Curling, quand tu nous tiens : un conte d’hiver | Perspective du conservateur
Je me suis laissé dire que la pratique des sports d’hiver constituait le souverain antidote à la saison froide et j’en conviens sans peine. Cette glaciale enfilade de mois interminables en devient ainsi nettement plus sympathique.
C’est dans cet esprit qu’il y a une dizaine d’années, j’ai fait l’essai du curling. Une amie m’avait invitée à me joindre à son équipe et durant toute une semaine, nous avons participé à un bonspiel (un tournoi de curling). Nous avons eu un plaisir fou, mais le défi s’est révélé beaucoup plus ardu que je ne l’aurais cru (j’en ai ressenti de cuisantes douleurs aux bras pendant des jours).
Voilà qui m’amène au thème du présent billet : le désopilant Curling, quand tu nous tiens, produit en 1963 et signé John Howe. Le film relate l’histoire d’un voyageur de commerce qui vient de se voir confier un territoire du sud de la Saskatchewan. Il se rend jusqu’à la petite ville d’Eston (200 km au sud-ouest de Saskatoon), mais ne trouve en arrivant que des commerces déserts affichant à l’unisson le message « Fermé pour cause de curling ».
À l’hôtel, tout aussi vide, il remarque un ouvrage sur le sport en question. Après en avoir parcouru quelques pages et s’être familiarisé avec les rudiments du curling, il se voit déjà sur le podium. Bien entendu, à peine a-t-il posé les pieds sur la glace et commencé à jouer, qu’il mesure toute la complexité de l’exercice.
Premier à proposer ce charmant film de dix minutes en septembre 1960, le scénariste Charles Cohen (Un autre pays) se rend en Saskatchewan afin de se familiariser avec le jeu. Il rédige ensuite un scénario préliminaire qui a pour titre de travail Winter Fever et porte sur une petite communauté qui se prépare à participer à un bonspiel. Plusieurs ébauches plus tard, il en vient à conclure que mieux vaudrait présenter le jeu selon la perspective d’un profane. C’est ainsi que le voyageur de commerce fait son entrée dans le récit.
Curling, quand tu nous tiens!, John Howe, offert par l’Office national du film du Canada
Le réalisateur John Howe cumule ici la fonction de réalisateur et celle d’acteur, puisqu’il incarne lui-même ce protagoniste. Il est d’ailleurs très drôle en citadin persuadé que le curling est un jeu d’enfant et qu’il lui suffit d’en lire les règles pour y exceller. La séquence imaginaire durant laquelle il choisit un cardigan et domine le jeu figure parmi les temps forts du film. Évidemment, il est aussi très amusant de le voir « reprendre pied » dans la réalité en trébuchant sur la glace lors d’une vraie partie de curling. Howe a tourné le film à la manière d’une comédie muette, c’est-à-dire ponctuée de moments burlesques.
Filmé à Eston, Curling, quand tu nous tiens a été spécialement réalisé aux fins de la projection en salle. On l’a présenté partout au pays, ainsi qu’en divers points de la planète et il a reçu un excellent accueil. Il est d’ailleurs traduit en sept langues, dont le néerlandais, l’espagnol, l’allemand et le norvégien. Ce court métrage nous fait découvrir le curling avec beaucoup d’humour et jette un regard des plus perspicaces sur le culte que l’on voue à ce sport dans les Prairies.
Votre curiosité à propos du curling ne se trouve pas entièrement satisfaite ? Nous vous proposons également le court métrage de fiction The Curlers (1955) (accessible en anglais seulement), qui porte sur un différend entre deux agriculteurs membres d’une même équipe. Au seuil d’un important tournoi, les joueurs arriveront-ils à laisser de côté leur querelle et à unir leurs efforts à la gloire du curling ?
The Curlers, William Davidson, offert par l’Office national du film du Canada
Espérons que ces deux films vous inciteront à sortir de la maison et à prendre d’assaut la patinoire cet hiver. Amusez-vous bien !