela, le fait français n’est pas ignoré par le commissaire, qui exige, dès le lancement de la série Canada Carries On, en avril 1940, que chaque film soit offert en français. Engagé dans une guerre de propagande contre la tyrannie, le totalitarisme et le racisme du régime nazi, Grierson veut s’assurer que les films de la série, qui font la promotion de la démocratie et des valeurs canadiennes, sont accessibles à tous les habitants du pays, qu’ils soient anglophones ou francophones. La série en français prendra le titre d’En avant Canada.

Un premier film en français

À l’automne 1940, quand il est question de produire un film sur le parcours d’une recrue dans un camp d’entraînement à Borden, en Ontario, Grierson songe à adapter le contenu du film en français plutôt que de simplement en faire une version bilingue. Il juge qu’il a ainsi plus de chances d’intéresser le public francophone. Il confie donc à Gerald Noxon, un anglophone, et à une équipe de l’Associated Screen News, la réalisation d’un film en français. Un du 22e, qui raconte l’histoire d’un jeune Canadien français, Gilles, qui vient de s’enrôler dans le Royal 22e Régiment et qui poursuit son entraînement au camp de Valcartier, est lancé en novembre 1940.

Un du 22e, Gerald Noxon, offert par l'Office national du film du Canada

L’arrivée de Vincent Paquette

En décembre 1941, Grierson, qui sent le besoin de confier à un francophone tout ce qui touche la production en français à l’ONF, embauche Vincent Paquette, un jeune animateur de radio originaire de Montréal qui travaille à Ottawa. Après un stage de quelques mois, Paquette se charge des versions françaises des films des séries Canada Carries On et The World in Action, de la production d’une série en français, Actualités canadiennes, et de la gestion du bureau de distribution à Montréal. Il entame également le tournage de ce qui constituera le premier film de l’ONF réalisé par un francophone, La cité de Notre-Dame (1942), sur le tricentenaire de Montréal.

La Cité de Notre-Dame, Vincent Paquette, offert par l'Office national du film du Canada

La French Unit

La charge de travail devient vite trop grande pour une seule personne et Grierson engage, en août 1942, Jean Palardy, comme caméraman et réalisateur, ainsi que François Zalloni, qui agira à titre d’agent de liaison au bureau de Montréal. Entre-temps, le compositeur Maurice Blackburn s’est joint au service de musique. Une petite équipe de francophones se forme peu à peu.

Dans les mois qui suivent, plusieurs francophones rejoignent l’équipe : Jean-Yves Bigras, Paul Lamoureux, l’écrivain Yves Thériault, qui publiera en 1958 son célèbre Agaguk, Jacques Brunet, Georges Ayotte, ainsi que les caméramans Roger Racine, Jean-Marie Couture et François Villiers. Du côté de l’animation, Norman McLaren recrute Jean-Paul Ladouceur et René Jodoin. En mars 1943, Vincent Paquette prend donc la tête d’une équipe de francophones, qu’on appellera bientôt la French Unit.

La série Les reportages

Le rythme de production de la série Actualités canadiennes s’accélère. Alors que la fréquence de sortie des films était d’un par mois, on passe à deux, puis rapidement à trois films. Le format change quelque peu aussi. On conserve la même durée, soit une douzaine de minutes, mais on diminue le nombre de sujets par épisode, passant de quatre à deux. Il y a même parfois un seul sujet qui est développé. La série change également de nom pour Les reportages.

Reportages nº 94 , Jacques Brunet, offert par l'Office national du film du Canada

Le nouveau format des Reportages constitue un tournant pour la petite équipe française, qui, peu à peu, prend sa place au sein d’un ONF dominé par les anglophones. Les films s’adressent à un public francophone. On y parle de l’effort de guerre des Canadiens français, mais aussi de leurs héros, de l’attachement à leur mère patrie, la France, de grands événements internationaux, de l’omniprésence de la religion, de l’apport des femmes et de la fierté nationale. La série propose également des sujets qui n’ont rien à voir avec le conflit, mais qui permettent de mieux faire connaître la vie des Canadiens français.

L’équipe française se consolide

En juin 1944, Paul Thériault devient conseiller francophone du commissaire. Son rôle consiste à conseiller Grierson en matière d’embauche des francophones et à formuler une politique de production et de distribution des films en français. Sa nomination permet l’arrivée de Victor Jobin, Pierre Petel, Pierre Bruneau, Yves Jasmin et Roger Blais à la production, ainsi que de Ken Gauthier et Raymond Mondor à la distribution.

À la fin de la guerre, l’équipe française est composée d’une quinzaine de réalisateurs, mais aussi de caméramans, de monteurs, de scénaristes et de responsables de la distribution. Sa production compte cent dix-huit reportages, seize oeuvres originales, quatre adaptations et près d’une centaine de versions traduites. Sur le plan idéologique, les francophones ont donc joué un rôle considérable dans l’effort de guerre du pays, et il m’apparaissait important de le souligner alors que nous honorons les personnes qui ont servi en temps de guerre.

[1] Ce chiffre est tiré du site du Musée canadien de la guerre, sous la rubrique Le Canada et la guerre – Les unités francophones.

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