Anne Hébert, 1916-2000 : écrire pour le cinéma
Née en 1916 à Sainte-Catherine-de-Fossambault , aujourd’hui appelée Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Anne Hébert aurait cent ans cette année. Romancière, poétesse et dramaturge, elle a publié des recueils de poésie, des romans, des contes, des nouvelles et des pièces de théâtre. Son œuvre, mondialement reconnue, traduite dans plusieurs langues et nombre de fois récompensée fait d’elle une figure majeure de notre littérature.
Tout comme la peintre Marcelle Ferron, la comédienne Luce Guilbeault, l’écrivaine et conférencière Simonne Monet-Chartrand et la syndicaliste acadienne Mathilda Blanchard – des femmes qui ont marqué notre histoire et à qui nous rendons hommage sur onf.ca dans le cadre de la Semaine de l’histoire du Canada – Anne Hébert aura certainement eu un impact sur l’histoire de notre pays. Le cinéaste Jacques Godbout lui a d’ailleurs consacré un film en 2000, Anne Hébert, 1916-2000, où il revient sur la vie et l’œuvre de l’auteure des Fous de Bassan.
Anne Hébert, 1916-2000, Jacques Godbout, offert par l’Office national du film du Canada
Si le film de Godbout s’attarde, avec raison, sur l’œuvre romanesque et poétique de l’écrivaine, il passe sous silence une étape de sa carrière, sans doute moins connue du public, qui fait partie de ses années d’apprentissage, celle où elle fut scénariste à l’Office national du film au début des années 1950. Le succès critique de son recueil de nouvelles Le torrent, publié en 1950, et la trentaine de textes radiophoniques écrits entre 1950 et 1952 pour le compte de Radio-Canada lui permettent d’obtenir un poste à l’ONF.
Elle se joint donc à la toute jeune équipe française de l’ONF – qui à l’époque cherche encore à trouver sa place dans un organisme largement dominé par les anglophones – et devient ainsi la première femme francophone scénariste de l’ONF. « On m’a tout de suite traitée comme un écrivain. Ce qui fait que je n’ai malheureusement pas appris les rudiments techniques du métier », expliquera-t-elle plus tard. Elle fait néanmoins la rencontre de plusieurs cinéastes, dont Fernand Dansereau, Michel Brault, et Claude Jutra, qui, une vingtaine d’années plus tard, portera à l’écran son roman Kamouraska.
Elle traduit en français la narration anglaise des films Pêcheurs de Terre-Neuve (1953), Drôle de Micmac (1954) et Les Indes parmi nous (1954), tout en écrivant les commentaires de quatre courts métrages documentaires de la série Silhouettes canadiennes : Le cocher (1953), L’éclusier (1953), Le photographe (1953) et La femme de ménage (1954). Cette série est une adaptation française de Faces of Canada qui propose une galerie de portraits de personnages typiques de la vie canadienne. Elle rédige ensuite la narration de deux autres courts métrages documentaires Midinette (1954) et Le médecin du Nord (1954) de la série En avant Canada.
Le cocher, Raymond Garceau, offert par l’Office national du film du Canada
Elle quitte l’ONF à la fin de l’été 1954, mais son nom continu d’être associé à l’organisme. Fernand Dansereau réalise un court métrage de fiction, La canne à pêche (1959), d’après l’un de ses contes. Louis Portugais tourne un documentaire sur le poète Saint-Denys Garneau (1960), le cousin de l’auteure, d’après le scénario qu’elle a créé.
Saint-Denys Garneau, Louis Portugais, offert par l’Office national du film du Canada
Son passage à l’ONF fut bref, mais l’expérience qu’elle en tirera sera profitable. Au dire même de l’auteure, elle lui servira pour la rédaction de son premier roman Les chambres de bois, paru en 1958 et d’une pièce de théâtre, La mercière assassinée, présentée en quatre épisodes sur les ondes de la télévision de Radio-Canada la même année.