Contes de la cafétéria de l’ONF (agrémentés de détails juteux!)

Vous demandez-vous parfois ce qui se passe derrière les murs du bureau central de l’Office national du film, à Montréal? Eh bien, nous pouvons enfin vous régaler d’anecdotes savoureuses.

Comme c’est le cas dans bien des lieux de travail, c’est généralement en dehors des bureaux individuels, comme autour de la fontaine réfrigérante et, naturellement, à la cafétéria, que se passent les choses les plus intéressantes.

Heureusement pour nous, l’animatrice Janet Perlman évoque quelques-uns de ses meilleurs souvenirs dans la plus pure tradition ONF, c’est-à-dire en images et en mots….  

Janet Perlman

Janet est une scénariste et réalisatrice nommée aux Oscars, ainsi qu’une auteure et illustratrice de livres pour enfants. Pendant des décennies, son travail a été intrinsèquement lié à l’ONF. Elle y a élaboré la série AnimaPaix comprenant notamment La danse des brutes et Dîner intime, et signe également des classiques comme La tendre histoire de Cendrillon Pingouinet L’invasion des crustacés de l’espace.

En plus de donner des ateliers partout dans le monde, Janet a enseigné l’animation à Harvard, à la Rhode Island School of Design, et à l’Université Concordia. Sa collaboration avec l’ONF, entamée au milieu des années 1970, se poursuit encore aujourd’hui.

À l’occasion de notre GRAND DÉMÉNAGEMENT, Janet a rassemblé et illustré une série d’histoires vraies datant de ses premières années en tant que cinéaste à l’ONF, un lieu qu’elle affectionne grandement.

---

1. LA TRANCHE DE BACON

2. TÊTE-À-TÊTE AVEC NORMAN

Je vouais une admiration sans bornes à Norman McLaren, mais j’avais raté bien des occasions de discuter avec lui d’art et de cinéma, pour l’essentiel, en raison de ma timidité. Un midi, alors que tout le monde avait terminé son repas, je me suis retrouvée en tête-à-tête avec le grand Norman. J’ai eu conscience qu’il s’agissait là d’un moment extraordinaire dont je me souviendrai toute ma vie. Mon cerveau tournait à plein régime, cherchant les propos qui enclencheraient cette inoubliable conversation. C’est ainsi que j’avais fini par dire :

3. LES LUTTEURS

On dit qu’il y aurait déjà eu une vraie bagarre à coups de poings dans la cafétéria. Reste qu’un jour, un groupe de lutteurs professionnels de premier plan est venu à l’ONF à l’occasion d’un tournage. Il y avait Killer Kowalski, Mad Dog Vachon et d’autres grandes vedettes. Ils ont acheté des sandwiches, des tranches de gâteau et se sont comportés de façon parfaitement civilisée. Aucune chaise n’a volé en éclats!

4. PLAN D’ÉTAGE

La cafétéria était au moins deux fois plus grande qu’elle ne l’est aujourd’hui et elle ne fermait pas avant 16 heures. Nous y mangions tous : il n’y avait pas d’autre endroit où aller. À midi, la file d’attente s’étirait jusque dans le hall. Il y avait des distributrices qui contenaient de vrais sandwichs à l’intention des cinéastes qui travaillaient tard.

5.VIANDE FUMÉE

Je me rappelle que nous fumions tous et n’importe où à l’ONF. Les gens mangeaient dans un nuage de fumée d’Export “A”, de Player’s et de Gitanes. Micheline Lanctôt réalisait un film au Studio d’animation et elle fumait des cigarillos, un genre de petit cigare qui donnait un style très décontracté. Je dois avouer que j’ai aussi eu ma part de responsabilité dans la production de cette fumée. Mais c’est chose du passé et je m’en réjouis.

6. LE MAÎTRE D’HÔTEL

L’un des responsables de la cafétéria était particulièrement perfectionniste. Vêtu d’une tenue de chef complète, il saluait les gens et les accueillait à la manière d’un maître d’hôtel. La cafétéria proposait un bar à salades, une journée spaghetti à volonté et nous avons même eu droit à un festival du homard. Il nous offrait sa version d’un festival du film!

7. LE BISCUIT

8. LES HÉROS DE LA CAFÉTÉRIA – WINNIE

Winnie préparait tous les petits déjeuners et les sandwiches. Comme elle se rappelait chaque détail, vous pouviez lui demander « la même chose que d’habitude », ce qui pouvait aussi bien vouloir dire « le spécial » que « le demi-spécial », avec ou sans la tranche de tomate. Lorsque votre commande était prête, elle sonnait une cloche et échangeait un regard avec vous. Elle remarquait à un tel point chaque détail, qu’on lui a offert un poste au labo. Elle a également joué le rôle principal dans le film de Robert Awad « The National Scream ».

9. LES HÉROS DE LA CAFÉTÉRIA – HENRY

Henry exploitait le stand de bonbons et de cigarettes. Il était non voyant et quand nous lui tendions de l’argent de papier, il nous demandait s’il s’agissait d’un billet d’un, de cinq ou de vingt dollars. Il aurait été facile de lui mentir, mais je pense que ça ne s’est jamais produit. Il nous reconnaissait, au son de notre voix, et a entendu toutes nos conversations durant des années, en particulier les histoires hilarantes de Grant Munro.

10. CAFÉTÉRIA-GALERIE

Les animateurs ont un jour organisé un marathon de peinture collectif : chacun peignait la même toile en suivant les directives étape par étape d’une vidéo de Bob Ross. Chaque tableau affichait la même grange d’allure rustique flanquée d’un clôture de bois cassée sur fond de coucher de soleil flamboyant. On avait exposé toutes les toiles dans la cafétéria et quelques-unes ont même été vendues. Vous pouvez d’ailleurs admirer les résultats du second marathon de peinture « à la manière de Bob Ross » actuellement affichés dans la salle Bob Ross du Studio d’animation français.

Parmi les autres œuvres à l’honneur figurent les photographies de personnalités du cinéma qu’a réalisées Lois Siegel. Ces photographies ont été exposées et admirées durant de nombreuses années.

11. BOUILLONNEMENT CRÉATIF

12. HÉROS MODERNES

Ceci n’est pas un conte, mais simplement un mot de remerciement adressé aux actuels héros de la cafétéria. Un immense merci pour les millions de frites, de cafés, et de sandwiches servis avec gentillesse, et pour les conversations cordiales. Vous êtes les meilleurs!