Pour enseigner la Première Guerre mondiale autrement
La bande dessinée interactive Apocalypse 10 destins permet au spectateur de suivre l’histoire de dix protagonistes qui tentent, chacun à sa façon, de se frayer un chemin sur le terrain miné – politique ou physique – de la Première Guerre mondiale. Le récit présente d’abord quatre personnages parmi lesquels on doit choisir. Le spectateur croise ensuite d’autres protagonistes qui ont la possibilité de réorienter l’histoire en la menant sur de nouvelles voies. Apocalypse 10 destins pourrait se révéler fort utile dans le cadre d’un cours d’histoire au secondaire, compte tenu des liens pédagogiques manifestes qu’il établit avec l’histoire du Canada et, de façon plus générale, avec celle du 20e siècle. En somme, j’appuie sans réserve cette production et j’ai d’ores et déjà réfléchi à la façon dont je vais l’intégrer à mes cours.
Une ressource inestimable
En tant que professeur, j’affirme avec enthousiasme que les dix dossiers pédagogiques assortis à Apocalypse 10 destins constitue une ressource inestimable. Parmi les nombreux compléments destinés à l’enseignant, à l’enseignante et aux élèves figurent des cartes, des tableaux et des leçons groupées en diverses catégories qui portent, par exemple, sur les progrès médicaux et chirurgicaux ou sur l’émancipation des femmes. Ces outils donnent la possibilité de fournir en vrac aux élèves un ensemble de renseignements variés et d’activités pour pousser leur investigation.
Littératie numérique
Le récit interactif révolutionne le rapport qu’entretiennent les élèves avec les concepts historiques et littéraires. Les jeunes natifs numériques se sentent en général plus à l’aise avec une tablette à la main que derrière un pupitre, et Apocalypse 10 recourt à un modèle unique pour présenter au spectateur les sources primaires (de fiction) et secondaires (historiques) de ce récit. La production emprunte aux stratégies du jeu vidéo en proposant dans chaque scène des éléments en surbrillance à découvrir : ceux-ci conduisent à des adresses de cartes, de journaux, d’images et d’émissions de radio qui étoffent l’histoire des personnages de fiction. En intégrant des ressources partagées à un mode de prestation unique, Apocalypse 10 destins ajoute à la démarche une fonctionnalité d’apprentissage par investigation. Il appartient à chaque spectateur de choisir le type et la quantité d’information qu’il souhaite approfondir, et à quel moment il le fera. Un « score » s’affiche à la fin de l’histoire de chaque protagoniste et indique le nombre de secrets qu’il reste à découvrir.
Histoire personnalisée
L’un des écueils auxquels je me heurte lorsque j’enseigne l’histoire réside dans la difficulté à conceptualiser les grands chiffres. Par exemple, plus de 400 000 Canadiens ont servi outre-mer pendant la Première Guerre mondiale. Cela représente à l’époque davantage que la population moyenne des villes du Canada, à l’exception d’une dizaine environ. Quelque 60 000 Canadiens ont été tués à la guerre. Voilà à mon avis la réussite d’Apocalypse 10 destins : en mettant l’accent sur des histoires singulières, on invite le spectateur à examiner les faits à une échelle réduite, ce qui l’aide à mieux s’y retrouver. En tant que Canadiens et Canadiennes, nous devrions nous enorgueillir du fait que Louise Masson, une infirmière canadienne-française envoyée en France pour soutenir les troupes, compte parmi les principaux protagonistes de l’histoire. Nous l’accompagnons auprès des soldats touchés par les gaz de combat, sommes témoins de l’épidémie de grippe espagnole et observons les conséquences du Traité de Versailles.
Apprentissage par investigation
Dans l’ensemble, la principale réussite d’Apocalypse 10 destins consiste à offrir aux élèves la possibilité d’explorer à leur façon et au rythme qui leur convient. L’apprentissage par investigation, qui permet à chacun d’établir son propre programme, constitue l’un des moyens les plus efficaces d’assimiler l’information. Parce que les élèves ont le choix, ils éprouvent le sentiment de pouvoir agir sur les situations et ils en arrivent ainsi à affronter la dure réalité de leur propre volonté. Les élèves sont beaucoup plus enclins à communiquer leurs constatations lorsqu’ils participent activement.
Ce billet est rédigé par David Finkelstein. Enseignant agréé par l’Ordre des enseignants et enseignantes de l’Ontario (EAO), il souhaite que ses élèves développent leur pensée critique et leur empathie, deux compétences essentielles. Il met l’accent sur les méthodes d’apprentissage par la pratique et par l’investigation.