Kanehsatake, 270 ans de résistance | Histoire de la résistance du Canada aux revendications territoriales autochtones
Le présent texte s’inscrit dans une série de billets de blogue portant sur des productions de l’ONF susceptibles d’aider les spectateurs à repenser les relations qu’entretient le gouvernement canadien avec les Premières Nations, lesquelles luttent depuis longtemps pour défendre les droits qu’elles ont obtenus au moyen de traités ou devant les tribunaux. Ces quatre productions de l’ONF offrent au personnel enseignant et aux élèves l’occasion d’en apprendre davantage sur les conséquences de la colonisation sur quatre communautés des Premières Nations dont les histoires sont portées à l’écran par des cinéastes autochtones. Chaque production aborde une grande préoccupation des Premières Nations.
Produit en 1993, le long métrage documentaire d’Alanis Obomsawin Kanehsatake, 270 ans de résistance aborde la question des revendications territoriales des Autochtones.
Kanehsatake, 270 ans de résistance, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada
Question d’enquête : Le gouvernement fédéral peut-il justifier de dépenser plus de 155 millions de dollars pour écraser la résistance à l’aménagement d’un terrain de golf privé de neuf trous et d’un projet immobilier de luxe sur des terres kanien’kéhaka (mohawks) d’Oka, au Québec ?
Voici quelques questions à discuter avant de regarder le film.
- Quel rôle la Loi sur les Indiens joue-t-elle dans l’histoire des relations entre le gouvernement canadien et les Premières Nations ?
- Que savons-nous du rôle des femmes dans cette communauté ?
- Comment l’État canadien a-t-il répondu aux revendications territoriales et aux besoins vitaux des Premières Nations ?
Lors de la confrontation opposant la communauté kanien’kéhaka (mohawk) aux policiers et à l’armée canadienne à Oka, au Québec — confrontation diffusée par les chaînes télévisées du monde entier —, le gouvernement canadien a consacré plus de 155 millions de dollars au démantèlement des barricades et du camp de paix érigés par les manifestants à l’été 1990.
Je n’oublierai jamais la scène : en regardant les actualités depuis l’aéroport de Heathrow en août 1990, j’ai vu des soldats canadiens revêtus de tout leur équipement, utilisant des chars d’assaut pour affronter des guerriers kanien’kéhaka (mohawks) et des mères de clan mohawks. Kanehsatake, 270 ans de résistance est une œuvre essentielle, car elle montre que la crise d’Oka a représenté un tournant dans les relations entre les Premières Nations et le gouvernement fédéral.
La suppression des droits civiques et des droits de la personne est filmée par la cinéaste Alanis Obomsawin, laquelle a passé les 78 jours de la manifestation derrière les barricades. Il faut voir tout le mal que s’est donné l’armée pour entraver l’accès des journalistes au camp de paix. On peut se demander pourquoi la seule couverture de presse autorisée s’est composée de reportages officiels, fondés sur une « explication » de la crise présentée par une communauté hostile et des porte-parole du gouvernement.
Malgré ces tentatives pour empêcher les Mohawks de donner leur version des faits, l’équipe de tournage a pu enregistrer les événements à mesure qu’ils se déroulaient, tout en retraçant les nombreuses promesses brisées et les violations de traités qui ont abouti à l’affrontement. Parallèlement à l’histoire des relations coloniales remontant au 17e siècle, les spectateurs apprennent le contexte de la longue suite de démarches effectuées pour freiner l’aménagement du terrain de golf. Le film nous montre que ce passé lourd de séquelles se fait sentir dans la crise d’Oka, après l’échec des négociations.
Avertissement : Ce film comporte beaucoup de fortes émotions et de propos véhéments.
Au bout du compte, le film suscite d’importantes questions sur le rôle de l’État canadien, lequel s’est servi de toute sa puissance pour éliminer un camp de manifestants où se trouvaient 30 warriors, 1 chef spirituel, 1 chef traditionnel, 19 femmes et 7 enfants.
Kanehsatake, 270 ans de résistance (version mohawk)
Kanehsatake 270 Years of Resistance (Mohawk Version), Alanis Obomsawin, provided by the National Film Board of Canada
Approfondir
- Les trois grandes luttes de résistance ont fait l’objet d’actes de solidarité importants. Quel rôle la solidarité joue-t-elle parmi les peuples autochtones au Canada et en Amérique du Nord ?
- Y a-t-il eu d’autres luttes décisives livrées ailleurs ?
Le thème du résistance est aussi au cœur des trois autres productions examinées dans cette série de billets :
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D’ascendance maternelle métisse et crie, Carol Arnold a grandi dans la communauté métisse de Lac Ste. Anne, qu’on appelle également Manito-Sakahigan. Elle enseigne depuis plus de 30 ans en Alberta et en Colombie-Britannique, dans plusieurs domaines : études sociales, anglais, premiers peuples de la Colombie-Britannique. Bien que Carol Arnold se consacre à temps plein à l’enseignement, elle participe à l’élaboration et à l’animation d’ateliers d’éducation autochtone destinés au personnel enseignant dans le cadre de ses activités au sein de la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique. Elle aime intégrer les productions de l’ONF à ses cours et estime que son catalogue de films autochtones contient d’excellentes images d’archives et qu’il renseigne sur l’actualité canadienne et internationale.
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