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Une cinéaste retourne à son école secondaire, frappée en 1999 par une vague de suicides

Une cinéaste retourne à son école secondaire, frappée en 1999 par une vague de suicides

Une cinéaste retourne à son école secondaire, frappée en 1999 par une vague de suicides

Seize ans après avoir quitté son Acadie natale, Samara Grace Chadwick est retournée à Moncton pour tourner son premier long métrage, 1999. Son documentaire ambitieux, intimiste et nuancé aborde la vague de suicides survenue à la fin des années 90 dans son école secondaire, par le biais des souvenirs d’une communauté encore aujourd’hui ébranlée.

« Je ne pouvais pas deviner comment je me sentirais en arrivant à Moncton, mais je savais qu’il fallait que je suive un parcours personnel », explique celle qui, au lieu d’y séjourner pendant les trois semaines estimées, a fini par s’y établir pendant 3 ans et demi. « C’était peut-être un peu naïf de ma part! », ajoute Samara en riant, avant de raconter que les participants de son film sont rapidement devenus des amis avec qui elle passait tout son temps.

Visionnez 1999 :

1999, Samara Grace Chadwick, offert par l'Office national du film du Canada

Était-il difficile de trouver des personnes prêtes à revenir sur ces épisodes douloureux de leur adolescence?

À Montréal, les gens de Moncton que je connaissais étaient plutôt réticents, mais à Moncton, c’était le contraire : plusieurs venaient vers moi partager leurs histoires. L’attitude de ceux qui sont partis ou restés était complètement différente.

Trajectoires émotives croisées

Loin d’être une enquête objective, le film de Samara affirme d’emblée son point de vue subjectif « Mon documentaire ne correspond pas à ce à quoi les gens s’attendent en général : ce n’est pas une investigation d’un phénomène, on ne cherche pas à décrire, blâmer ou identifier des causes », explique la jeune cinéaste.

Dans 1999, on puise plutôt dans les souvenirs individuels des membres d’une communauté, mais aussi dans leurs photos personnelles, leurs journaux intimes, leurs vidéos amateurs de l’époque. Ces moments où les participants fouillent dans leurs archives et les partagent entre eux ou avec Samara donnent des plans d’une grande puissance émotive. Chacun s’y dévoile, renoue avec son « soi adolescent » et, forcément, avec la tragédie associée à cette période de sa vie.

Ça fait 20 ans que les gens vivent avec cette histoire. Chacun a sa propre version subjective, qui est très vraie… même si elle est peut-être objectivement fausse. Je trouvais intéressant d’observer comment toutes nos histoires individuelles nous ont formés, dans nos vies d’adultes.

Elle estime que malgré la variété des récits recueillis, leurs dénominateurs communs sont l’isolement – car peu d’échanges ont eu lieu sur le sujet – et le besoin presque fondamental d’en parler qui en résulte.

Techniques de montage instinctif

Au lieu de privilégier un montage linéaire, les souvenirs et réactions des ex-élèves de l’école Mathieu-Martin ont été montés selon un principe d’association évoquant le processus de réminiscence.

Pour y parvenir, la cinéaste raconte s’être beaucoup fiée à la réponse de Terra Jean Long, une monteuse avec qui elle a assemblé le film pendant six mois et qui n’a pas été personnellement témoin des événements traités.

« Terra monte avec une intelligence émotionnelle vraiment profonde et j’étais attentive aux scènes où elle riait ou pleurait. Ça voulait dire qu’on touchait à quelque chose d’universel, alors on les gardait. Et il ne s’agissait habituellement pas de moments émotifs évidents : c’étaient au contraire des moments plutôt subtils », se souvient Samara, en expliquant comment le contenu des transcriptions d’entrevues était archivé et lié selon diverses rubriques.

Notre démarche était à la fois ultra instinctive, en suivant nos émotions, et vraiment rigoureuse, en procédant par associations avec une base de données très construite et des codes visuels.

Il en résulte un film qui porte bien entendu sur le suicide et sur le deuil, mais aussi sur l’adolescence, sur l’amour et sur la mémoire. Samara revient avec émotion sur l’avant-première du film, à Moncton, en novembre dernier. « C’est un film si communautaire, et il y a tellement de gens qui y ont participé d’une manière ou d’une autre. Il fallait que je le présente à Moncton en premier. Le moment était énorme pour moi. On a tous vécu ça ensemble. »

Au moment de notre discussion, Samara peaufinait la trame sonore de son documentaire, pour laquelle elle a demandé à des musiciens acadiens de réinterpréter des chansons des années 90. « Le résultat est incroyable et on a tous braillé en écoutant ça. Comme c’est un film sur les années 1990, il faut aussi faire paraître une bande sonore, pas le choix! »

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